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lundi 13 janvier 2025

Joueur oublié des 90’s #97 : Jeff Lazaro

Quand j’étais au secondaire, mon école avait un petit magasin où on pouvait acheter des barres de chocolat, des jujubes, des chips, mais aussi des cartes de hockey ProSet 1991-1992. Mes camarades et moi collectionnions bien entendu les cartes de Gretzky, Roy, Lemieux et compagnie. Mais je me souviens d’une carte qui nous fascinait à cause d’une coupe de cheveux bien spéciale. Non ce n’était pas la coupe Longueuil de Jagr, mais bien le Z rasé sur le côté de la tête de Jeff Lazaro. Je me suis récemment rappelé de ce détail en jasant avec Pete Peeters de LVEUP et ça m’a donné le goût de produire la biographie de ce joueur obscur qui a marqué mon imaginaire tout comme l’histoire de la première édition de mes Sénateurs d’Ottawa en 1992-1993. Je ne suis pas encore certain si le symbole dans les cheveux est un Z ou un S, mais le lien avec le Z dans LaZaro devrait clore ce grand débat scientifique.


Né au Massachusetts en 1968, le petit Jeff Lazaro (5 pieds 9) ne fut pas repêché dans la LNH après une carrière productive comme défenseur au niveau collégial américain. Il joua quatre années pour l’Université du New Hampshire (95 points en 138 parties) et décolla vraiment à sa dernière saison avec 35 points en 38 parties, dont 16 buts. Comme c’est signalé sur sa célèbre carte Pro-Set, les Bruins de Boston le découvrirent en 1990 lors d’un camp d’essai en Nouvelle-Angleterre. Remarqué pour sa grande vitesse et son excellent échec-avant, ils furent suffisamment impressionnés pour l’inviter  à un vrai camp d’entraînement où il continua d’impressionner, ce qui lui permis de signer comme agent libre.

Lors de son séjour en 1990-1991 dans le club-école des Maine Mariners, il fut converti en ailier gauche et répondit très bien aux attentes (19 points en 26 parties).


Vers la moitié de la saison, il  obtint sa promotion au sein des Bruins de Boston pour remplacer Bob Carpenter  qui s’était blessé. Dans le grand club dirigé par Mike Milbury, Lazaro fut inséré dans une ligne pilotée par Dave Poulin et Dave Christian, en plus de jouer en désavantage numérique en compagnie de Bob Sweeney. En 49 parties, il récolta 5 buts et 13 passes (18 points). Il fut ensuite considéré comme un élément-clé du désavantage numérique des Bruins en séries alors que l’équipe se rendit jusqu’en troisième ronde contre les futurs gagnants de la Coupe Stanley de 1991, les Penguins de Pittsburgh. Parmi les faits saillants de Lazaro en séries, notons qu’il a marqué contre Patrick Roy (défaite de 3-2 en prolongation contre Montréal) et son futur coéquipier des Sénateurs Peter Sidorkiewicz (défaite de 5-2 contre Hartford).

Une carte remplie de nostalgie pour moi

Désormais sous les ordres de Rick Bowness, Lazaro débuta la saison suivante sans grand éclat, si ce n’est sa violente altercation avec le défenseur Vladimir Konstantinov lors d’une bagarre générale qui le laissa presque inconscient sur la glace comme on peut le constater dans cette vidéo du match trouvée sur YouTube. Il avait alors accusé Konstantinov de l’avoir étranglé, mais celui-ci ne semble pas avoir fait l’objet de mesures disciplinaires pour ses agissements. Fait à noter, lors de cette même bagarre générale, le légendaire Bob Probert avait reçu une suspension de 10 matchs pour s’être battu contre Stéphane Quintal.

Lazaro semble exténué après s’être battu contre Vladimir Konstantinov
dans un match fou entre Boston et Détroit

Toujours en 1991-1992, Lazaro fit un séjour dans le club-école (12 points en 21 matchs), se blessa deux fois au genou avec Boston et termina la saison régulière avec une maigre récolte de 9 points en 27 matchs. Il participa aux séries de 1992, mais ne joua que 9 des 12 matchs de son équipe en amassant une seule passe. Comparativement aux séries de 1991, sa contribution fut plus discrète alors que Boston triompha contre Buffalo (4-3) et Montréal (4-0) avant de s’effondrer encore une fois devant les double champions de la Coupe Stanley (Pittsburgh). En bref, ça ne regardait plus trop bien pour Lazaro avec les Big Bad Bruins après la saison 91-92.

C’est donc sans surprise qu’il ne fut pas protégé par Boston lors du repêchage d’expansion de la LNH de 1992. Mes Sénateurs d’Ottawa décidèrent alors d’en faire leur 10e choix comme attaquant. On plaçait de bons espoirs en lui pour sa vitesse et son potentiel offensif. 

Un artiste a été payé pour peindre le portrait de Jeff Lazaro
dans le magazine Bodycheck des Sénateurs d'Ottawa en 1992

Je ne sais pas si cela avait été pris en compte dans ce choix, mais son ancien coach à Boston - Rick Bowness - venait aussi d’être nommé premier entraîneur-chef à Ottawa. Étonnamment, juste avant que la saison 1992-1993 ne commence, l’équipe décida de ne pas le protéger tout comme le vétéran défenseur Brad Marsh qui parvint malgré tout à participer au match des étoiles cette année-là! Personne ne le réclama et Lazaro fut donc somme toute « chanceux » de demeurer avec la première mouture pitoyable des Sénateurs d’Ottawa.

Très déçu que cette carte soit la seule de Jeff Lazaro avec les Sénateurs d'Ottawa.

Par contre, Lazaro avait été opéré à l’épaule pendant l’été 1992. Pour mieux se rétablir, il débuta donc la saison avec le club-école des Sénateurs à New Haven où il fit très bonne figure (25 points en 27 matchs). Il fut rappelé à Ottawa en novembre même s’il n’était pas encore complètement rétabli au niveau de son épaule. Ce rappel s’explique par la fait que  l’infirmerie des Sénateurs débordait déjà à l’époque et qu’il n’y avait pas vraiment de profondeur ou de relève pour ce club naissant.

Lazaro en train d'écraser Tatarinov alors que les Sénateurs
se sont écrasés 6-1 contre les Nordiques.
Lien en prime des auteurs de la photo (Photolaser) avec "Lazer"!

En bout de ligne, Lazaro a très bien démarré sa saison à Ottawa en marquant deux buts au cours de ses trois premiers matchs. Cependant, des blessures l’empêchèrent de faire mieux que 6 buts et 10 points en 26 matchs. Il s’est d’ailleurs blessé gravement lors de la victoire historique de 3-2 contre les Sharks de San José alors que mon joueur fétiche Bob Kudelski compléta le premier tour du chapeau des Sénateurs d’Ottawa modernes. Pour couronner sa malchance, c’était le 100e match en carrière de Lazaro dans la LNH! Peu avant sa blessure contre les Sharks, le journaliste Pierre Jury du journal Le Droit avait attribué la note de C+ à Lazaro à son bulletin de mi-saison tout en l’évaluant comme « Un marchand de vitesse qui a volé le poste du vétéran Doug Smail. Enjoué dans le vestiaire, il livre la marchandise sur le troisième trio. » (Jury, 1993, p. 36).

Par ailleurs, il ne faut surtout pas oublier que ce fut très difficile pour lui de passer d’une équipe dominante (Bruins) à une des équipes les plus faibles de l’histoire de la LNH. C’est d’ailleurs ce qui ressort de son témoignage après un 18e match sans victoire où il avait quand même marqué un superbe but selon le journaliste Marc Brassard : « Je viens tout juste d’arriver, mais c’est évident que les gars sont un peu découragés. […] Il faut essayer d’arriver à l’aréna avec le sourire aux lèvres quand même. » (Brassard, 1992, p. 66).

Dans la seule vidéo disponible sur YouTube où le focus est mis sur Lazaro lors de son séjour à Ottawa, on le voit se faire donner du coude dans face par Petr Svoboda et tomber par terre comme un sac de patates. J’aurais espéré trouver un de ses buts, mais les fans de hockey préfèrent partager les gooneries :

Simonac qu'il se fait ramasser!

Après avoir été remercié par Ottawa à la fin de la saison, Lazaro s’aligna avec l’équipe américaine en 1993-1994. Il retrouva alors sa touche offensive en ramassant 43 points en 43 matchs, dont 18 buts. Il représenta aussi son pays au championnat du monde de hockey masculin de 1993. Les États-Unis finirent 6e au tournoi après avoir perdu 5-2 contre la Suède en quarts de finale. Lazaro termina le tournoi en récoltant 2 buts en 4 matchs.

Intensément américain!

Il eut ensuite l’honneur de participer à titre d’assistant aux Jeux olympiques de 1994 à Lillehammer. Il épaula ainsi le futur entraîneur de la LNH Peter Laviolette qui agissait alors comme capitaine des États-Unis.

Les Américains n’avaient pas une très bonne équipe à l’époque. Ils comptaient principalement sur des joueurs de second plan comme les attaquants Brian Rolston et Todd Marchant et les gardiens Mike Dunham et Garth Snow. Ils offrirent une performance médiocre en ronde de qualification en obtenant une seule victoire en cinq matchs (7-1 contre l’Italie), en plus de donner le seul point obtenu par la France au tournoi dans un match nul fort gênant de 4-4. Ils se firent ensuite pulvériser 6-1 par la Finlande en quarts de finale, terminant ainsi leur aventure olympique en 8e place. Lazaro obtint tout de même deux buts et deux passes en 8 matchs à Lillehammer. On peut d’ailleurs regarder un de ses buts dans ce match perdu 5-2 contre la République tchèque :

Le but de Lazaro est présenté par un commentateur européen francophone! :)

A la suite des olympiques, il revint temporairement dans le giron des Bruins de Boston en s’alignant avec leur club-école de Providence pendant 16 parties (7 points). Il mit ensuite le cap pour l’Europe et fit très bonne figure pour le EC Graz en Autriche, avec 43 points en 43 matchs, bon pour le 10e rang des pointeurs du circuit. Fait obscur à noter, le meneur de la ligue autrichienne en 1994-1995 est un albertain du nom de Jackson Penney qui a brûlé la ligue avec 75 points dont 48 buts en 38 parties. Méritera-t-il un texte sur LVEUP? Ça étonnerait même Jackson Penney!

Jeff Lazaro signa ensuite avec les Lions de Ratingen en Allemagne. Son équipe se plaça en milieu de peloton en 1995-1996 et termina sa course en première ronde des séries. Lazaro connut une très bonne saison avec 71 points en 49 parties, ce qui le classa 7e meilleur pointeur de la ligue allemande. Il fit donc mieux que Mike Bullard (8e avec 70 points), mais moins bien que Sergei Berezin (4e avec 80 points), John Chabot (3e avec 81 points) et Robert Reichel (1er avec 101 points). Oui c’est le festival du name dropping et avouez que vous aimez ça!

Toujours aussi intense, mais avec le numéro 66! 
Le Mario Lemieux allemand! Non pas vraiment...

L’année suivante fut moins reluisante pour les Lions de Ratingen. L’équipe termina alors dernière de la ligue allemande avec seulement 9 victoires en 48 matchs. Lazaro vit sa production chuter de moitié (36 points en 44 matchs), mais il eut tout de même la chance de jouer quelques matchs avec Ken Hodge Jr., un célèbre feu de paille qui s’illustra lui aussi avec les Bruins de Boston. Je sais, je sais, je namedrop à en faire râler les sourds-muets, mais c’est tellement exaltant de faire ça pour un auditoire aussi gigantesque!

Lors de la saison 1997-1998, Lazaro revint en Amérique du Nord par la petite porte du hockey professionnel en joignant une nouvelle franchise de la ECHL en Louisiane: le New Orleans Brass. Le premier logo de l’équipe (trouvé uniquement sur HockeyDB) était très discutable, car il présentait un joueur de hockey qui frappe une rondelle avec un saxophone :

Seule image disponible sur le web de cet horrible logo

Donc quand vous chiâlez contre un chandail de la LNH que vous ne trouvez pas beau, pensez aux fans du Brass avec leur torchon musical. Et savourez du même coup cette hallucinante publicité qui invitait les louisianais à aller voir le Brass en 1997!

Publicité du New Orléans Brass en 1997 : ça donne le goût de regarder le baseball!

Le dernier logo de l’équipe fut beaucoup mieux réussi avec des colliers que les gens se lancent lors du Mardi Gras et le mot Brass entubé dans une trompette. 

Logo du Brass (2000-2002)

Côté performances, l’équipe n’arriva pas à se rendre bien loin en séries pendant son éphémère existence (1997-2002). L’équipe ne connut qu’un seul entraîneur, Ted Sator, un coach qui n’a jamais réussi à conserver un poste plus de deux ans dans la LNH. Je constate cependant que Sator connaissait déjà Lazaro puisqu’il avait été son entraîneur adjoint lors de la première et meilleure saison de Lazaro avec les Bruins de Boston (1990-1991). C’est donc à se demander si ce n’est pas Sator qui l’invita à se joindre au Brass lors de sa création!

Pendant son séjour en Louisiane, Lazaro fit très bonne figure en terminant 5e meilleur pointeur de la ligue en 1997-1998 avec 101 points, dont 37 buts. Lors du match des étoiles de 1998, Lazaro en profita pour établir le record du patineur le plus rapide de l’histoire de la ECHL avec 13,395 secondes (Solar Bears, 2015). Il semble avoir fait le saut très temporairement dans la AHL à la fin de cette même saison, puisqu’il joua en séries pour les Bulldogs de Hamilton (5 points en 8 matchs). 

Rare image de Lazaro jouant avec le Brass (capture d'écran YouTube).

En 1998-1999, Lazaro revint exceller avec le Brass en saison (71 points en 52 matchs) comme en séries (16 points en 11 matchs). La même année, il retourna dans l’AHL avec les Red Wings d’Adirondack (10 points en 16 matchs), mais il perdit son poste après avoir été arrêté par la police pour conduite en état d’ébriété. Il fut alors renvoyé pour de bon dans l’ECHL avec le New Orleans Brass où il devint joueur-entraîneur jusqu’à la fin de sa carrière après la dissolution de l’équipe en 2002. 

Le Brass de New Orleans ne remporta pas de championnat avec Lazaro, mais celui-ci eut comme coéquipiers notables Gordie Dwyer (ancien joueur des Canadiens de Montréal puis longtemps entraîneur dans la LHJMQ), le grand voyageur Kimbi Daniels et le gardien Patrick Charbonneau, un ancien choix de 3e ronde de mes Sénateurs d’Ottawa qui a passé toute sa carrière dans les ligues mineures.

Reportage de 2018 où on voit Lazaro jouer notamment avec le Brass de New Orleans

Le plus ironique dans la carrière de Jeff Lazaro, c’est qu’une bière a récemment été nommée en son honneur par la Hampline Brewing Company, une entreprise basée à Memphis au Tennessee. Il s’agit d’une bière belge épicée et fruitée au nom « francophone » : Le Lazer!

Capture d'écran tirée du site web de la Hampline Brewing Company (janvier 2025).

C’est incroyable de constater qu’une simple image de carte de hockey avec un Z boucle la boucle avec une bière nommée Lazer quelques décennies plus tard! C’est ça la magie du web et surtout de La Vie Est Une Puck! On vous raconte des histoires passionnantes avec les retailles du hockey! :)

Terminons sur une note encore plus positive en soulignant que selon son compte Instagram personnel, Jeff Lazaro serait aujourd’hui un homme marié et père de 6 enfants qui œuvre dans le domaine des assurances. Peut-être qu’un de ses enfants deviendra un petit laser dans le hockey professionnel avec un gros Z dans les cheveux!

Références:

Ballou, B. (1999, 2 novembre). Carolina prospect gets ready for prime time. ESPN. https://www.espn.com/nhl/s/1999/1101/145908.html

Brassard, M. (1992, 19 juin). Bowness s’est dit heureux des joueurs à sa disposition. Le Droit. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4520826 

Brassard, M. (1992, 18 novembre). Enfin le fond du filet. Le Droit. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4520982 

Jury, P. (1992, 19 décembre). La liste des blessés d’allonge: Ce pourrait être encore pire pour les Sénateurs. Le Droit. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4521013 

Jury, P. (1993, 11 janvier). Les Sénateurs à la mi-saison: le temps des bulletins… Le Droit, p. 36. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4523093 

Laflamme, R. (1992, 28 décembre). Déjà 20 victoires en 38 matches: Les années se suivent… sans se ressembler. Le Quotidien, p. 26. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/4224973

Mike. (2024, 13 juin). Tank 7-inspired ‘Le Lazer’ Saison returns to Hampline Brewing. Memphis Beer Blog. https://memphisbeerblog.com/2024/06/13/le-lazer-saison-returns-to-hampline-brewing/

Presse canadienne. (1992, 4 octobre). Liste des joueurs non protégés. Le Soleil, S-4. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2927478 

Solar Bears. (2015, 13 janvier). Solar Bears announce All-Star Skills Competition participants. https://orlandosolarbearshockey.com/news/2015/01/solar-bears-announce-all-star-skills-competition-participants-1597

Wikipedia.

HockeyDB.

Images: Ebay, YouTube, magazine Bodycheck, HockeyDB

mardi 7 janvier 2025

Histoires de coupes: 1994

 




Chaque édition de champions qui se retrouve inscrite annuellement sur le trophée comporte son lot d'histoire et de petits détails fascinants. Il y a bien sûr des joueurs vedettes que l'on reconnait inévitablement, mais moi, ce que je préfère, ce sont évidemment les joueurs no-names ou ceux que je ne me souvenais pas qu'ils avaient joué avec l'équipe ou même qu'ils avaient gagné la coupe. Parfois aussi, ce sont les membres du staff qui me fascinent. 

Donc, au cours du texte, je porte mon choix sur un ou deux joueurs qui détonnent du lot par leur présence.

Chapitres précédent: 1990, 1991, 1992, 1993


Rangers de New York - 1994

Joueurs: Mark Messier (Captain), Eddie Olczyk, Sergei Nemchinov, Craig MacTavish, Mike Hudson, Alexei Kovalev, Adam Graves (A), Esa Tikkanen, Brian Noonan, Greg Gilbert, Mike Hartman, Nick Kypreos, Joe Kocur, Steve Larmer (A), Stéphane Matteau, Glenn Anderson, Brian Leetch (A), Kevin Lowe (A), Doug Lidster, Sergei Zubov, Jeff Beukeboom, Jay Wells, Alexander Karpovtsev, Glenn Healy, Mike Richter

Staff: Neil Smith (President/General Manager/Governor), Robert Gutkowski (Alt. Governor), Stanley Jaffe (Alt. Governor), Kenneth Munoz (Alt. Governor), Larry Pleau (Asst. General Manager), Mike Keenan (Head Coach), Colin Campbell (Associate Coach), Dick Todd (Asst. Coach), Matthew Loughran (Manager of Team Operations), Barry Watkins (Director of Communications), Christer Rockstrom (Scout), Tony Feltrin (Scout), Martin Madden (Scout), Herb Hammond (Scout), Darwin Bennett (Scout), Dave Smith (Medical trainer), Joe Murphy (Equipment trainer), Mike Folga (Equipment Manager), Bruce Lifrieri (Massage Therapist)

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Comme les Canadiens en 1993, les Rangers de 1994 étaient très différents des années précédentes. Le DG Neil Smith avait passé pas mal de temps à peaufiner et à transiger à gauche et à droite afin de finalement se monter une équipe championne. Il avait principalement pigé dans la cour des Oilers d'Edmonton alors que 7 joueurs de 1994 avaient auparavant gagné la coupe à Edmonton. Il s'agissait de Mark Messier, Adam Graves, Esa Tikkanen, Glenn Anderson, Kevin Lowe, Jeff Beukeboom et Craig MacTavish. Plusieurs vont même jusqu'à extrapoler que la coupe de 1994 des Rangers est la 6e coupe de la dynastie des Oilers, ce qui est un peu tiré par les cheveux, mais juste un peu...

En fait, entre l'édition 1992-93 et celle championne de 1993-94, il y avait tous ces ajouts et départs:

Départs: Tony Amonte, Mike Gartner, Darren Turcotte, Doug Weight, James Patrick, Phil Bourque, John Vanbiesbrouck, Jan Erixon, Peter Andersson, Paul Broten, Steven King, Joe Cirella, Randy Gilhen

Ajouts: Stéphane Matteau, Glenn Anderson, Steve Larmer, Craig MacTavish, Brian Noonan, Doug Lidster, Mike Hudson, Greg Gilbert, Nick Kypreos, Glenn Healy

Pour Glenn Anderson, c'était pas d'Edmonton mais plutôt en provenance de Toronto qu'il avait abouti alors que c'est là qu'il jouait depuis 1991. Pour faire son acquisition, les Rangers avaient envoyé Mike Gartner aux Maple Leafs et ce seulement quelques semaines avant la conquête, soit en mars 1994 à la date limite des transactions, ce qui nous fait un peu de peine pour Gartner qui aurait bien mérité une coupe pour sa longue et prolifique carrière.

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Un autre fait notable sur cette édition de 1994 est qu'on retrouve pour la première fois gravés sur la coupe des noms de joueurs nés et formés en Russie avec Alex Kovalev, Sergei Zubov, Alexander Karpotsev et Sergei Nemchinov

Nemchinov, Kovalev et Zubov tenant le chandail de leur ancien coéquipier Alexander Karpotsev, lui qui décéda tragiquement dans l'écrasement d'avion du Lokomotiv Yaroslav en 2011.

Les Canadiens de 1993 sont passés près d'être la première équipe à ce niveau alors qu'il y avait un certain Oleg Petrov dans l'alignement. Cependant, Petrov ne se qualifiait pas pour le nombre de matchs et n'avait pas joué en finale, seulement un match en première ronde.

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Parmi les noms des joueurs gravés, si vous regardez de près la photo vous allez remarquer quelques anomalies. Le première rangée de joueurs est toujours réservée au capitaine et ses assistants. Ensuite, les joueurs devraient normalement être gravés en ordre alphabétique. Mais ici on voit Steve Larmer en premier, ce que je croyais être une erreur, mais non il était lui aussi un des assistants de Messier et est donc logiquement à la suite des autres.

Ensuite, après Sergei Zubov, on retrouve 4 noms de «trainers», soit des entraîneurs sportifs ou thérapeutes. Normalement, ces gens sont gravés avec les autres membres du staff dans le haut. Peut-être que la personne en charge de la gravure avait skippé une ligne et ne pouvait évidemment plus revenir en arrière...


Ensuite, après ces trainers, on retrouve Ed Olczyk et Mike Hartman, deux joueurs. Vous pouvez même voir que le graveur a eu de la misère, particulièrement pour Olczyk... On dirait aussi que les noms s'approchent dangereusement du repli dans le bas de la bande de noms.

En fait, les noms d'Olczyk et Hartman ont simplement été ajoutés plus tard, suite à une demande de l'équipe. Les deux noms avaient été initialement donnés par l'équipe pour être gravés mais ils furent ensuite omis car les deux ne se qualifiaient pas. Olczyk avait subi une grave blessure au pouce durant la saison et n'avait pu jouer que 37 matchs. Quand vint le temps des séries, Olczyk était désormais réserviste et ne joua qu'un seul match, durant la finale de conférence contre les Devils. 

Le même scénario s'était produit pour Mike Hartman, lui qui n'avait joué que 35 matchs en saison et aucun en séries. 

Comme ils avaient quand même accompagné l'équipe durant l'entièreté de la saison et les séries, l'équipe fit pression auprès de la LNH pour les faire ajouter au trophée.

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Il y a donc une bonne quantité de joueurs qui se qualifient comme choix «LVEUP» dans le genre «qu'est-ce qu'il fait là lui?». Celui qui détonnerait normalement le plus serait le défenseur Doug Lidster, lui qui venait lui aussi d'arriver avec les Rangers et qui dut se mesurer à ses anciens coéquipiers de longue date lors de cette finale, alors qu'il avait passé les 10 saisons précédentes à Vancouver. Cependant j'ai déjà écrit un texte sur lui alors je vais aller voir ailleurs.

J'ai donc choisi l'attaquant Greg Gilbert. Cet attaquant de soutien avait joué l'entièreté des 23 matchs en séries pour les Rangers de 1994, amassant 1 but et 3 passes. Avant de signer comme agent libre avec l'équipe à l'été 1993, il avait précédemment joué avec les Blackhawks et avant ça avec les Islanders de 1982 à 1989. Comme joueur recrue avec les Islanders en 1981-82, il avait seulement joué un match en saison et quatre en séries, dont aucun en finale, ce qui le disqualifiait pour avoir son nom gravé sur la coupe.


Cependant en 1982-83, lors de la dernière des quatre conquêtes d'affiliée des Islanders, il joua 45 matchs en saison et 10 en séries, dont un en finale contre les Oilers. Cela lui permit d'avoir une première bague. Avec cette deuxième conquête 11 ans plus tard avec les Rangers, il devint le premier et seul joueur à ce jour à remporter la coupe avec les deux clubs newyorkais de la LNH.

Pour ce qui est du staff, celui qui détonne le plus est Larry Pleau, qui était alors assistant DG à Neil Smith. J'ignorais totalement ce passage à New York pour sa part, lui qui est davantage associé aux Blues (DG de 1997 à 2010) et aux Whalers (DG 1981-83 et coach 1980-82). Il était en fait en poste avec les Rangers depuis 1989 et quittera en 1997 pour St.Louis.

Il y a aussi Martin Madden qui détonne du lot. Longtemps directeur du recrutement des Nordiques de 1980 à 1988 et ensuite directeur général de ces derniers jusqu'en 1990, Madden venait de se retrouver du boulot au bon moment avec les Rangers alors qu'il s'agissait de sa première année avec eux en 1994. Il n'y sera d'ailleurs que durant cette seule saison. Il refit surface en 2000-01 comme recruteur avec le Canadien avant de devenir assistant-dg à André Savard pendant deux saisons.


C'était donc les gravures de 1994. On se revoit en 1995 avec les Devils.

dimanche 5 janvier 2025

Net Worth



Au fil des ans, la CBC a produit plusieurs films et séries reliées au hockey très intéressants (qui sont malheureusement rarement traduits par Radio-Canada). Je me souvenais d’avoir lu le livre ″Net Worth : Exploding the Myths of Pro Hockey″, paru en 1991, dont une section avait inspiré un film présenté par CBC en 1995, que j’avais vu et apprécié, mais qui, à ce que je sache, n’avait pas été rediffusé depuis longtemps.

Lorsque, par hasard, je suis tombé sur le DVD que je pouvais acheter pour quelques dollars, j’ai sauté sur l’occasion. (Je me suis ensuite rendu compte qu’il était disponible sur youtube, mais bon, ce n’est pas très grave…)


L’histoire met principalement l’emphase sur les Red Wings de 1956-57. Après avoir dominé la première moitié des années 1950, Détroit vient de perdre la finale contre Montréal. Le camp d’entraînement débute et le directeur-gérant Jack Adams se montre sans merci. Il insulte ses joueurs, même ses vedettes et dispose sans hésitation de ceux sur la pente descendante, incluant ceux qui avaient accepté de jouer blessés.

À cette époque, les salaires sont tabous et Adams se sert de ceci pour négocier (ou devrait-on dire imposer) des salaires les plus bas possibles. On apprend plus tard qu’Adams est payé en fonction ce qu’il reste du budget une fois les joueurs payés. Il utilise donc toutes les tactiques de manipulation possibles pour obtenir les meilleures aubaines possibles. Gordie Howe est présenté comme un grand naïf qui veut surtout jouer au hockey et qui avale toutes les salades d’Adams. Ce dernier lui laisse choisir son salaire, mais seulement après lui avoir présenté un constat plutôt larmoyant de la situation. Howe se montre donc très ″raisonnable″.

Ted Lindsay se montre toutefois moins crédule et négocie plus serré, bien qu’à ce moment, les joueurs, souvent sans éducation, n’ont pas d’agent et que sa demande de consulter un avocat est considéré comme un outrage par Adams. Alors qu’il pense avoir fait quelques gains, Adams lui retire son titre de capitaine.

Lindsay consulte alors un avocat new yorkais. Celui-ci a eu accès aux livres des équipes américaines par l’entremise d’une commission sur le crime organisé. Les quatre équipes au sud de la frontière sont contrôlées de près ou de loin par la famille Norris. En tant que propriétaire d’arénas, James D. Norris est impliqué dans le monde de la boxe, qui a très mauvaise réputation, a donc de mauvaises fréquentations et se retrouve mêlé à cette commission. L’avocat lui explique donc que les profits sont cachés dans les livres des arénas. Si les propriétaires prétendent à peine faire leurs frais avec leurs équipes et qu’ils le font par pure passion, il en demeure que sur une base globale, ils s’en mettent plein les poches, mais dans d’autres entités.

Lindsay décide donc qu’il serait temps de mettre sur pied une association des joueurs. Même si un syndicat aurait l’avantage de se trouver sous les lois du travail, ce terme a une connotation très négative, et Lindsay préfère une association.

Il profite donc du match des étoiles à Montréal pour établir des contacts avec des adversaires. Il faut dire que comme le repêchage n’existe pas encore, les joueurs sont développés par une équipe depuis leur jeune âge. Les échanges existent, mais ils ne sont pas si nombreux et évidemment la notion d’agent libre n’existe pas. Il en résulte donc un sentiment d’appartenance assez fort envers leur équipe. De plus, comme il n’y a que six équipes, on s’affronte souvent. Par conséquent, les joueurs ne fraternisent pas avec les adversaires. Ajoutons à cela que Lindsay est un joueur robuste, pour ne pas dire salaud et n’est pas le plus populaire parmi ses pairs. Malgré cela, il réussit tout de même à établir des contacts avec des joueurs des autres équipes (entre autres Jim Thomson à Toronto, Doug Harvey à Montréal et Gus Mortson à Chicago).

Des réunions sont tenues et finalement, 119 des 120 joueurs acceptent de former une association, incluant Gordie Howe, bien qu’avec réticence. Même si les demandes du groupe sont plutôt anodines, la réaction de la ligue est virulente.

Lorsque Larry Suharchuk, un personnage fictif, meurt dans l’auto où il habite après avoir été libéré par les Wings sans cérémonie et être tombé dans l’indigence, l’opinion de Lindsay se radicalise et il décide donc que c’est un syndicat qu’il leur faut.

La scène où les gouverneurs expliquent à Lindsay que les statuts de la ligue empêchent les joueurs d’être syndiqués, mais que les mêmes statuts indiquent qu’il est aussi interdit aux joueurs de voir les dits statuts montre toute la condescendance qu’éprouvent les propriétaires envers eux.

Comme vous le savez peut-être, les joueurs finirent par plier en échange de quelques concessions mineures et abandonnèrent Lindsay. Ce dernier fut échangé à Chicago, équipe misérable de cette période, tout comme Jim Thomson.

C’est Aidan Devine qui joue Lindsay. Celui qu’on a aussi vu dans ″De l’amour et des restes humains″ de Denys Arcand et dans ″The Arrow″ a d’ailleurs remporté un prix Gémeau pour son interprétation. Il s’acquitte très bien de sa tâche, mais selon moi, c’est Al Waxman qui se démarque le plus. Son Jack Adams est détestable, manipulateur, vulgaire (il traite les Canadiens de frogs à quelques reprises) en plus d’être au service des propriétaires, même s’il est lui-même un ancien joueur. Parmi ses nombreux rôles, Waxman, aujourd’hui décédé, est surtout connu de ce côté-ci de la frontière pour avoir joué le rôle principal dans le téléroman ″King of Kensington″. On retrouve d’ailleurs une statue à son effigie au Kensington Market, à Toronto. Aux États-Unis, on le connait surtout pour son rôle du lieutenant dans la série policière ″Cagney & Lacey″.

Soulignons aussi la présence de Carl Marotte, notre Pierre Lambert national, qui joue un Marty Pavelich en fin de carrière et assez favorable aux projets de Lindsay.

Dans une entrevue sur le DVD, Lindsay explique qu’Adams, en plus d’être détestable, était un mauvais homme de hockey qui, en l’échangeant avec Glenn Hall pour mater la rébellion tout en obtenant peu en retour, a causé des torts immenses aux Wings. Il faut dire qu’après la Coupe de 1954-55, il leur faudra attendre à 1996-97 avant de la remporter à nouveau, tout en passant par une longue traversée du désert. Ironiquement, Adams a été élu au Temple de la renommée quelques années plus tard, en 1959, et le trophée du meilleur entraîneur, instauré en 1974, porte son nom.

Dans la même entrevue, Lindsay affirme que suite à la sortie du film, sa relation avec Gordie Howe, dépeint comme mou et à la limite collaborateur, s’est détériorée. Quelques années plus tard, en 2013, CBC a produit une très bonne série ayant comme sujet le passage de Howe avec les Aeros de Houston de l’AMH, où il paraît beaucoup plus affirmé.


Bruce Norris, qui est officiellement le propriétaire des Red Wings, est présenté comme un insignifiant, oeuvrant dans l’ombre de son frère Jim (ou James D), le propriétaire des Hawks. Malgré son implication avec la pègre, il est aujourd’hui au Temple de la renommée, tout comme son frère Bruce.

La reconstitution de l’époque est intéressante, tout comme la leçon d’histoire. Évidemment, il s’agit du point de vue de Lindsay, mais si le cœur vous en dit, je vous le recommande.

Sources :

″The mean season – A TV drama revisits the old, cold, NHL″ de James Deacon, November 27, 1995, MacLean’s, page 57.

jeudi 2 janvier 2025

Quiz hardcore LVEUP - Bruins de Boston




C'est l'heure de retourner dans le hardcore avec un autre quiz LVEUP. 

Cette fois-ci on va faire une vieille équipe désormais centenaire, les Bruins de Boston.

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