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samedi 18 août 2018

Joueur oublié des 90's #18 - Oleg Tverdovsky





Né le 18 mai 1976 à Donetsk en Ukraine (alors sous l'emprise de l'union soviétique), le défenseur Oleg Fedorovych Tverdovsky figurait parmi les meilleurs patineurs de sa génération et semblait être en voie de faire partie de l'élite de la LNH à un certain moment.




Située dans le sud de l'Ukraine, Donetsk n'est pas propice à l'apprentissage du hockey alors que les hivers y sont généralement doux. Jouant essentiellement dans la rue, ce n'est qu'à l'âge de 7 ans que Tverdovsky put enfin apprendre à patiner lorsque fut construit un véritable aréna à Donetsk. Il devint le meilleur joueur de son équipe et au fil des années il fut reconnu comme un des plus rapides de tout le système soviétique. En 1991, voyant qu'il n'avait pas vraiment d'avenir à Donetsk après que le système de refroidissement de l'aréna ait brisé de manière permanente, Tverdovsky (alors âgé de 15 ans) décida d'aller jouer à Moscou avec l'équipe junior des Soviet Wings (Krylja Sovetov). Son coup de patin étant nettement supérieur que ses coéquipiers, il ne joua que quelque semaines avec l'équipe junior avant de faire le saut à 16 ans avec l'équipe senior.

Il se fit ensuite remarquer sur la scène internationale, obtenant entre autres 10 points en 5 matchs lors du championnat des moins de 18 ans en 1993. Certains le comparaient même (injustement) au grand Bobby Orr pour ses habiletés à manier le jeu et à faire des montées à l'emporte-pièce. Si cette comparaison était injuste envers Tverdovsky, la plupart des recruteurs de la LNH estimaient qu'il était le meilleur européen disponible au repêchage de 1994 et s'attendaient à le voir sortir au 3e ou 4e rang. Cependant les Mighty Ducks d'Anaheim causèrent une surprise en le sélectionnant au 2e rang après Ed Jovanovski des Panthers de la Floride. Il s'agissait de la première fois de l'histoire du repêchage que les deux premiers choix furent des défenseurs.

La même chose se produisit les deux années suivantes. En 1995 on eut même droit à trois défenseurs pour les trois premiers choix (Bryan Berard, Wade Redden et Aki-Petteri Berg).

Tverdovsky fit donc le saut en Amérique en 1994. Comme la saison fut retardée à cause du lock-out, il joua quelques matchs dans la WHL avec les Wheat Kings de Brandon et joignit les Mighty Ducks à la reprise des activités. Les comparaisons avec Orr lui valurent le surnom de ''Oleg Orr'' ou ''Double O'' par ses nouveaux coéquipiers. Même s'il n'était pas Bobby Orr, il obtint tout de même un raisonnable 12 points en 36 matchs lors de cette première saison professionnelle. Il continua à progresser lors de sa deuxième saison mais les Mighty Ducks semblaient jaloux de leurs cousins d'expansion, les Panthers, qui obtenaient plus de succès. Désirant obtenir une vedette établie pour complémenter leur attaquant vedette Paul Kariya, l'équipe prit la décision de se départir de ses deux plus récents premiers choix. Ils échangèrent Tverdovsky ainsi que Chad Kilger (4e choix au total en 1995) et un choix de 3e ronde aux Jets de Winnipeg en retour de Teemu Selanne, Marc Chouinard et un choix de 4e ronde.

Cet échange secoua la ville de Winnipeg qui était déjà en deuil prématuré de voir son équipe partir à Phoenix après la saison. Tverdovsky pour sa part avait bien d'autres soucis que de devoir quitter Anaheim.

Quelques jours avant la transaction, sa mère fut kidnappée en pleine rue à Donetsk et le père de Tverdovsky reçut une demande de rançon de 200,000$. Lorsqu'il rétorqua qu'il n'avait pas une telle somme d'argent, les kidnappeurs lui dirent de demander à leur fils, bien au courant de la situation financière de ce dernier. Ne voulant pas aggraver les choses auprès des kidnappeurs, Tverdovsky ne fit aucune part de ces événements auprès des dirigeants des Mighty Ducks ni de ses nouveaux patrons à Winnipeg après la transaction.

Courte escale à Winnipeg

Le père de Tverdovsky coopéra avec les kidnappeurs et leur remit l'argent mais il coopéra également avec la police qui retrouva les malfaiteurs peu après. C'est finalement après 11 jours de séquestration qu'Alexandra Tverdovsky fut libérée et réunie avec son mari.

À la tête de ce groupe de cinq kidnappeurs se trouvait un ancien entraineur de Tverdovsky à Moscou. Jaloux du contrat qui fit de Tverdovsky un millionnaire, cet entraineur alors au chômage estimait qu'il était en droit de recevoir une somme d'argent pour son ancien joueur qu'il avait développé. Je n'ai pas réussi à retracer de quel entraineur il s'agit alors que le nom des assaillants ne fut jamais dévoilé. Tout ce que j'ai su est qu'ils encouraient une peine de 7 ans de prison. Ce n'est qu'après ce dénouement que Tverdovsky fit part de tout ça à ses patrons et à la presse.

À travers de tout ça, Tverdovsky ne connut pas de très grands moments dans l'ombre de Selanne et il ne porta que très peu l'uniforme des Jets alors que l'équipe en était à ses derniers miles. Il n'obtint aucun but et seulement 8 passes en 31 matchs à Winnipeg, portant son total pour sa deuxième saison mouvementée à 30 points en 82 matchs.

Ce n'est qu'une fois la franchise déménagée à Phoenix qu'il parvint à éclore pour de bon. Durant la première saison des Coyotes de Phoenix en 1996-97, Tverdovsky obtint 10 buts et 55 points, bon pour le 4e rang chez les Coyotes et également le 4e rang parmi les défenseurs de la LNH. Il participa également au match des étoiles et ce pour la première et seule fois de sa carrière. Son parcours à Phoenix commença à dérailler après cette excellente saison. En dispute contractuelle durant l'été, il fit la grève au début de la saison 1997-98 et joua une dizaine de parties dans la ligue américaine avec les Bulldogs d'Hamilton. Il parvint finalement à s'entendre avec l'équipe à la fin du mois de décembre. Avec un nouvel entraineur en Jim Shoenfeld, Tverdovsky devint plus fiable défensivement mais ses statistiques allèrent en diminuant. Il n'obtint que 19 points en 46 matchs durant cette demie-saison écourtée et seulement 25 points en 82 matchs la saison suivante. De plus, il eut plusieurs chicanes avec les autres vedettes des Coyotes dont le capitaine Keith Tkachuk et surtout avec Jeremy Roenick. Les deux joueurs en sont même venus aux coups à trois reprises durant leur temps ensemble comme coéquipiers. Plus tard, Roenick déclara dans sa biographie que Tverdovsky fut son pire coéquipier en carrière, lui reprochant son manque d'ardeur aux entraînements et qu'il gaspillait son énorme talent.

En plus de Roenick et Tkachuk, Shoenfeld n'était pas non plus son plus grand fan. Il le laissa même de côté lors du 7e match de leur série de première ronde contre les Blues en 1999. Après la saison, les Mighty Ducks cherchaient du renfort en défensive, ayant des problèmes de relance en attaque. Le DG des Ducks Pierre Gauthier, ramena donc Tverdovsky au bercail lors du repêchage de 1999. Il envoya le centre Travis Green ainsi que leur premier choix (15e au total) aux Coyotes en retour de Tverdovsky. Ce dernier était d'abord sous le choc de revenir à Anaheim mais était aussi content de partir de Phoenix. Gauthier déclara que dans un monde idéal il n'aurait jamais échangé Tverdovsky au départ mais l'opportunité d’acquérir Selanne était trop bonne à l'époque. Ce deuxième échange impliquant Tverdovsky fut de nouveau gagnant du côté des Ducks alors que Green n'obtint que des statistiques moyennes et ne joua que deux saisons à Phoenix. Leur premier choix obtenu dans l'échange, Scott Kelman ne se rendit jamais jusqu'à la LNH.

Retour à Anaheim
Après ce retour en Californie, un Tverdovsky plus aguerri et plus mature retrouva sa touche offensive avec un sommet en carrière de 15 buts en 1999-00. Je vous rappelle que c'était en plein milieu de la ''dead puck era'' donc 15 buts et 50 points pour un défenseur en 99-00 ç'était une denrée rare. Il retrouva alors la faveur des partisans d'Anaheim qui avaient commencé à le huer à maintes reprises depuis les séries de 1997 entre les Coyotes et les Ducks lorsque Tverdovsky déclara qu'il détestait son ancienne équipe et qu'il voulait leur botter le cul. Il joua trois bonnes saisons à Anaheim lors de ce deuxième séjour mais commença à régresser lors de la saison 2001-02 où sa production passa de 53 à 32 poins pendant que les Mighty Ducks ratèrent les séries pour une troisième année consécutive.

Durant l'entre-saison, Tverdovsky fit partie d'un autre échange majeur. En compagnie de Jeff Friesen et d'un espoir du nom de Maxim Balmochnykh, il prit la route du New Jersey en retour de l'attaquant Petr Sykora, du défenseur Mike Commodore, du gardien Jean-François Damphousse et de l'espoir Igor Pohanka. Cet échange est intéressant pour plusieurs raisons. Premièrement Friesen était malheureux à Anaheim car comme Tverdovsky quelques années plus tôt, il se devait de jouer dans l'ombre de Selanne alors qu'il fut obtenu en retour de lui par les Sharks en 2001. Deuxièmement, cet échange est considéré comme gagnant-gagnant alors que la majorité des joueurs impliqués eurent un effet bénéfique sur leur équipe respective et rebondirent offensivement. Finalement, cet échange marqua la saison 2002-03 car les deux équipes se retrouvèrent éventuellement en finale de la Coupe Stanley. Au final ce sont les Devils qui gagnèrent l'échange alors qu'ils remportèrent la Coupe et l'apport de Jeff Friesen fut considérable avec 10 buts marqués lors des séries. Trois de ces buts furent des buts gagnants dont celui du 7e match de la finale de conférence contre les Sénateurs. Il marqua également deux buts dans le premier match contre les Ducks en finale, remporté 3-0 par les Devils.

Pour sa part Tverdovsky avait déjà commencé à ralentir offensivement. Il n'obtint que 13 points en 2002-03 et il manqua une trentaine de matchs. Il ne récolta que 3 passes en 15 matchs lors des séries mais toutefois deux de ces passes survinrent lors de la finale. Il n'était alors évidemment pas très haut dans la hiérarchie des défenseurs des Devils étant relégué derrière Scott Niedermayer, Scott Stevens et Brian Rafalski. Il était surtout là comme police d'assurance, jouant surtout avec Ken Daneyko sur la troisième paire. Il faut aussi dire qu'il devait être difficile pour un défenseur offensif de jouer dans un système défensif comme celui des Devils.


Finale de 2003 contre son ancien coéquipier Paul Kariya

Après cette première Coupe Stanley en carrière, il signa avec le club l'Avangard de Omsk en Russie où il joua deux saisons et retrouva quelque peu ses repères offensifs. Au retour des activités de la LNH après le lock-out de 2005, Tverdovsky revint en Amérique et signa un contrat de trois saisons avec les Hurricanes de la Caroline. Il joua 72 matchs en Caroline, récoltant 23 points et en joua seulement 5 en séries, étant souvent laissé de côté pendant la conquête de 2006 des Hurricanes où il était encore plus un passager que lors de sa précédente conquête de 2003 avec les Devils.

2e Coupe Stanley en Caroline

Au début de la saison 2006-07, les Hurricanes étaient incapables de s'entendre avec leur premier choix de 2005, le défenseur Jack Johnson (3e choix au total). Ils l'envoyèrent donc aux Kings de Los Angeles en compagnie de Tverdovsky. En retour, les Hurricanes mirent la main sur Eric Bélanger et le défenseur Tim Gleason. Souvent blessé, Tverdovsky ne joua que 26 matchs à L.A, ses derniers en carrière dans la LNH, et fut rétrogradé dans la ligue américaine pour terminer la saison. Il retourna ensuite jouer en Russie, d'abord pour le Ufa Salavat Yulayev et ensuite pour le Magnitogorsk Metallurg où il joua jusqu'à sa retraite en 2013.

En 713 matchs dans la LNH, il récolta 77 buts et 240 passes pour 317 points et remporta deux Coupes Stanley. Pas exactement Bobby Orr mais pas vilain non plus. Souvent on parle de joueurs qui sont graduellement tombés dans l'oubli et dont le rôle est devenu plus effacé vers la fin de leur carrière. Dans le cas de Tverdovsky on peut dire qu'au moins il remporta deux coupes au passage durant cette pente descendante. Sur une note plus personnelle, il était un de mes joueurs fétiches que je n'hésitais pas à aller chercher dans le temps des jeux NHL circa 1998 à 2002.

Je vous laisse sur un de ses plus beaux buts, marqué en 2002 contre les Red Wings alors qu'il portait l'uniforme auquel il est le plus associé, celui des Mighty Ducks. Exactement le genre de buts de jeux vidéos que je scorais dans le temps...




Sources:
After ducks pass, kings bolster their goal, Los Angeles Times, 29 juin 1994

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