Le joueur d'aujourd'hui a été «name-droppé» à plusieurs reprises sur ce blog au fil des années, principalement dû au fait qu'il avait le don de se ramasser dans des équipes poches...
Il fallait donc bien qu'un jour on se penche davantage sur son cas. De plus, il fut rejoint dans son parcours par plusieurs autres personnages cultes des années 70, plus particulièrement d'autres joueurs malchanceux d'être tombé dans cette époque de vaches maigres dans la LNH et le hockey professionnel en général, cette époque «Slapshot» où il y avait trop de joueurs dans trop d'équipes dans trop de ligues et pas assez de moyens...
Ernest Charles Arnason est né le 15 juillet 1951 dans la petite ville de Dauphin au Manitoba, (également la même ville de naissance de Barry Trotz). Après avoir terminé en 1971 en tête de la WHL (alors nommée WCHL) avec une production de 163 points et un record d'époque de 79 buts avec les Bombers de Flin Flon, Arnason fut sélectionné en première ronde par le Canadien de Montréal avec le 7e choix au total.
Si je me rappelais bien qu'il ait débuté sa carrière avec le CH, j'ignorais par contre que sa sélection provenait d'un autre coup à la Sam Pollock qui maitrisait l'art d'échanger son bois mort et pièces de rechange en retour de choix de repêchage, parfois plusieurs années plus tard. D'ailleurs, lors de ce même célèbre repêchage de 1971, le CH détenait le 1er choix au total, ayant parvenu à flouer les Golden Seals de la Californie et ainsi obtenir Guy Lafleur.
Dans le cas d'Arnason, sa position au 7e rang fut obtenue quatre ans plus tôt, soit à l'été 1967, lorsque Pollock envoya trois attaquants aux nouveaux North Stars du Minnesota, soit André Boudrias, Bob Charlebois et Bernard Côté. Du lot, seul Boudrias parviendra à éclore, quelques années plus tard avec les Canucks.
Arnason débuta immédiatement comme professionnel en 1971-72, partageant la saison entre Montréal et les Voyageurs de la Nouvelle-Écosse dans la ligue américaine. Il fut même temporairement co-chambreur de Guy Lafleur à Montréal. Il ne joua toutefois que 17 matchs avec le grand club, récoltant 3 buts et aucune passe. Il passa plutôt la majorité de la saison avec les Voyageurs, avec qui il marqua 30 buts et gagna la coupe Calder au printemps 1972. Il obtint 13 points en 15 matchs durant ces séries.
* Fun fact, les Voyageurs étaient la première équipe canadienne de l'histoire à remporter la coupe Calder. Ils la remporteront à deux autres reprises (1976 et 1977). Les quelques autres équipes canadiennes à avoir aussi remporté ce trophée furent les Hawks du Nouveau Brunswick (1982), les Canadiens de Sherbrooke (1985), les Oilers de Cap Breton (1993), les Flames de Saint John (2001), les Bulldogs d'Hamilton (2007) et les Marlies de Toronto (2018). *
Arnason joua ensuite 19 matchs à Montréal en 1972-73 (1 but et 1 passe) mais aucun en séries alors que le CH remporta la coupe Stanley. Il joua de nouveau la majorité de l'année avec les Voyageurs, retournant de nouveau en finale mais cette fois-ci dans une cause perdante contre les Swords de Cincinnati.
Une fois la saison terminée, voyant qu'Arnason ne produisait pas tellement à Montréal et avec de toute manière une bonne quantité de canons offensifs dans son alignement, Pollock décida de sacrifier Arnason en l'envoyant aux Flames d'Atlanta. En retour, le CH obtint un choix de première ronde l'année suivante. Pollock aura finalement réussi à rentabiliser ce choix puisqu'il sélectionnera le défenseur Rick Chartraw avec ce 10e choix au total en 1974. Chartraw rendra de fiers services au CH à la fin de la décennie, faisant partie des 4 éditions championnes de la Coupe Stanley de 1976 à 1979.
Arnason possédait un des plus puissants tirs de la ligue à l'époque.
Mais il s'agissait apparemment de son seul véritable outil pour se
démarquer dans la LNH et il était étiqueté comme étant unidimensionnel et peu fiable en défensive,
ce qui n'aidait pas en plus de sa petite stature (5'10" et 180 livres).
Il n'était donc pas indispensable.
Il débuta la saison 1973-74 avec sa deuxième équipe à Atlanta mais après seulement 33 matchs, il fut échangé de nouveau, cette fois aux Penguins en compagnie de Bob Paradise. En retour les Flames obtinrent Al McDonough.
Voulant retourner en séries l'année suivante, les Penguins échangèrent Arnason aux Scouts de Kansas City en compagnie du dur à cuire notable Steve Durbano. En retour, les Penguins reçurent Ed Gilbert et le capitaine des Scouts, Simon Nolet.
Les deux équipes inversèrent également leur choix de première ronde en 1976, ce qui n'eut pas vraiment d'incidence sur les deux équipes. En tout, Arnason récolta 34 points en 75-76 avec les deux équipes, et termina la saison à -39. Les Scouts terminèrent à l'avant-dernier rang de la ligue.
Après avoir terminé 1976 avec les Scouts, il suivit la franchise défunte au Colorado sous le nom des Rockies. Il joua 61 matchs en 76-77 avec eux, récoltant 13 buts et 10 passes. Encore une fois, l'équipe termina avant-dernière.
Lors de la saison 1977-78, il ne récolta que 12 points en 29 matchs et fut rétrogradé dans les mineures le temps de 6 matchs avec les Roadrunners de Phoenix dans la CHL. Les Roadrunners étaient également affiliés aux Barons de Cleveland et j'imagine que c'est ainsi que les Barons eurent l'idée de faire l'acquisition d'Arnason en janvier 1978.
En compagnie de Rick Jodzio, Arnason devint alors un Baron de Cleveland en retour de Ralph Klassen et Fred Ahern. C'est avec les Barons qu'il sembla connaitre ses meilleurs moments, récoltant 21 buts et 13 passes pour 34 points en seulement 40 matchs.
Jouer dans une équipe qui déménage abruptement ça voulait souvent dire avoir deux cartes lors de la même année, dont l'une avec le chandail «bleaché». |
Cependant, les Barons en étaient à leurs derniers milles et fusionnèrent avec les North Stars du Minnesota après la saison 1977-78. Arnason fit initialement partie des joueurs protégés par les North Stars en vue de cette nouvelle version de l'équipe en 78-79, mais il ne joua cependant qu'un seul match en début de saison où il se blessa sérieusement. Et malgré ses 25 buts marqués l'année précédente, les North Stars semblèrent avoir peu d'espoir en lui et l'envoyèrent plutôt récupérer de sa blessure dans la CHL avec les South Stars de l'Oklahoma.
En fin de saison, les Capitals de Washington, un autre club de fond de cave de l'époque, firent son acquisition en retour de considérations futures. Il y joua les 13 derniers matchs de sa carrière dans la LNH, n'amassant que 2 passes, suite à quoi ses droits furent retournés aux North Stars qui auront en fait simplement loué Arnason aux Capitals l'espace de quelques semaines.
Jouer dans ces équipes vous donnait également de grandes chances d'avoir une carte «Now with» |
Ou une photo de style «Mugshot» |
Ses droits furent vendus aux Canucks de Vancouver à l'été 1979. Il n'y joua cependant jamais, passant l'entièreté de la saison 79-80 de retour dans la ligue centrale où il connut une saison ordinaire.
Sans nouveaux débouchés en Amérique du nord, il opta d'aller jouer en Allemagne avec le Kölner EC. Il y joua 16 matchs avant de se blesser à nouveau, cette fois-ci une blessure sérieuse au genou qui mit fin à sa carrière.
En 401 matchs en carrière, sa fiche fut de 109 buts et 90 passes pour 199 points.
Il a la distinction d'être le seul joueur de l'histoire à avoir joué pour 5 équipes défuntes (Atlanta, Kansas City, Colorado, Cleveland, Minnesota).
Après sa retraite, il devint propriétaire d'un terrain de golf à Winnipeg. Son fils, Tyler Arnason, est né en Oklahoma en 1979 lorsque son père était dans le club-école des North Stars. Il fut un choix de 7e ronde des Blackhawks en 1998. Il joua plusieurs saisons à Chicago durant leurs années de misère (perpétuant alors la tradition familiale), étant un de leurs rares marqueurs de buts. Il joua 487 matchs dans la LNH avec Chicago, Ottawa et Colorado.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire