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vendredi 28 novembre 2025

Mike Foligno


Le père de Mike Foligno est arrivé d’Italie lorsqu’il était enfant pour s’établir avec sa famille à Sudbury. Lorsqu’il est devenu père à son tour, il a initié le jeune Mike au hockey. Toutefois, alors que le fils avait 10 ans, le père est décédé subitement. 

Ce malheureux événement a alors rendu sa famille vulnérable. Sa sœur a donc dû abandonner ses études pour aller travailler et venir en aide à sa mère. À 13 ans, Mike dut aussi se trouver un petit emploi pour contribuer, mais il continua de jouer au hockey. Il en conserva ainsi des valeurs familiales fortes. 

En 1975, il se joignit à l’équipe junior de son coin, les Wolves de Sudbury. À chaque année, son total de buts et son total étaient supérieurs à ceux de l’année précédente. À sa quatrième année, sa fiche était de 65-85-150, ce qui lui permit d’attirer l’attention des dépisteurs. Il fut donc choisi au troisième rang du repêchage de 1979 par les Red Wings, une formation chroniquement mauvaise à cette époque. Il fut devancé par Rob Ramage et Perry Turnbull. Tout juste après avoir entendu son nom, les Capitals choisirent à leur tour Mike Gartner. 

 

Comme les besoins étaient immenses à Détroit, Foligno fit l’équipe immédiatement. Les résultats furent au rendez-vous, puisque ses 36 buts furent le plus haut total de l’équipe, en plus d’être à ce moment un record de sa formation pour une recrue. Ce ne fut toutefois pas suffisant pour sortir les Wings de leur médiocrité, qui terminèrent leur saison avec 63 points. Il termina tout de même deuxième au scrutin pour le Trophée Calder. Par contre, il y avait à ce moment dans la ligue une autre recrue qui s’appelait Raymond Bourque… 

1980-81 fut encore pire avec 56 points et au cours de la saison suivante, la direction voulut asséner un électrochoc. Détroit bâcla alors une énorme transaction en envoyant deux de leurs meilleurs attaquants, Foligno et Dale McCourt, en plus de Brent Peterson à Buffalo. En retour, les Wings firent l’acquisition d’un ancien marqueur de 50 buts, Danny Gare, en plus de Jim Schoenfeld, Robert Sauvé et Derek Smith. 

C’est à ce moment que plusieurs d’entre nous firent plus ample connaissance avec Foligno. En effet, à cette époque, il y avait beaucoup de matchs intra-division, en plus des deux premiers tours des séries. C’est ainsi que les équipes de la division Adams, comme Buffalo, affrontaient souvent les Canadiens et les Nordiques. 

Ailier robuste au talent offensif intéressant, Foligno attirait aussi l’attention de façons bien à lui. D’abord, il était l’un des rares à toujours porter un casque Northland de type dôme, impossible à rater. De plus, lorsqu’il marquait, il avait habitude célébrer de manière enthousiaste en faisant son caractéristique saut de crapaud, le ″Foligno Leap″. 

 

Pendant cette période, les Sabres étaient principalement une équipe de milieu de peloton. S’ils ont causé la surprise en balayant les Canadiens en séries en 1982-83, ce fut l’inverse l’année suivante. Malgré une très bonne saison de 103 points, ils furent balayés par les Nordiques. Lors des années suivantes, s’ils faisaient les séries, ils avaient habituellement ou Boston ou Montréal dans les pattes et ne sortaient pas de leur division. 

D’un point de vue personnel, Foligno maintenait une production de 50-60 points par saison, avec une exception en 1985-86, où il marqua 41 buts et obtint 80 points. Quant à son total de minutes de pénalités, il était habituellement d’au moins 150. 

  

En décembre 1990, après un début de saison ordinaire, il fut échangé aux Leafs après 9 ans à Buffalo. Pour l’acquérir, le prix fut plutôt modeste : Lou Franceschetti et Brian Curran. 

Les blessures ont ensuite ralenti Foligno, mais il put tout de même participer à l’étonnant parcours en séries de 1992-93, alors que les Leafs sont venus à un match de la finale. Ce sont finalement les Kings qui eurent le privilège de baisser pavillon devant les Canadiens. 

Quelques mois plus tard, en novembre 1993, il fut échangé aux nouveaux Panthers de la Floride contre une somme d’argent. Cette transaction lui permit de franchir le seuil des 1000 matchs, lui qui avait atteint celui des 2000 minutes de pénalité à la fin de son passage chez les Leafs. 

Il ne fut toutefois pas resigné par les Panthers à la fin de l’année, ce qui mit fin à sa carrière de joueur. 

Il devint ensuite entraîneur-adjoint avec les Maple Leafs de St.John’s de la Ligue américaine, avant de retourner à Toronto. Il alla ensuite dans l’organisation de l’Avalanche, d’abord comme adjoint dans la LNH avant de devenir entraîneur-chef avec leur filiale, les Bears de Hershey. 

Il retourna ensuite dans sa ville natale, pour prendre les rênes des Wolves de Sudbury de la Ligue de l’Ontario. 

Après 7 ans, il retourna dans la LNH, avec Anaheim puis au New Jersey, encore comme adjoint. 

Voulant par après donner une autre tangente à son engagement dans le monde du hockey, il s’impliqua au sein de l’équipe nationale de parahockey, en devenant entraîneur-adjoint en 2018. 

L’implication de la famille Foligno ne se limite pas à Mike. Son épouse, décédée, en 2009, était la nièce de l’ex-gardien Ed Giacomin. Elle était aussi la mère de Nick et Marcus, qui jouent tous les deux depuis plusieurs années dans la LNH. 

Au début de leur carrière, les deux frères ont rendu hommage à leur père en célébrant des buts avec des sauts de crapaud. 

Sources : 

″Une jeunesse difficile a formé le caractère de Mike Foligno″ de Philippe Cantin, 30 novembre 1985, Le Soleil, page S3, 

″Senators rookie brings back father’s ′Foligno Leap′ in 4-3 win over Canadiens″, Associated Press, October 18, 2007, ESPN (espn.com), 

″L’épouse de Mike Foligno meurt d’un cancer″, La Presse canadienne, 29 juillet 2009, La Presse (lapresse.ca), 

″Des joueurs de la LNH trouvent du bonheur en para hockey″, Comité paralympique canadien, 4 juin 2023 (paralympique.ca), 

nhldraftcentral.com.

samedi 22 novembre 2025

Fern Flaman




 
 
 
 
 
 
On retrouve parmi les élus du Temple de la renommée de nombreuses vedettes offensives. En effet, cette façade du jeu y est favorisée. Oui, on compte des joueurs comme Bob Gainey et Rod Langway, mais parmi les patineurs, remplir le but aide énormément. De plus, comme il s’agit d’un vote, d’avoir un certain capital de sympathie ne peut pas nuire.

En 1990, la surprise fut donc grande lorsqu’il fut annoncé que Bill Barber et Gilbert Perreault feraient leur entrée au Temple avec Fern Flaman, un défenseur défensif qui avait conclu sa carrière dans la LNH trente ans auparavant,
 
                                           . 
 
Originaire de Saskatchewan, Flaman fut recruté par les Bruins pendant la deuxième grande guerre. Comme Boston fut particulièrement affecté par le recrutement de ses joueurs, Flaman eut l’occasion de progresser relativement rapidement avec les Olympics de Boston et eut même l’occasion de jouer son premier match avec les Bruins à 18 ans. Ce n’est toutefois qu’une fois la guerre terminée qu’il se fit une place définitive dans la Ligue nationale. 
 
Il se fit alors une réputation de joueur non seulement robuste, mais avec un style fougueux à la limite de la légalité, quand il ne traversait pas carrément la ligne. Ne reculant devant aucune méthode, incluant des insultes envers les canadiens-français, il se fit des ennemis dans la ligue et laissa de mauvais souvenirs à plusieurs, dont les frères Richard, qui le trouvaient particulièrement sournois. 
 
En novembre 1950, il passa aux Maple Leafs avec Léo Boivin, Phil Maloney et Ken Smith. En retour, les Bruins firent l’acquisition de Bill Ezinicki et Vic Lynn, qui poursuivait ainsi son tour de la ligue. 
 
Cet échange permit à Flaman de passer d’une équipe faible à une beaucoup plus compétitive. Les Bruins parvinrent alors à peine à se qualifier pour les séries, en devançant les Rangers d’un seul point. Par le fait même, Flaman put affronter ses anciens coéquipiers. Les Leafs ne firent toutefois qu’une bouchée de Boston, avant de venir à bout des Canadiens en finale. Bien que cette série ne se soit conclue qu’en 5 matchs, ceux-ci ont tous été décidés en prolongation. 
 
Cette victoire permit à Flaman de remporter sa seule Coupe Stanley. Celle-ci prit ensuite une tournure tragique avec la disparition de Bill Barilko
 
Au sein d’une équipe qui comptait à la ligne bleue Jim Thomson et un jeune Tim Horton, Flaman eut moins de temps de glace. Il fut donc retourné aux Bruins en juillet 1954, eux qui avaient des problèmes à la défense. En retour, Toronto mit la main sur Dave Creighton, un joueur offensif jugé peu robuste. Il ne fit que passer à Toronto, mais il eut finalement plus tard du succès avec les Rangers. 
 
Quant à Flaman, il rapporta son style rugueux et discutable à Boston, où dès son arrivée en 1954-55, il fut le joueur ayant obtenu le plus de minutes de pénalités dans la ligue. Il fut aussi nommé au sein de la deuxième équipe d’étoiles. Dans une période où Doug Harvey et Red Kelly étaient pratiquement des incontournables pour la première équipe, Flaman fut aussi nommé au sein de la deuxième équipe d’étoiles en 1956-57 et 1957-58. Fait à noter, alors que les Bruins n’étaient vraiment pas à ce moment une puissance de la ligue à six équipes, ils causèrent une certaine surprise en atteignant la finale lors de ces deux mêmes années. Ils se buttèrent toutefois aux Canadiens en finale, eux qui étaient au milieu de leur séquence historique de cinq Coupes Stanley consécutives. 
 
Flaman, qui était capitaine de 1955, demeura avec les Bruins jusqu’en 1960-61, avant de devenir joueur-entraîneur-directeur gérant des Reds de Providence de la Ligue américaine. Il fut ensuite entraîneur dans la WHL et la CHL. 
 
En 1970-71, il devint entraîneur des Huskies de l’Université Northeastern, à Boston. Il y sera 19 ans. Si sa fiche globale est négative (256-301-24), il remporta tout de même une troisième place nationale en 1981-82, alors qu’on retrouvait dans son alignement Randy Bucyk, qui a remporté la Coupe Stanley à Montréal en 1986. Il remporta aussi quatre Beanpots, le tournoi qui réunit les équipes universitaires de la région de Boston. 
 
Lorsqu’il fut élu au Temple de la renommée, il avait terminé son passage à Northeastern. Sa carrière de joueur était terminé depuis longtemps et avait laissé de mauvais souvenirs à plusieurs. Il était donc un peu étrange de voir refaire surface le nom d’un joueur qui a, oui, joué plus de 900 matchs, mais qui n’a compté que 34 buts, qui n’a jamais remporté le Trophée Norris, qui n’a jamais été retenu au sein de la première équipe d’étoiles et qui n’a jamais remporté la Coupe avec l’équipe avec laquelle il est principalement associé. Évidemment, on ne peut pas être contre le fait de reconnaître différents aspects du jeu, dont le jeu défensif. Mais peut-être que le temps a fini par adoucir les souvenirs de certains ou que celui-ci a permis une certaine réhabilitation. 
 
D’ailleurs, autant lors de son introduction au Temle qu’à son décès en 2012, on souligna beaucoup l’apport qu’il eut dans la vie des jeunes joueurs qu’il a dirigés à Northeastern. 
 
Étonnamment, il a été élu au Temple de la renommée des sports de la Saskatchewan en 1992, deux ans après sa sélection à celui du hockey, un peu comme si on trouvait étrange qu’un joueur local soit honoré par la grande ligue sans qu’il ne soit honoré dans son coin de pays et qu’il fallait corriger la situation.
 
Au Temple de la renommée, Flaman fut plus tard rejoint par Pat Quinn et Colin Campbell, deux joueurs qui n’étaient pas nécessairement des enfants de chœur, mais qui furent toutefois élus dans la catégorie ″Bâtisseurs″. 
 
Sources : 
 
″Le sport en général″ de Jacques Beauchamp, 21 juillet 1954, Montréal-Matin, page 18, 
 
″Le sport en général″ de Jacques Beauchamp, 3 janvier 1958, Montréal-Matin, page 30, 
 
″Flaman le détestable″ de Maurice Richard, 24 juin 1990, La Presse, page S7, 
 
″Friends remember ex-Bruin Flaman as original tough guy″ de Mark Divver, June 12, 2012, Providence Journal (providencejournal.com), 
 
″Leafs Hall of Famer Flaman passes away″ de Luke Fox, June 23, 2012, Sportsnet (sportsnet.ca),
 
hhof.ca.
 
 

 

vendredi 14 novembre 2025

La Western Professional Hockey League (WPHL), 1996-2001



 

Je continue dans ce puits sans-fonds que sont les ligues mineures-pro nord-américaines. J'ai parlé dans les derniers mois de la CHL, la AAHL, et plusieurs autres. Mais aujourd'hui je me devais de rayer la prochaine de la liste pour mon bien-être mental...

Dans la grande lignée des ligues mineures américaines indépendantes pleines de bonnes intentions et de moyens souvent limités, la Western Professional Hockey League – ou WPHL – fit son apparition en 1996 avec l'idée d'exploiter le boom du hockey professionnel dans des marchés mineurs potentiels dans le Sud et l’Ouest des États-Unis, là où les patinoires servaient plus souvent à des rodéos ou à des concerts country. On y retrouvait principalement des équipes du Texas, de la Louisiane et du Nouveau-Mexique, dans des villes où le sport avait tout à prouver.
 
La saison inaugurale comptait seulement six équipes, aux noms et logos à saveurs épicées : 
  • Les Rattlers d'Amarillo (Texas) - Première équipe de l'endroit depuis les années 70
  • Les Ice Bats d'Austin (Texas) 
  • Les Buzzards d'El Paso (Texas)
  • Le Stampede de Central Texas (Belton, TX)
  • Les Wizards de Waco (Texas)
  • Les Scorpions du Nouveau-Mexique (Albuquerque, NM) - Première équipe pro de l'état depuis les fameux Six Guns d'Albuquerque
Bien qu'on ne retrouvait aucune affiliation avec des clubs de la LNH, on retrouvait dans la WPHL quelques vieux routiers et anciens joueurs de la LNH probablement acquis à gros prix. On retrouvait par exemple le gardien Daniel Berthiaume avec l'équipe de Central Texas. Il remporta d'ailleurs le trophée du meilleur gardien en 1996-97, sa seule saison dans ce circuit, avant de quitter pour la ECHL. Berthiaume avait d'ailleurs comme coéquipier l'ancien des Nordiques Herb Raglan.  
 
Continuons avec une petite galerie de photos: 
 




Daniel Berthiaume au match des étoiles de la WPHL de 1997


 
 
Dave Morissette a même joué un gros 5 matchs avec les Ice Bats d'Austin, qui menèrent la ligue avec une moyenne impressionnante de 6,200 spectateurs par matchs. Les Ice Bats étaient la propriété de l'ancien marqueur de 50 buts avec les Whalers, Blaine Stoughton, qui agissait également comme entraîneur.
 
Un ancien du Titan de Laval, Sylvain Naud, remporta le championnat des marqueurs avec 47 buts, suivi de Kurt Wickenheiser, frère de Doug et cousin de Hailey. Les Buzzards d'El Paso remportèrent le premier championnat de la WPHL au printemps 1997, la President's Cup.
 
L’année suivante, la ligue s’emballa en doublant de taille. De nouvelles équipes comme Shreveport, Lake Charles, Corpus Christi et Fort Worth amenèrent le compte à 13 équipes.
 
En 1998-99, ce fut le sommet de sa courte histoire avec un total de 19 équipes. En incluant tous les autres clubs situés au Texas et avoisinants dans la LNH, AHL, CHL, la carte du hockey professionnel en 1998-99 ressemblait à ceci dans la région centre-sud des USA :


Une nouvelle équipe, les Ice Pirates de Lake Charles en Louisiane, embauchèrent l'ancien marqueur de 60 buts dans la LNH, le glorieux Dennis Maruk comme entraîneur lors de leur saison inaugurale en 1997-98. Il ne dura qu'une demi-saison mais y resta pour s'occuper d'une boutique d'antiquités. La saison suivante, les Ice Pirates étaient en manque d'effectif et le nouvel entraîneur de l'équipe fit appel à Maruk, maintenant âgé de 43 ans, pour venir d'abord pratiquer avec l'équipe. Il fut ensuite convaincu de signer un contrat de 5 matchs. Il y joua finalement 6 matchs et 3 autres en séries, récoltant 2 passes. Il se fit initialement ridiculiser par ses plus jeunes adversaires, suite à quoi il leur répondait «Tu sais où tu joues? Dans la WPHL. Moi j'ai marqué 300 buts dans la LNH». Ces moqueries cessèrent assez rapidement par la suite. 
 
On continua donc de revoir quelques vieux noms se faufiler dans la WPHL. L'ancien dur à cuire Alan May termina sa carrière en 1998-99 avec les Aviators d'Abilene. Plusieurs autres durs à cuire y trouvèrent également refuge comme l'ancien des Nordiques Darin Kimble, Craig Coxe, Brian Curran et nul autre que Kevin Evans, anciennement des Sharks et recordman de tous les temps pour le plus de minutes de pénalité en une saison au hockey professionnel.  
 
On y vit également quelques gardiens familiers comme John Blue, Matt DelGuidice, Patrick Labrecque et André Racicot au fil des années. Et celui qui fut échangé en retour de Markus Naslund par les Penguins, Alex Stojanov, termina sa carrière avec les Scorpions du Nouveau-Mexique... 
 
Donc en trois ans, la WPHL passa de 6 à 19 clubs. C’était devenu une véritable ruée vers l’or du hockey du Sud, un Far West où tout le monde voulait sa franchise. 
 
Les Mudbugs de Shreveport, avec leur logo d’écrevisse survoltée et leur aréna souvent rempli à craquer, devinrent rapidement le joyau de la WPHL. Leurs matchs attiraient plus de 5 000 spectateurs en moyenne : une prouesse dans cette partie du pays. 
 
Le calibre de jeu de la WPHL était honnête, oscillant entre le bon semi-pro et le bas de la ECHL. Le spectacle se jouait autant sur la glace que dans les gradins avec des mascottes délirantes, un public bruyant et de la musique rock à plein volume. 

Les Mudbugs remportèrent trois championnats d'affilée, soit de 1999 à 2001.

Il y eut également l'étrange présence de deux équipes russes dans le portrait... Lors de la saison 97-98, le Traktor Chelyabinsk participa à 12 matchs du calendrier de la WPHL comme équipe «en tournée». Ils répétèrent l'expérience pendant 8 matchs en 98-99 avec une autre équipe russe, le Elektrostal Kristall




Mais, comme dans toute ligue mineure un peu trop ambitieuse, les fissures commencèrent à se multiplier. Les déplacements à travers les états du Sud coûtaient cher, les autobus tombaient en panne sur les routes poussiéreuses du Texas, les chèques mettaient du temps à se rendre, et certains propriétaires semblaient avoir plus de passion que de liquidités. Plusieurs équipes disparurent du jour au lendemain ; d’autres changeaient de ville ou de nom d’une saison à l’autre. Malgré quelques marchés solides – notamment à Shreveport, El Paso et Corpus Christi – le modèle économique de la WPHL montrait ses limites.

La saison 2000-01 fut la dernière de l'histoire de la ligue. Les Mudbugs de Bossier-Shreveport, version rebaptisée du club original, remportèrent une ultime President’s Cup (et troisième d'affilée) avant que la ligue ne ferme boutique. Au printemps 2001, la WPHL annonça sa fusion avec la Central Hockey League (CHL), qui absorba ses 10 équipes encore viables. La plupart survécurent quelques années, certaines même plus longtemps, et d’autres disparurent dans l’indifférence générale. 
 
Ce fut la fin officielle de cette ligue aussi bruyante qu’éphémère. Constat du paysage changeant en ce début de millénaire, la IHL ferma également les livres la même année, ses clubs survivants graduant dans la AHL. 
 
La WPHL n’aura donc duré que cinq saisons, mais elle a laissé derrière elle une foule d’histoires : des bagarres dignes des années 1970, des gradins partagés entre amateurs de hockey et curieux venus de la NASCAR, des joueurs venus de Finlande ou du Saguenay pour gagner 400 $ par semaine, et surtout une passion bien réelle pour le jeu. 
 
WPHL - 1996-2001

 
 
Les 10 équipes qui survécurent aidèrent le circuit de la CHL à passer au travers des années 2000. Mais au tournant de la décennie suivante, la CHL connut le même sort, perdant des équipes et marchés au profit d'autres ligues pour finalement être absorbée à son tour en 2013, cette fois-ci par la ECHL. Le plus vieux club de la WPHL encore actif à ce moment était les Brahmas de Fort Worth, qui plièrent bagage en même temps que la fin de la CHL, n'étant pas parmi les équipes absorbées.
 
La majorité des circuits ayant connu le hockey pro de la WPHL se sont depuis rabattu sur le junior avec la NAHL. En fait, la division «sud» de la NAHL est comprise majoritairement d'anciens marchés de la WPHL. C'est le cas des Mudbugs de Shreveport qui perdurent toujours la tradition en conservant le même nom et logo légendaire. Ils ont continué la tradition d'excellence sous cette nouvelle incarnation, remportant le championnat national en 2018 et 2021.

 
Mudbugs de Shreveport de la NAHL

samedi 8 novembre 2025

La All-American Hockey League - AAHL (2008-2011)


 

Dans mon texte du 14 octobre dernier où je décortiquais en trop de détails les fois où on retrouvait le record du plus de ligues professionnelles nord-américaines (9) en même temps lors des saisons 1995-96 et 2008-09, j'étais tombé, bien malgré moi croyez-le, sur une ligue bâtard qui s'appelait la AAHL, acronyme de la All-American Hockey League... Vous savez, c'est le genre de truc qu'on retrouve en dessous d'une roche et qu'on devrait probablement laisser là, mais que moi il faut que j'aille me faire mordre par...

Alors voici la AAHL... une ligue habilement décrite ici par le Courier & Press d'Evansville: 

Ceux qui ont survécu ont enduré des voyages d’autobus interminables, des pénuries d’équipement et le drame quasi quotidien qui accompagne le fait de jouer dans l’All American Hockey League (AAHL), où la seule constante, pour cette ligue de classe A, demeure son instabilité.

Match entre Evansville et Chicago


Comme toute bonne ligue mineure du fin fond des tiroirs du hockey minor-pro nord-américain, la AAHL naquit des cendres d'autres ligues encore plus creuses.  

La première ancêtre directe fut la encore plus éphémère Mid-Atlantic Hockey League (MAHL) qui n'avait opéré que durant la saison 2007-08 comme circuit mineur pro de bas niveau conçu pour aider les anciens joueurs juniors et universitaires à acquérir de l’expérience professionnelle, à se faire remarquer et à gravir les échelons vers des ligues de niveau supérieur. Elle n'avait que 5 équipes, établies en Pennsylvanie, Ohio et dans le nord de l'état de New York. 

Après seulement une saison de seulement 30 matchs après quoi où 4 des 5 équipes avaient été soit dissoutes ou déménagées, la MAHL ferma rapidement les livres, malgré la venue de quelques clubs d'expansion qui auraient joué lors de sa deuxième saison. Deux de ces clubs proposés quittèrent le bateau peu flottant de la MAHL en quête de plus verts pâturages. Analogie de bateau et de ferme. Ça marche pas tant... comme ces ligues.

Au même moment, il y avait une autre ligue proposée du nom de la Midwest Hockey League. Je vous jure que j'en ai jamais entendu parler et j'ai creusé profond durant ma carrière...  La MWHL était supposée débuter ses activités lors de la saison 2008-09. Mais voyant que la ligue ne décollerait pas à temps, trois clubs fondateurs joignirent les clubs de la MAHL de Battle Creek et South Shore pour fonder la All-American Hockey Association et finalement débuter cette saison 2008-09. 

Oui la ligue n'avait pas encore le nom AAHL à ce moment. Un peu comme la LNH en 1917, elle passa de «Association» à «League» lors de sa deuxième saison. 

Elle comprenait seulement 4 clubs lors de sa saison ingurale:

  • Les Shooters de Chi-Town
    (Dyer, Indiana) - originalement issus de la MAHL comme équipe d'expansion proposée sous le nom des South Shore Shooters.
  • Le Revolution de Battle Creek (Michigan) - également orpheline de la MAHL, elle ne fit que changer de nom et de ville en 2008-09. Elle avait joué en 07-08 sous le nom du Freedom de Valley Forge (Oaks, Pennsylvanie), l'équipe déménagea à Battle Creek lors de la fondation de la AAHL (ou AAHA). Le logo fut simplement adapté, j'imagine pour sauver de la merch. Le Revolution est la seule équipe qui avait réellement joué des matchs en 2007-08. Mais j'ignore si les joueurs ont suivi... hmmm on y retrouve une vaste quantité d'ancien joueurs ECHL ou autres niveaux adjacents comme la Central Hockey League CHL ou autre WPHL.

    Voici le switch de logo (et de ligue) de 2007-08 à 08-09:

  • Les Icemen d'Evansville (Indiana) - seule équipe notable à avoir débuté ses activités dans cette ligue, les Icemen se démarquèrent principalement lorsque la gardienne Kira Hurley, anciennement de l'Université Clarkson, obtint une passe sur un but des Icemen, devenant ainsi la première femme à obtenir un point au hockey professionnel nord-américain masculin. Ce match avait également été remporté par une marque record de 24-4 contre l'équipe suivante...

    Les Icemen seront les grands gagnants de cette expérience que fut la AAHL. La franchise quitta le bateau après le deuxième saison de la ligue, rejoignant la CHL, ligue qui deviendra bientôt absorbée par la ECHL où le club évolua jusqu'en 2016 avant de déménager à Jacksonville en Floride.
  • Les Dragons de Détroit (Fraser, Michigan) - Originalement une équipe proposée sous le nom des Gamblers de Motor City pour la Midwest Hockey League (vue plus tôt), les Dragons ne parvinrent qu'à jouer 30 des 42 matchs de la première saison de la AAHA avant de devoir fermer boutique. L'équipe déménagea alors d'urgence à Chicago et termina les 12 matchs suivants et clore la saison sous le nom du Blaze de Chicago. Comme à «Détroit», le Chicago était géographique de nom mais la franchise était dorénavant située à Rolling Meadows, en banlieue du nord de Chicago.

    C'est contre eux (version Chicago) que Hurley et les Icemen gagnèrent le record de 24-4 le 14 février 2009. Le chandail et le bâton de Hurley sont depuis exposés au temple de la renommée à Toronto.


OMG c'est sur Youtube... Juste la fin cependant avec les 3 étoiles:

Les joueurs étoiles du matchs #2 et 3 (dont je distingue pas bien les noms) ont eu chacun une fiche de 6 buts et 7 passes... 


Ce furent finalement les Shooters de Chi-Town qui remportèrent le premier championnat de la AAHA en 2009, la Champions Cup, ensuite renommée la Davidson Cup en l’honneur de Rod Davidson, une figure clé de la ligue, y ayant œuvré comme entraîneur, dirigeant, puis finalement comme commissaire.

 

Bon. Jusqu'à ce point de l'histoire, vous vous dites sûrement que ça a pas de bon sens cette ligue. Pas mal plus une ligue de garage qu'une véritable ligue «mineure pro» ou semi-pro. Cependant, certaines de ses équipes parvinrent à signer des affiliations avec des clubs de la ECHL, CHL et IHL, faisant alors définitivement partie de l'échiquier. Mais aucun joueur de la AAHL n'a joué dans la LNH et selon mes quelques feuilletages de stats.... je crois que même très peu ont pu atteindre la AHL. 

Le seul joueur «notable» que j'ai pu retracer sur le fut un choix de 1989 des Devils, Jason Simon, qui a joué 4 matchs dans la LNH dans les années 90 et vagabonda ensuite dans toutes les ligues possible (possible candidat dans la série des Grands Voyageurs). 2008-09 était sa dernière saison pro.


 Je crois avoir trouvé un vidéo de la finale ici:

 

La AAHA se renomma sous le nom AAHL pour sa deuxième saison en 2009-10. Durant l'entre-saison, il y avait toujours la possible création de la Midwest Hockey League discutée auparavant. On mit toutefois définitivement la hache dans le projet et le seul club proposé survivant, les Ice Muskies de Madison (Wisconsin) joignirent les rangs de la AAHL qui comprenait alors 6 clubs avec en plus le retour d'une équipe à Détroit (ou plutôt le retour de la banlieue de Fraser, Michigan) les Hitmen de Détroit. La AAHL absorba alors officiellement ce qui restait de la MWHL, incluant du personnel de bureau.

Belles couleurs «Hartfordiennes» pour les Ice Muskies de Madison

Cette relative «continuité et expansion» ne fut toutefois que bien temporaire et le véritable «shitshow» commença en 2009-10. La deuxième équipe de Détroit ne fonctionna pas davantage que la première en 08-09. Elle déménagea après 14 matchs à Muskegon et fut rebaptisée les West Michigan Blizzard. Le Blaze de Chicago ne fit guère mieux à sa deuxième saison, cessant définitivement ses opérations après 14 matchs également. Les Ice Muskies ne durèrent que quelques semaines de plus, fermant boutique après 30 matchs. La deuxième saison de la AAHL se termina donc de nouveau avec seulement 4 clubs.

Les Icemen d'Evansville remportèrent la deuxième Davidson Cup.

IceMen d'Evansville, champions AAHL de 2010, avant leur départ pour la CHL

 

Si c'était quelque peu mélangeant mais pas trop lors des saisons 08-09 et 09-10, et bien la troisième et dernière saison de la AAHL en 2010-2011 fut un véritable cauchemar.

Je vous décortique cela ici:

  • Clubs de retour: Revolution de Battle Creek
  • Clubs en suspension: Shooters de Chi-Town
  • Les Icemen d'Evansville cessèrent leurs opérations suite à la création d'un nouveau club du même nom dans la CHL.
  • Déménagement des Ice Huskies à Wooster en Ohio sous le nom des Korn Kings de Wooster.
  • Déménagement du Blizzard de West Michigan à Dyer en Indiana sous le nom du Blizzard de l'Indiana.
  • Équipes d'expansion: Storm de Queen City (Sharonville, Ohio), Loggers de Lapeer (Michigan), Bruins de Troy (Ohio). 

 Voici encore quelques logos:


Après ce remaniement déjà compliqué, la saison 2010-11 commença et dérapa rapidement.

Le 17 novembre 2010, après seulement 5 matchs, les Korn Kings furent repris en charge par la ligue et cessèrent leurs activités.

Le 29 décembre 2010, on annonça que les Indiana Blizzard mettaient fin à leurs opérations et que les Chi-Town Shooters revenaient pour terminer la saison, reprenant tous les joueurs du Blizzard ainsi que leur fiche actuelle. Malgré le maintien du nom très régional de «Chi-Town», l’équipe était toujours basée à Dyer, en Indiana, plutôt qu’à Chicago. Trop compliqué changer de gear à cet étape...

Le 3 janvier 2011, les Loggers de Lapeer furent à leur tour repris par la ligue après que l'entraîneur Lorne Knauft ait confirmé qu’il avait démissionné de son poste d’entraîneur. La raison : le propriétaire de l’équipe, George Harrison, avait tout simplement quitté le navire sans donner d’explication.

« On dirait que les propriétaires et la ligue n’assument aucune responsabilité financière envers cette organisation... Ils ont des retards de paiement envers à peu près tout le monde impliqué, moi y compris. Je crois même qu’ils n’ont pas d’assurance ou d’indemnisation en cas de blessure d’un joueur. À ce moment-là, j’ai senti que je pouvais être tenu responsable si un joueur se blessait, et j’ai jugé qu’il valait mieux que je quitte mes fonctions. »

Quelques jours après le retrait des Loggers, les Bruins et le Storm cessèrent eux aussi leurs activités. Les joueurs de ces trois équipes furent alors réunis d'urgence sous le nom du Michigan Moose. Le Moose, dirigé par le commissaire de l’AAHL, Rod Davidson, était basé à Battle Creek et jouaient leurs matchs locaux au même amphithéâtre que leurs rivaux du Revolution. En février 2011, les Moose cessèrent à leur tour leurs activités.

Après cet autre remaniement, la ligue annula le reste de sa saison en janvier et passa directement aux séries éliminatoires avec seulement 3 clubs toujours actifs. En mars 2011, le Revolution de Battle Creek, seul club à avoir joué durant les trois saisons d'existence de la AAHL, remporta sa première Coupe Davidson, malheureusement (ou heureusement) la dernière coupe Davidson de l'histoire. 

«Aweille prends-là ta photo qu'on en finisse...»

Le 16 juin 2011, la ligue suspendit ses opérations et officialisa sa dissolution permanente dans les mois suivants.

C'en était donc terminé pour la courte, instable et étrange existence de la AAHL, ligue professionnelle très très mineure dont l'héritage est également très très mineur.

Outre la présence toujours active d'Evansville dans la SPHL, il n'existe que très peu de traces de la AAHL. Et pour rajouter au fiasco, faire des recherches sur la «AAHL» est évidemment difficile, les résultats principaux concernent davantage la traditionnelle «AHL». Google me demande à chaque fois «do you mean AHL

Voici pour conclure les quelques développements subséquents notables dans les marchés concernés:

  • Battle Creek retrouva du hockey au niveau junior A, et ensuite très brièvement dans la FPHL, penchant américain de la LNAH. Aucune équipe active à Battle Creek cette saison.
  • Fraser au Michigan dut attendre en 2022 pour retrouver du hockey professionnel avec les Rockers de Motor City, aussi dans la FPHL.
  • Madison au Wisconsin est davantage une ville de hockey universitaire et junior.
  • Muskegon, ville de longue date des ligues mineures, s'est aussi repliée sur le hockey junior. 

Korn Kings de Wooster

Le site de la AAHL est toujours disponible grâce au merveilleux site web.archive.org. Je vous invite à aller le visiter. On retrouve aussi le compte Twitter des Korn Kings de Wooster

Ouf le logo.... 😬

Donc les IceMen sont le principal héritage de la AAHL. L'équipe migra avec succès dans la CHL, accueillant la franchise dormante des Lumberjacks de Muskegon et déménageant dans un nouvel aréna de 11 000 places. La suite du hockey à Evansville fut toutefois compliquée. Le club ne put conclure une nouvelle entente avec l'aréna local en 2016 et la franchise devint dormante pour finalement déménager à Jacksonville. Un nouveau club, les Thunderbolts, fut toutefois lancé dans la SPHL au même moment et y évolue toujours, gagnant le championnat en 2025.

 

Sources:

https://web.archive.org/web/20080314040404/http://www.mahlhockey.com/
https://marchhockey.com/2014/09/25/sticks-chicks-and-dirty-mitts-todd-mcilrath-and-his-dark-side-of-hockey/
https://www.evansvilleliving.com/on-thick-ice/
https://archive.courierpress.com/news/icemen-put-careers-on-hold-to-pursue-hockey-dreams-ep-446761964-327517271.html/ 
https://thecountypress.mihomepaper.com/articles/aahl-takes-control-of-lapeer-loggers/