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jeudi 20 juin 2024

Les masques de gardien, dans les autres sports





Si vous êtes moindrement intéressé par le soccer (ou fùtbol, comme vous préférez), vous savez que l'Euro 2024 est présentement en cours. Le capitaine de l'équipe de France, Kylian Mbappé a subit une fracture du nez à son dernier match, ce qui a fait en sorte qu'on a pu le voir aujourd'hui à l'entraînement arborant un masque au couleur de la France. Il devrait être en mesure de participer au prochain match face aux Pays-Bas.

Le type de masque qu'il arbore est rendu assez courant au soccer et au basketball. Ils sont souvent transparent, couleur peau ou noir charbon. Mais même avec l'arrivée de ces masques de polycarbonate, certains joueurs ou gérant d'équipement on dû regarder vers d'autres directions.

Le 30 juin 1978, Dave Parker des Pirates de Pittsburgh entra en collision avec le receveur des Mets de New York, John Stearns, ce qui lui fractura la mâchoire et l'os de la pommette. Sur le carreau pendant deux semaines, il revint au jeu le 16 juillet 1978 avec un masque de gardien de but de hockey, peint aux couleurs des Pirates.


Avant d'arriver avec cette solution, Parker essaya justement un masque "style Mbappé" transparent, mais il jugeait que ça distortionnait sa vue, donc il préféra le masque de hockey. après quelques matchs, il transféra vers une grille de casque de football adapté à son casque de frappeur. Il fut le premier joueur à porter une protection faciale dans de l'action de la MLB, à l'exception des receveurs, en plus d'être nommé MVP de la Nationale à la fin de la saison. Il a joué dans les ligues majeures de 1973 à 1991, avec les Pirates, les Reds de Cincinnati, les A's d'Oakland, les Brewers de Milwaukee, les Angels de la Californie et les Blue Jays de Toronto.

Dans la NBA, le 23 janvier 1976, Curtis Perry des Suns de Phoenix revenait d'une blessure qui avait subit 10 matchs plus tôt, alors qu'il subit une fracture au visage. Au lieu de porter le masque "habituel", que Wilt Chamberlain avait porté pour la première fois 11 ans plus tôt, il opta plutôt pour un masque de gardien (qui semble être un Cooper HM6).


Le masque ne le gêna nullement, alors qu'il capta 13 rebonds et inscrira 17 points dans la victoires des Suns 124-115 aux dépends des Rockets de Houston. Perry a joué dans la NBA de 1970 à 1978, avec les Rockets de San Diego / Houston, les Bucks de Milwaukee et les Suns.


dimanche 16 juin 2024

Échanger Jacques Lemaire

 


 


Durant sa carrière de joueur qui dura de 1967 à 1979, Jacques Lemaire a exclusivement joué pour le Canadien de Montréal, remportant 8 coupes Stanley ainsi que 835 points en 853 matchs. Il devint plus tard entraineur du CH et ensuite des Devils où il fut largement crédité (à tort ou à raison) pour avoir inventé «la trappe». Il devint plus tard le premier entraineur du Wild du Minnesota et fit ensuite un bref retour au New Jersey. Après quelques années comme conseiller à Toronto, il est depuis 2018 conseiller de l'état major des Islanders avec son vieil ami Lou Lamoriello.

Mais dans tout ça, saviez-vous que Jacques Lemaire a déjà été échangé? Et pas durant sa carrière de joueur?

Vous pensiez probablement que je parlais de cette fameuse carte O-Pee-Chee 1974-75 où les gars l'ont échappé solide, croyant une rumeur selon laquelle Lemaire avait été échangé aux Sabres de Buffalo pour ensuite le airbrusher dans le style typique d'O-Pee-Chee.

Mais il n'en était rien et Lemaire continua et termina sa carrière de joueur à Montréal. 

Non. «L'échange» dont je parle se produisit beaucoup plus tard, soit en juin 2000. Voici cet échange selon hockeydb:

2000-Jun-12
Rights traded from Montreal Canadiens to Minnesota Wild for round 6 pick in the 2001 draft

Donc, avant leur saison inaugurale, le Wild du Minnesota acquirent les droits sur leur premier entraîneur Jacques Lemaire en retour d'un choix de 6e ronde au repêchage de 2001.

Beaucoup de questions doivent traverser votre esprit... 

D'abord, pourquoi un joueur à la retraite se retrouve à voir ses droits échangés? De plus, Lemaire a entraîné d'abord au New Jersey après Montréal. Ce ne serait pas plutôt les Devils qui auraient dû recevoir une compensation pour voir Lemaire partir au Minnesota?

Et bien d'abord, il n'est pas unique de voir une équipe recevoir une compensation lorsqu'un entraîneur signe avec une autre équipe. C'est arrivé dans le cas de Michel Bergeron, qui fut échangé en tant qu'entraîneur des Nordiques aux Rangers en 1987. C'est aussi possible de voir des joueurs retraités se voir inclure dans un repêchage d'expansion, sujet dont j'ai parlé abondamment l'autre jour...

Donc dans le cas de Lemaire en 2000, ce n'était pas si unique que ça. Cependant pourquoi c'est le Canadien qui reçut un choix et non pas les Devils? 

Et bien un chapitre quelque peu oublié de la carrière de Lemaire fut son bref retour dans l'organisation du Canadien, entre ses séjours d'entraîneur des Devils et du Wild.

En décembre 1998, Jacques Lemaire était toujours à l'emploi des Devils comme consultant, depuis qu'il avait précédemment démissionné de son poste d'entraîneur suite à l'élimination de son équipe en première ronde contre les Sénateurs au printemps précédent. 

Cependant, son grand ami Réjean Houle, ayant besoin de renforts durant cette difficile saison 1998-99, fit appel à Lemaire comme nouveau conseiller. Lemaire accepta l'offre et revint ainsi dans le giron du CH. Comme les Devils ne devaient plus que quelques semaines de salaire à Lemaire, ils ne demandèrent aucune compensation au CH. De plus qu'il ne s'agissait que d'un poste de conseiller et non pas d'entraîneur ou DG.

Le Devoir, 28 décembre 1998

Plusieurs fans et commentateurs sportifs eurent alors espoir de voir Lemaire éventuellement remplacer Houle comme DG. Mais Lemaire assura son ami qu'il n'avait aucune intention de voler son poste, ni de devenir entraîneur, estimant être heureux dans ce rôle de «semi-retraité». Il occupa d'ailleurs la majorité de son temps comme consultant à distance à partir de la Floride... 

Il avait déjà occupé de telles fonctions auprès de Serge Savard suite à son départ comme coach du CH en 1984-85. D'ailleurs, une autre facette de la carrière administrative de Lemaire qu'on ignore probablement fut son titre de directeur des opérations hockey du CH entre 1985 et 1988. Il quitta ensuite l'équipe le temps d'une saison en 1988-89 pour devenir DG des Canadiens Jr. de Verdun dans la LHJMQ. Mais après cette seule saison, il revint avec le CH comme assistant à Serge Savard, fonctions qui furent ensuite doublées du titre de DG des Canadiens de Frederiction dans la ligue américaine, tout ça jusqu'à son départ au New Jersey après la conquête de 1993.

Toutefois, en l'an 2000, lorsque l'occasion se présenta de revenir en action avec l'équipe d'expansion du Wild du Minnesota, Lemaire changea son fusil d'épaule et reprit du service, rejoignant son autre ancien coéquipier Doug Risebrough, DG du Wild. Réjean Houle dut d'ailleurs remanier totalement son organigramme organisationnel lors de cette expansion de 2000 puisque Mario Tremblay, également conseiller avec le CH, suivit Lemaire au Minnesota, tandis que Dave King (anciennement assistant entraîneur et recruteur) devint le premier entraîneur des Blue Jackets.

Comme Lemaire était sous contrat avec le tricolore pour encore une saison, le Wild envoya donc comme compensation ce choix de 6e ronde en 2001. Au sujet de cet «échange», Houle déclara «Ce sont des échanges symboliques parce que nous avons toujours dit que nous n’empêcherions jamais un de nos employés de devenir entraîneur-chef. » 

En fait, le CH avait précédemment obtenu un choix compensatoire en 1998 lorsque Jacques Demers fut employé par le Lightning de Tampa Bay comme nouvel entraîneur, ce qui, contrairement à Jacques Lemaire, n'apparait pas sur sa page hockeydb. Un autre échange le concernant est toutefois inclus, celui de 1983 où les Nordiques l'envoyèrent (comme coach) aux Blues de St.Louis, contre Gord Donnelly et nul autre qu'un autre futur coach, Claude Julien...

Donc pour finir, vous vous demandez probablement ce que le CH obtint au final pour le départ de ces anciens employés?

Eric Himelfarb


Avec le choix de 6e ronde de 2001 aquis du Wild, le CH fit la sélection de l'attaquant Eric Himelfarb au 171e rang. Himelfarb joua dans OHL jusqu'en 2004 et ne fut jamais signé par le club. Il passa dans l'organisation des Red Wings par la suite mais ne se rendit jamais à la LNH. Il joua principalement en Suisse jusqu'à sa retraite en 2022.

En ce qui concerne la sélection obtenue en retour de Jacques Demers, le CH sélectionna alors un certain Craig Murray au 201e rang, un joueur qui ne dépassa jamais les rangs universitaires américains, à l'exception d'un seul match dans la ECHL en 2007-08. Quelques rangs plus tard, avec leur véritable choix de 8e ronde, ils sélectionnèrent Michael Ryder.


Sources:
Canadiens hire Jacques Lemaire as consultant, The Record, 28 décembre 1998
Lemaire revient chez le Canadien, le Devoir, 28 décembre 1998
«Le contrat que j'ai avec le Canadien arrive en plein dans mon plan de vie», La Pressse, 12 janvier 1999
Houle s'intéresse aux services de Carbonneau, le Quotidien, 17 juin 2000
Lemaire, entraineur du Wild, La Voix de l'Est, 20 juin 2000
Houle: «Enseigner aux jeunes est une vocation pour Jacques», La Presse, 20 juin 2000



jeudi 13 juin 2024

La dernière Coupe Avco


C’est il y a maintenant 45 ans que l’Association mondiale de hockey (AMH) a cessé ses activités. Avec ses innovations, ses coups d'éclat, mais aussi ses histoires parfois chaotiques, la ligue a dû peiner pour attirer l’attention et se démarquer de sa rivale mieux établie, la LNH.

Au niveau du titre, bien qu’elle ait donné lieu à du jeu très intéressant, avec des joueurs de qualité, la Coupe Avco n’avait évidemment pas le prestige de la Coupe Stanley. Toutefois, lors de la dernière saison du circuit maudit, il y avait un défi supplémentaire.

La fusion entre la LNH et l’AMH (ou si vous préférez l’absorption des équipes restantes de l’AMH) était dans l’air depuis un moment. Ce ne fut donc pas une totale surprise lorsque la Ligue nationale, deux semaines après avoir voté contre, a finalement voté pour la proposition, le 22 mars 1979. C’est le lendemain que le tout fut confirmé par les quatre équipes restantes de l’AMH (Edmonton, Hartford, Québec et Winnipeg, Birmingham et Cincinnati furent exclus). Par contre, à ce moment, les équipes devaient toujours disputer 13 ou 14 matchs pour compléter leur saison, avant de se lancer en séries. À quel genre de compétition devrait-on s'attendre lorsqu’on sait déjà que tout ça disparaîtra sous peu?

Au niveau des joueurs, les compétiteurs veulent gagner, mais il faut aussi garder en tête qu’il y avait beaucoup d’incertitude. Les règles ″d’expansion″ dures envers les équipes de l’AMH faisaient en sorte qu’il était loin d’être évident qu’elles parviendraient à conserver leurs joueurs. De plus, la disparition de deux équipes impliquait forcément la perte de postes. Les hockeyeurs avaient donc intérêt à ne pas lever le pied et à se faire valoir en vue de l’année suivante.

Au niveau des médias et du public, c’est un peu différent. Si on regarde par exemple pour la ville de Québec, on peut voir en consultant Le Soleil de l’époque qu’une fois la déception passée suite au balayage des Nordiques contre les Jets en demi-finale, l’espace consacré à l’AMH diminue sensiblement. La priorité est plutôt accordée aux modalités de passage des Nordiques à la Ligue nationale, avec les défis organisationnels que ça impliquait. La couverture de la finale de la Coupe Stanley, où les Canadiens avaient la possibilité de gagner un quatrième titre de suite prenait également beaucoup de place. La finale de l’AMH était donc limitée à de petits articles d’agence de presse dans des pages lointaines, les journalistes locaux étant occupés à autre chose.

La finale opposa les champions en titre, Winnipeg, contre Edmonton. À noter par contre que les Oilers (avec leur nouveau joueur, Wayne Gretzky) avaient dominé la saison régulière. Par contre, une fois en finale, si Edmonton a massacré Winnipeg à deux reprises (8-3 et 10-2), les expérimentés Jets ont remporté trois matchs serrés, avant de conclure avec une victoire de 7-3.

C’est le robuste Dave Semenko des Oilers qui a marqué le dernier but de l’histoire de l’AMH, en déjouant Gary "Suitcase" Smith.

Lors des entrevues d’après-match, l’entraîneur des Jets, Tom McVie, était déjà passé à autre chose, en mentionnant ce qu’il rechercherait pour sa future équipe de la LNH. De son côté, le richissime propriétaire des Oilers, Peter Pucklington, était tout de même déçu de la défaite, malgré le fait qu’après de longues et pénibles négociations, il avait finalement obtenu son entrée dans la Ligue nationale. Quant à Dennis Sobchuk, alors avec les Oilers et qui connut son lot de difficulté au cours de sa carrière, il rata le chant du cygne de la ligue, en raison… d’un bête empoisonnement alimentaire.

On statua alors que les Jets, qui avaient remporté trois titres en sept ans, pourraient conserver la Coupe Avco. Par contre, il y en avait trois copies. Les deux autres sont maintenant au Temple de la renommée à Toronto et en Nouvelle-Écosse.

Comme les Jets remportèrent le dernier titre du circuit maudit le 20 mai 1979, il en fut question dans les journaux de l’édition du 21 mai. Par contre, il s’agissait aussi de la journée où les Canadiens avaient la chance de terminer leur série contre les Rangers en finale de la Coupe Stanley (ce qu’ils ont effectivement fait). La dernière Coupe Avco a donc été plutôt éclipsée par la finale de la grande ligue.

Le 22 mai, les Jets ont organisé leur parade. Il s’agissait par contre aussi d’une journée d’élection fédérale, qui avait évidemment aussi beaucoup attiré l’attention pendant cette période.

Suite à la victoire des Conservateurs de Joe Clark sur les Libéraux de Pierre Elliott Trudeau, la question était plutôt de savoir si les fonds promis pour l’agrandissement du Colisée (nécessaire pour le passage à la Ligue nationale) seraient toujours disponibles.

Ils le furent. Les Nordiques passèrent donc à la Ligue nationale. On enterra ainsi discrètement l’AMH, qui fut tout de même brièvement ressuscitée plus tard.

Sources :

″La Nationale dit oui à l’expansion″, PC, Le Soleil, 23 mars 1979, page C1,

″La LNH à Québec l’automne prochain″ de Claude Larochelle, Le Soleil, 24 mars 1979, page A1,

″Les Jets en quête d’un troisième titre″, PC, Le Soleil, 10 mai 1979, page C2,

″Les Jets gagnent la première″, Le Soleil, 12 mai 1979, page C7,

″Champagne for Jets, but beer for Oilers″, CP, May 21 1979, Calgary Herald, page C2,

″Les Jets pourront garder la Coupe Avco″, UPI, Le Soleil, 22 mai 1979, page C7,

″Lamontagne croit que les conservateurs ne bloqueront pas l’agrandissement du Colisée″, PC, Le Soleil, 23 mai 1979, page A2,

″Sport en bref - Hockey″, Le Soleil, 23 mai 1979, page F5,

hhof.com.

mercredi 12 juin 2024

Benny Grant

 


 

Ce texte a d'abord été publié comme texte inédit dans notre livre «Le meilleur de La vie est une puck» en 2022. Ce livre est désormais épuisé mais demeure toujours disponible en format digital (eBook). 


Le 20 février 2022, ­Andrew ­Hammond a pu effectuer un retour dans la ­LNH, après un exil de quatre ans, lorsqu’il fut acquis par les ­Canadiens de ­Montréal. Encore mieux, il a pu s’offrir une première victoire depuis le 9 avril 2016, soit un écart de 2 143 jours. On retrouve sept autres gardiens dans l’histoire de la ­LNH qui ont dû attendre plus longtemps que ­Hammond entre deux victoires. Il y a entre autres ­Michael ­Leighton (2 159 jours), ­Kay ­Whitmore (2 395 jours) et ­Roberto ­Romano (2 579 jours). Ce n’est rien cependant comparativement au meneur de cette liste.

Né à ­Owen ­Sound en ­Ontario le 14 juillet 1908, ­Benjamin ­Cameron Grant put jouer régulièrement à l’aréna d’Owen ­Sound car son père en était le gérant. Il joignit les ­rangs des ­Greys de sa ville natale dans la OHA, lors de la saison ­1924-25, mais dut attendre jusqu’en ­1926-27 pour finalement obtenir le poste de gardien titulaire de l’équipe. 

En 16 parties, il récolta 12 victoires, dont deux par blanchissage, avant de mener les ­Greys jusqu’au championnat de la coupe ­Memorial.


Il rejoignit ensuite les ­Panthers de ­London de la ­Canadian ­Professionnal ­Hockey ­League pour la saison suivante, mais ses droits furent échangés au ­Maple ­Leafs de ­Toronto en janvier 1928, contre une somme d’argent. Cette signature servait en fait à combler une rare absence de ­Lorne ­Chabot, gardien titulaire des ­Leafs. Grant fut d’office pour trois matchs à ­Toronto, ne récoltant qu’une victoire.

À une époque où les équipes de la ­LNH n’employaient qu’un seul gardien, ­Grant ne put vraiment s’établir. Mais ­Conn ­Smythe, propriétaire des ­Maple ­Leafs, ne voulait pas le perdre au profit d’une autre équipe et décida de le garder dans l’organisation pour les entrainements. Sa présence permettait d’avoir un remplaçant compétent lorsque ­Lorne ­Chabot devait s’absenter. Smythe se permettait de le prêter à d’autres équipes au besoin, contre une somme d’argent bien entendu. Ainsi, lors de la saison ­1929-30, ­Grant prit la place devant le filet des ­Americans de ­New ­York en remplacement de ­Roy ­Worters. Il y disputa sept matchs, remportant trois victoires.

Voulant garder son auxiliaire actif, ­Smythe prêta ­Grant aux ­Tigers de ­Boston de la ­Canadian-American ­Hockey ­League en ­1930-31 et aux ­Stars de ­Syracuse la ­IHL lors des deux saisons suivantes.

N’étant maintenant plus la propriété des ­Maple ­Leafs, qui comptaient désormais sur les services de ­Turk ­Broda, il retourna dans la ligue « ­Can-Am », d’abord avec les ­Cubs de ­Boston, ensuite les ­Arrows de ­Philadelphie, les ­Eagles de ­New ­Haven et les ­Indians de ­Springfield. Ces derniers migrèrent dans la ­AHL en 1936, avec ­Grant comme principal gardien. Il resta avec l’équipe jusqu’en 1941, pour ensuite rejoindre les ­Saints de ­Saint ­Paul de l’American ­Hockey ­Association. Il y joua deux saisons et prit sa retraite au printemps 1942, même s’il venait d’être élu sur la première équipe d’étoiles de l’AHA.

Benny Grant, dernier à droite de la 3e rangée, lors de la saison 1929-30 où il joua 7 matchs avec les Maple Leafs.


Un an plus tard, alors qu’il était de retour dans sa ville natale et travaillait pour ­Imperial ­Oil, ­Benny Grant assista comme spectateur au camp d’entraînement des ­Maple ­Leafs qui se déroulait à ­Owen Sound. Lorsque l’entraîneur-chef (et natif d’Owen ­Sound) ­Clarence "Hap" ­Day aperçut ­Grant, il lui offrit de revenir au jeu car les ­Leafs étaient en manque de gardiens compétents, dû à l’enrôlement de Turk ­Broda pour la ­Deuxième ­Guerre ­mondiale.

Grant refusa d’abord, prétextant qu’il avait un bon travail, mais il lui indiqua qu’il allait quand même demander à son patron s’il pouvait avoir congé sans solde pour la saison de hockey. Suite au refus de ce dernier, ­Grant avisa ­Hap ­Day qu’il ne pourrait accepter l’invitation. Mais quelques jours plus tard, Grant fut brusquement transféré aux bureaux de ­Toronto de la compagnie. Une fois sur place, il se fit indiquer que son lieu de travail se trouvait au 50 ­Carlton ­Street, ce qui se trouve à être le ­Maple Leaf Gardens.

L’Imperial ­Oil ­Company appartenait à ­Esso. Ces derniers étaient un commanditaires de la radio qui diffusait les matchs des ­Maple ­Leafs à l’époque. Lorsque les dirigeants apprirent que les ­Leafs avaient besoin de ­Grant, ils firent en sorte de libérer ce dernier.

Grant rejoignit donc ses nouveaux coéquipiers et disputa finalement 20 autres matchs avec les ­Maple ­Leafs. Il en remporta neuf, dont le premier le 30 octobre 1943, soit 3 609 jours (presque 10 ans) depuis sa dernière victoire dans l’uniforme des ­Americans de ­New ­York, eux qui n’existaient même plus à ce moment. Grant fut de nouveau prêté à une autre équipe, les ­Bruins de ­Boston en mars 1944, en l’absence de ­Bert ­Gardiner. Il affronta ses coéquipiers des ­Leafs, contre qui il subit une défaite de ­10-2, dans ce qui fut sa dernière partie en carrière.

Il retourna à ­Owen ­Sound travailler pour l’Imperial ­Oil. Il est décédé le 20 juillet 1991.




samedi 8 juin 2024

En finale avec plein d'équipes


 


Avec sa présence en finale qui commence ce soir avec les Oilers, Corey Perry devient le premier joueur de l'histoire à jouer en finale avec une cinquième équipe en carrière. Il avait auparavant participé au grand tournoi avec le Lightning (2022 dans une cause perdante), le Canadien (2021 dans une cause perdante), les Stars (2020 dans une cause perdante) et bien bien auparavant avec les Ducks (2007 dans une cause gagnante). 

On souhaite donc bonne chance (encore) à notre Corey Perry national et aux Oilers. Mais moi ce qui m'intéresse aujourd'hui est de parler de celui ou ceux que Perry a dépassé avec ses 5 équipes. En fait, ce record particulier, qui sera probablement très difficile à battre, appartenait jusqu'à aujourd'hui à 5 joueurs qui se partageaient le record de 4 équipes pour qui ils ont chacun joué au moins un match en finale de la coupe.

Voici ces 5 joueurs.

Al Arbour

Avant de devenir un coach légendaire avec les Islanders de New York, Al Arbour fut un défenseur (à lunettes) efficace durant plus de 600 matchs dans la LNH.

Il a joué avec 4 équipes dans la LNH et se rendit en finale avec chacune d'entre elles soit avec les Red Wings (1954 et 1956), les Blackhawks (1961), les Maple Leafs (1962 et 1964) et finalement avec les Blues (1968, 1969 et 1970). 

Il n'était toutefois pas toujours un joueur régulier avec ces équipes, ce qui fait qu'il n'a pas participé au parcours en finale des Red Wings en 1955, ni celui des Maple Leafs en 1963, 1964 et 1967. Il évoluait alors soit dans les mineures ou était simplement un joueur réserviste. Il est toutefois bien propriétaire de 4 bagues de la coupe Stanley comme joueur soit en 1954, 1961, 1962 et 1964.

Cependant, je doute grandement de la véracité de sa présence et de sa bague de 1954 puisqu'il n'y a aucun match de répertorié à son nom en séries (ni même comme réserviste) et il n'avait joué que 36 matchs en saison régulière sur une saison de 70 matchs, ce qui ne le qualifiait pas pour avoir son nom gravé sur la coupe, ce qui après vérification est bien le cas car son nom n'y apparait pas. Mais il a peut-être pu recevoir une bague malgré tout. 

Il était toutefois là durant la finale de 1956 perdue contre le Canadien, donc il mérite bel et bien sa place dans ce club des ex-recordmen du 4 finales avec 4 équipes différentes.



Ab McDonald


Une carrière extrêmement similaire à Arbour comme joueur pour Ab McDonald.

Cet attaquant originaire de Winnipeg fut d'abord un produit du Canadien avec qui il participa aux trois dernières conquêtes de la run extraordinaire de 5 coupes consécutives (1956 à 1960) soit celles de 1958, 1959 et 1960. Ses deux premiers matchs dans la LNH furent en fait disputés lors de la finale de 1958 contre Boston. Il débuta ensuite à temps plein avec le CH en 1958-59 et joua 11 matchs en séries mais ne fut qu'un réserviste lors des séries de 1960 pour la dernière des 5 coupes. 

Il fut ensuite échangé à Chicago, juste à temps pour contribuer (en compagnie d'Arbour) à la conquête de 1961. Il retourna également en finale avec eux en 1962 dans une cause perdante contre Toronto (et Al Arbour).

Il joua ensuite à Boston en 1964-65 avant de passer aux Red Wings pour la saison 1965-66 où il put retourner en finale encore une fois, perdant contre le Canadien.

Il joignit ensuite les Penguins lors du repêchage d'expansion de 1967, mais fut échangé aux Blues la saison suivante. C'est là qu'il retrouva de nouveau Al Arbour et qu'il devint le deuxième (après Arbour l'année précédente) à participer à une finale avec un quatrième club différent en 1968-69. Il fut également en poste lors de la finale de 1970.

Il fit alors un retour à Détroit en 1971-72 mais quitta ensuite pour l'AMH où il devint le premier capitaine du club de sa ville natale, les Jets de Winnipeg, où il joua deux dernières saisons comme joueur. Il avait également été le premier capitaine de l'histoire des Penguins en 1967-68. 

Donc au final, ce fut 8 présences en finale (58, 59, 60, 61, 62, 66, 69, 70) pour McDonald et quatre coupes (58, 59, 60 et 61).

Il fut plus tard élu au temple de la renommée du hockey du Manitoba et mourut en 2018 à l'âge de 82 ans.

Paul Coffey

Les lecteurs de longue date de ce blog connaissent ma fascination pour Paul Coffey (surtout le Paul Coffey Hartfordien). 

Et bien que de plaisirs aujourd'hui alors qu'on va replonger dans le sujet... D'ailleurs, Coffey fait un retour en finale cette année comme entraîneur des défenseurs chez les Oilers! On est bien content pour lui.

Mais bien avant de devenir assistant à Edmonton, Coffey était un des meilleurs défenseurs au monde mais aussi un des plus grands voyageurs de l'époque, étant une monnaie d'échange très en vue au sein de divers clubs durant les années 90.

Après 7 ans passés à Edmonton, où il remporta 3 coupes Stanley en 4 présences en finales (83, 84, 85 et 87), Coffey fut échangé aux Penguins suite à une dispute contractuelle au début de la saison 1987-88. Après quelques saisons à continuer de loader les Penguins en talent, Coffey put retourner en finale en 1991 et ainsi remporter une 4e coupe Stanley. Il ne fut cependant pas en poste lors du repeat de 1992, ayant précédemment été échangé de nouveau, cette fois-ci aux Kings de Los Angeles où il retrouva son ami Wayne Gretzky durant la saison 1991-92.

Son séjour à L.A. fut toutefois de courte durée alors qu'il passa aux Red Wings en janvier 1993. Il ne fut donc pas membre des Kings lors de la finale de 1993, ce qui est dommage pour cette liste. Il put toutefois participer à la finale de 1995 avec les Wings, mais dans une cause perdante contre les Devils.

Il fit ensuite partie de l'échange malfamé faisant passer Brendan Shanahan des Whalers aux Red Wings, ce qui fit en sorte que le malheureux Coffey se retrouva à contre-gré à Hartford durant la saison 1996-97. Heureusement pour lui ce fut également de courte durée puisque son purgatoire prit fin rapidement lorsqu'il fut envoyé aux Flyers en décembre 1996, ce qui lui permit de participer une autre fois à la finale, celle de 1997 entre les Flyers et son ancienne équipe, les Red Wings, encore malheureusement pour lui dans une cause perdante.

Il joua ensuite pour les Blackhawks, Hurricanes et Bruins jusqu'à sa retraite en 2001, sans jamais retourner une finale... jusqu'à cette année comme assistant avec les Oilers. 

Go Paul Go!


Martin Gélinas


Un autre ex-Oiler dans ce décompte, cette fois-ci en la personne de Martin Gélinas.

Après avoir remporté la coupe de 1990 à sa saison recrue à Edmonton, Gélinas fut brièvement membre des Nordiques en 1993-94. Cela fut toutefois bref puisque les Bleus le placèrent au ballotage en janvier 1994 et c'est ainsi qu'il aboutit avec les Canucks de Vancouver, juste à temps pour retourner en finale contre les Rangers dans une cause perdante.

Il joua ensuite 3 saisons et demie à Vancouver, étant subséquemment échangé aux Hurricanes durant la saison 1997-98. Il demeura en Caroline jusqu'à la fin de la saison 2001-02, soit après la finale de 2002 perdue contre les Red Wings.

Il signa ensuite à Calgary où il joua deux saisons, dont celle de 2003-04 où il retourna de nouveau en finale contre le Lightning. Ce parcours lui valut d'ailleurs le surnom «The Emilinator» puisqu'il marqua trois buts décisifs durant les séries, chacun d'entre eux éliminant chacune des adversaires des trois premières rondes. On se rappelle également de son fameux but refusé lors du match 6 contre le Lightning qui aurait pu devenir le but gagnant menant les Flames à la coupe...

Il joua ensuite avec les Panthers et les Predators jusqu'à sa retraite en 2008.


Darryl Sydor

Et finalement le dernier des 5 à avoir joué pour quatre équipes différentes en finale fut le défenseur Darryl Sydor.

Originellement un produit des Kings de Los Angeles, Sydor débuta sa carrière en 1991-92 avec les Kings, les accompagnant en finale en 1993 contre le Canadien. Il fut ensuite acquis par les Stars de Dallas en février 1996 et y joua jusqu'en 2003, participant au passage à la finale de 1999 (cause gagnante) et celle de 2000 (cause perdante).

Il fut ensuite échangé aux Blue Jackets à l'été 2003 mais ce séjour à Columbus fut très bref alors qu'il fut acquis par le Lightning en janvier 2004, soit comme une bonne police d'assurance en défense pour la conquête de 2004 du Lightning. 

Il fit ensuite un premier retour à Dallas en 2006-07 avant de signer avec les Penguins pour la saison 2007-08. Il participa donc à la finale avec une 4e équipe en 2008, dans une cause perdante contre les Red Wings. Il ne put toutefois venger cet échec en 2009 avec les Penguins, alors qu'il fut retourné une fois de plus aux Stars, en retour de Philippe Boucher qui lui put enfin remporter une première coupe Stanley.

Sydor prit ensuite sa retraite après la saison 2009-10 qu'il joua avec les Blues.

 

C'était donc le parcours de ces grands voyageurs, et aussi grands «winners». Car pour moi, même perdre en finale est un grand gage de joueur gagnant dans mon livre à moi,  et c'est pourquoi le parcours de Corey Perry et ses prédécesseurs est aussi palpitant.


Pour terminer, voici un petit résumé/classements de ces nombreuses finales et coupes entre ces joueurs discutés.

1. Al Arbour : 8 finales - 3 coupes (+1 débatable en 1954)
2. Ab McDonald : 8 finales - 4 coupes
3. Paul Coffey : 7 finales - 4 coupes
4. Martin Gélinas : 4 finales - 1 coupe
5. Darryl Sydor : 5 finales - 2 coupes

et

Corey Perry: 5 finales (5 équipes) - ? coupe(s) ?



vendredi 7 juin 2024

Gardiens éphémères - Panthers VS Oilers



Nous sommes de nouveau rendus à ce moment de l'année : Finale de la coupe Stanley. Et qui dit finale dit que je traque pour vous les gardiens éphémères des deux organisations présentes. Je recherche donc celui qui a participé au moins de matchs, ou de minutes, dans l'histoire de ces équipes. Les Oilers d'Edmonton essaieront de rapatrier la coupe au Canada (ce serait une première depuis 1993) alors que les Panthers de la Floride sont de retour en finale pour une deuxième saison consécutive.

Pour voir les éditions précédentes, allez feuilleter cette section.  

Pour les Panthers, rien n'a changé depuis l'an passé, alors que Brian Foster est encore le gardien le moins présent dans l'histoire de l'équipe, avec 4 minutes et 52 secondes. Le second sur cette liste est nul autre que Antti Niemi. Ce dernier avait débuté sa carrière dans la LNH en 2008 avec les Blackhawks de Chicago, avec qui il a remporté la coupe Stanley en 2010. Il passa ensuite cinq saisons avec les Sharks de San Jose puis deux avec les Stars de Dallas. Ayant signé un contrat à titre d'agent libre le 1er juillet 2017-18 avec Pittsburgh, Niemi fut catastrophique devant la cage des Penguins, perdant ses trois départs avec une ronflante moyenne de buts alloués de 7.49 (!) et un pourcentage d'efficacité sous la barre des .800 (.797). Il fut alors soumis au ballotage à la fin du mois d'octobre et réclamé par les Panthers. Il ne fit guère mieux, ne participant qu'à 59 minutes réparties sur deux matchs, affichant une moyenne de 5.11 buts alloué, et se retrouvant une fois de plus au ballotage trois semaines après son arrivée en Floride. Les Canadiens de Montréal prirent ensuite le risque de faire son acquisition, et il retrouva ses repères, faisant tout de même bonne figure dans le rôle de second à Carey Price, récoltant une fiche de 7 victoires, contre 9 défaites (dont 4 en prolongation/fusillade), une moyenne de 2.46 et un pourcentage de .929. Il resta une deuxième saison à Montréal avant de retourner dans son pays natal, disputant la dernière saison de sa carrière avec le Jokerit d'Helsinki dans la KHL.



Chez les Oilers, c'est le 28 janvier 2023 qu'ils firent appel à un gardien pour le moins de temps possible. Lors d'un match à domicile contre les Blackhawks de Chicago, ils durent faire appel à Matthew Berlin, gardien de l'Université de l'Alberta, pour combler la perte de Stuart Skinner qui était malade. En tant que gardien d'urgence (EBUG en anglais), Berlin remplaça Jack Campbell pour les dernières 2 minutes 26 secondes du match, une victoire de 7-3 des Oilers. Il ne fit face qu'à un seul lancer. Ayant disputé trois saisons dans la WHL, avec les Chiefs de Spokane, les Thunderbirds de Seattle et le Ice de Kooteney, Berlin fit partie des Golden Bears de l'Université de l'Alberta depuis 4 saisons, répartissant 27 victoires contre 8 défaites .

Je vous souhaite à tous une excellente finale. Et si vous écoutez la radio de BPM Sports, attendez-vous à entendre Big Georges Laracque se faire aller le sifflet en faveur des Oilers !

lundi 3 juin 2024

Al MacNeil


Au milieu des années 1950, les Maple Leafs connurent une période plus difficile, incluant la seule fois où ils terminèrent derniers pendant la période des ″Original Six″, soit en 1957-58. Ceci représenta une opportunité pour Al MacNeil, un défenseur robuste, mais ce ne fut pas suffisant pour qu’il se taille une place en permanence. De 1955-56 à 1959-60, il alterna entre les Americans de Rochester de la Ligue américaine et Toronto, jouant entre aucun et 53 matchs dans la grande ligue.


En juin 1960, MacNeil passa aux gagnants des cinq dernières coupes, les Canadiens, en retour de Stan Smrke. Même si, suite à la retraite de Maurice Richard, les Canadiens étaient dans un changement de cycle, MacNeil ne parvint pas à se faire une place à Montréal et fut assigné aux Canadiens de Hull-Ottawa. En 1961-62, il devint finalement un régulier dans la LNH, mais ce fut sa seule saison avec le Tricolore, puisqu’en mai 1962, il fut échangé à Chicago contre Wayne Hicks.

MacNeil passa quatre saisons avec les Hawks, incluant une présence en finale en 1965, où Chicago poussa Montréal à un septième match, mais que les Canadiens remportèrent.

C’est par le repêchage intra-ligue qu’en juin 1966, il se retrouva avec les Rangers, avant de prendre le chemin de Pittsburgh par l’entremise du repêchage d’expansion de 1967. Ce sera sa dernière saison dans la Ligue nationale.

En juin 1968, les Penguins l’échangèrent aux Canadiens, mais il se retrouva plutôt avec les Apollos de Houston de la CHL comme joueur-entraîneur, avant d’occuper le même poste avec les Voyageurs de Montréal dans la Ligue américaine en 1969-70.

On demanda ensuite à MacNeil de devenir l’adjoint de Claude Ruel derrière le banc des Canadiens. Ce dernier, qui avait remplacé Toe Blake en 1968-69, a connu du succès immédiatement, remportant la Coupe Stanley. L’année suivante fut moins glorieuse, alors que les Canadiens ratèrent les séries pour la première fois depuis 1947-48. C’est à ce moment qu’on demanda à MacNeil devenir son adjoint.

En décembre 1970, les choses n’allaient pas. Ruel évoqua une trop grande pression et on finit par le relever de ses fonctions. On demanda alors à MacNeil de prendre la relève. Originaire du Cap Breton, il devint alors le premier entraîneur-chef de la LNH originaire des Maritimes. Par contre, il devint aussi le premier entraîneur-chef des Canadiens qui ne parlait pas français depuis Dick Irvin, qui avait quitté en 1955. La réaction initiale ne fut pas hostile envers lui, mais on critiqua plutôt le directeur-gérant, Sam Pollock. On lui reprocha d’œuvrer dans le secret et de ne pas être doué pour les relations publiques. On se demanda aussi pourquoi il avait pris tant de temps avant de se rendre compte que Ruel n’avait pas ce qu’il fallait et si ce n’était pas le début d’un déclin du Tricolore.



Au mois de mars, MacNeil eut l’idée de rappeler et d’utiliser un jeune gardien, Ken Dryden, plutôt que ses gardiens réguliers, Rogatien Vachon et Philippe Myre. L’expérience fut concluante, alors que Dryden remporta ses six matchs et afficha une moyenne de 1,65.

Lorsqu’arrivèrent les séries, Montréal devait affronter la meilleure équipe de la saison régulière et les vainqueurs de la coupe de l’année précédente, les Bruins de Bobby Orr. MacNeil laissa planer le suspense quant à son choix de gardien, mais opta finalement pour Dryden, qui en bout de ligne joua chaque minute des séries.

Après une remontée miraculeuse lors du deuxième match, Montréal sema un doute dans la tête des Bruins, avant de causer une grande surprise, éliminant Boston lors du septième et ultime match.

Le deuxième tour aurait dû être plus facile, mais les North Stars poussèrent tout de même les Canadiens jusqu’à un sixième match. Le prochain rendez-vous serait donc avec Chicago, en finale.

Les quatre premiers matchs furent remportés par l’équipe à domicile. Lors du cinquième, à Chicago, Henri Richard fut très peu utilisé. Après le match, remporté par les Hawks 2-0, le Pocket Rocket explosa. Il exprima aux journalistes sans aucune retenue son mépris pour MacNeil, qu’il qualifia d’incompétent et de pire instructeur pour lequel il avait joué. Il ajouta qu’il était mélangé et qu’il chambardait tout. On reprocha également à MacNeil de ne pas avoir d’atomes crochus avec les francophones. Richard confia plus tard à Frank Mahovlich, qui lui appréciait MacNeil, qu’il avait simplement pété les plombs. Selon Michel Blanchard de La Presse, Pollock savait qu’il avait fait une erreur en nommant MacNeil et se préparait à la corriger, mais le moment était plutôt incongru. Ceci ne l’empêcha pas de rencontrer Scotty Bowman, qui avait quitté les Blues.

Lors du septième match, Chicago menait 2-1, mais Richard a montré de quel bois il se chauffait. Il marqua deux buts et Montréal l’emporta 3-2. Dryden, étincelant, remporta le trophée Conn Smythe. Ouvertement contesté, MacNeil était néanmoins champion de la Coupe Stanley.

Pollock rebrassa ensuite ses cartes (son expression). Scotty Bowman devint entraîneur et MacNeil retourna dans la Ligue américaine, bague de la Coupe Stanley au doigt.

Le club école, qui était maintenant dans sa province natale, eut du succès avec MacNeil derrière le banc. Dès leur première année, en 1971-72, les Voyageurs de la Nouvelle-Écosse remportèrent la Coupe Calder. MacNeil les mena également au titre en 1975-76 et 1976-77.

Il devint ensuite directeur du personnel à Montréal, puis dépisteur professionnel. Il fit ainsi partie des équipe gagnantes de la Coupe Stanley en 1978 et en 1979.

Comme Scotty Bowman, il n’a pas apprécié que ce soit Irving Grundman qui soit choisi pour succéder à Pollock en 1978. Il devait donner un coup de main à son nouveau patron, mais il se mêla finalement un peu trop du travail de Bowman, qui était déjà de mauvaise humeur.

En 1979, son ancien collègue à Montréal, Cliff Fletcher cherchait un remplaçant à Fred Creighton, congédié comme entraîneur des Flames d’Atlanta. Il préféra finalement MacNeil à Don Cherry, Bob Pulford, Bowman et Roger Neilson. Cherry se retrouva avec les Rockies du Colorado, Bowman avec les Sabres de Buffalo.

MacNeil ne fut qu’un an en Géorgie, puisqu’en 1980, l’équipe déménagea à Calgary. Si une caractéristique des Flames lors de leur période à Atlanta était leurs insuccès en séries malgré de bonnes saisons régulières (2 victoires en 17 matchs sur 8 ans), les choses changèrent à Calgary. À leur première année, ils se rendirent jusqu’au troisième tour, avant de s’incliner contre le Minnesota.

L’année suivante fut un retour à la normale, lorsque les Flames furent balayés au premier tour par les Canucks. MacNeil fut alors remplacé par Bob Johnson, mais il demeura dans l’organisation comme directeur du développement, puis adjoint au directeur-général. C’est dans ces fonctions qu’il remporta une quatrième Coupe Stanley en 1989.

Alors qu’il était conseiller du directeur-gérant Craig Button en 2002-03, il fut nommé entraîneur par intérim pour remplacer Greg Gilbert, jusqu’à la nomination de Darryl Sutter.

MacNeil a pris sa retraite en 2006. Il est membre du Temple de la renommée de la Ligue américaine depuis 2014.

Son petit-fils, Jack Sparkes, a été repêché en sixième ronde par les Kings en 2022.

Duchesne, André, Le Canadien: un siècle de hockey à La Presse, Les Éditions La Presse, 2008, pp.103-104, 118,

Dryden Ken, Scotty, A Hockey Life Like No Other, McClelland & Stewart, 2019, pp.169-170,

″Une première Victoire pour Allister Wences MacNeil″ de Gilles Terroux, 4 décembre 1970, La Presse, page B1,

″Pollock n’a pas joué franc jeu dans l’affaire Ruel…″ de Gilles Terroux, 4 décembre 1970, La Presse, page B1,

″Actualité-Express″ d’André Trudelle, 4 décembre 1970, La Presse, page B1,

″Les problèmes des Canadiens ne sont pas véritablement résolus″ de Jean Aucoin, 4 décembre 1970, Montréal-Matin, page S2,

″MacNeil a la main heureuse en faisant appel à Dryden″ de Gilles Terroux, 15 mars 1971, La Presse, page C1,

″Nous jouerons notre partie – Al MacNeil″ de Jean Aucoin, 7 avril 1971, Montréal-Matin, page 60,

″Hors-jeux de Boston″ de Pierre Gobeil, 8 avril 1971, Montréal-Matin, page 79,

″Le Canadien devra vaincre et les Black Hawks et l’instructeur Al MacNeil″ de Michel Blanchard, 14 mai 1971, page B1,

″Al MacNeil abandonne les Canadiens pour les Flames″, 8 juin 1979, Le Soleil, page C3,

″Bowman a un pied dans la porte, MacNeil l’a franchie″ de Bernard Brisset, 8 juin 1979, La Presse, page B1,

″Gilbert congédié″, PC, 4 décembre 2002, Le Soleil, page S9,

″The quiet hockey giant who just walked away″ de Steve Simmons, February 13, 2021, National Post (pressreader.com),

hockey-reference.com, wikipedia.org.