Au début des années 1920, René Boileau jouait au niveau amateur dans la région de Montréal. L’arrivée d’une première équipe de la LNH à New York, les Americans, créa alors des opportunités pour les joueurs.
Les Americans signèrent donc Boileau pour une somme apparemment minime. Toutefois, dans le but de s’en servir comme coup de publicité et d’attirer l’attention du cirque médiatique new yorkais, l’équipe annonça la signature de « Rainy Drinkwater », originaire de Caughnawaga (aujourd’hui Kahnawake, près de Châteauguay) et premier autochtone de l’histoire de la LNH. Considérant l'histoire de la naissance des Americans
(voir texte du 26 octobre 2012), ce genre d'attrape n'est pas vraiment étonnant.
L’histoire fit couler beaucoup d’encre à l’époque, mais Boileau n’en fit peu de cas, son but était surtout d’avoir sa chance dans la Ligue Nationale. C’est finalement la Gazette de Montréal qui dévoila la supercherie.
Le passage de Boileau au plus haut niveau fut toutefois de courte durée. En sept matchs, il n’amassa aucun point. Il joua ensuite à Niagara Falls et New Haven dans la Ligue Can-Am, puis trois ans avec les Flyers de St.Louis de la American Hockey Association, avant de revenir au Québec et de jouer quelques années au calibre semi-professionnel. Il est décédé en 1969.
Son fils Marc suivit plus tard ses traces. De 1953 à 1972, il roula sa bosse dans le hockey professionnel. Ses arrêts les plus longs furent avec les Blades de Los Angeles et les Totems de Seattle (voir texte du
16 février et du
24 mai 2012) de la WHL, ainsi qu’avec les Komets de Fort Wayne de la IHL. Ce n’est qu’en 1961-62 qu’il parvint à la Ligue Nationale, jouant 54 parties avec les Red Wings et amassant 11 points. Il retourna ensuite dans la WHL. À la fin de sa carrière de joueur, il passa derrière le banc des Komets (à ce moment affiliés aux Penguins de Pittsburgh), qu’il mena d’ailleurs à la Coupe Turner en 1972-73.
En février 1974, il prit la barre des Penguins, en remplacement de Ken Schinkel. En 1974-75, l’équipe connut un certain succès. Pour la première fois de son histoire, elle présenta une fiche supérieure à .500 (37-28-15) et accéda aux séries. Elle eut toutefois la piètre distinction de perdre une série 4 de 7 après avoir mené 3-0. Ce sont finalement les jeunes Islanders qui accédèrent au troisième tour. Ces derniers réalisèrent ainsi un exploit que seulement les Leafs de 1942 avaient déjà réussi. (Les Flyers réussirent le même tour en 2010, contre Boston.) Les Penguins, de leur côté, durent attendre jusqu’en 1991 avant de finalement atteindre une demi-finale. La saison suivante se passa moins bien et Boileau fut congédié en janvier, pour être remplacé par ce même Ken Schinkel.
Au début de la saison 1976-77, il prit la route de Québec pour diriger les Nordiques de l’AMH. À sa première saison à leur barre, en plus d’afficher la deuxième meilleure fiche de la Ligue (47-31-3), il les guida vers leur seul titre de la Coupe Avco. La saison suivante, l’équipe connut une importante léthargie et il fut à nouveau congédié. Maurice Filion termina l’année, avant que Jacques Demers prenne place derrière le banc pour la dernière année du circuit maudit.
Dans une réunion de ligue, Boileau en était venu aux coups avec l’entraîneur des très scientifiques et européens Jets de Winnipeg, Bobby Kromm. Le but de la réunion était de tenter de trouver des moyens… de diminuer la violence.
Boileau dirigea par après à Flint, dans la IHL, de 1978 à 1981. Il reprit ensuite le chemin de Seattle, dans la WHL, de 1983 à 1986. C’est d’ailleurs là qu’il eut sous ses ordres pour une courte période John Kordic. Son arrêt suivant fut de l’autre côté de l’Atlantique, aux Pays-Bas. Il termina finalement sa carrière à Amiens, en France, où il mena les Écureuils de Picardie pour une première fois en finale, en 1989.
Il est décédé en 2000, à l’âge de 68 ans.
Sources : Willes, Ed, “The Rebel League, The Short and Unruly Life of the World Hockey Association”, McClelland & Stewart, 2004,
hockeydb.com, legendsofhockey.net, wikipedia.org.