Chaque édition de champions qui se retrouve inscrite annuellement sur le trophée comporte son lot d'histoire et de petits détails fascinants. Il y a bien sûr des joueurs vedettes que l'on reconnait inévitablement, mais moi, ce que je préfère, ce sont évidemment les joueurs no-names ou ceux que je ne me souvenais pas qu'ils avaient joué avec l'équipe ou même qu'ils avaient gagné la coupe. Parfois aussi, ce sont les membres du staff qui me fascinent.
Donc, au cours du texte, je porte mon choix sur un ou deux joueurs qui détonnent du lot par leur présence.
Aujourd'hui on poursuit dans les années 90 avec une édition peut-être un peu trop familière pour trouver un vrai joueur intrus à la LVEUP mais on va quand même faire notre possible...
Chapitres précédent: 1990, 1991, 1992
1993 - Canadiens de Montréal |
D'abord, avant de commencer, merci à mon collègue keithacton pour cette photo originalement publiée sur un ancien billet de 2014 sur les problèmes d'identité du club avec ses différents noms inscrits sur le trophée. Difficile à croire, mais je n'avais pas réussi à trouver une seule autre bonne photo des noms gravés de 1993 après plusieurs recherches. Comme quoi LVEUP est vraiment LA référence on dirait... Sti qu'on est hot.
Donc sur ce, allons-y donc.
Joueurs: Guy Carbonneau (C), Paul DiPietro, Denis Savard (A), Vincent Damphousse, Jesse Bélanger, Stéphan Lebeau, Kirk Muller (A), Mike Keane, John LeClair, Benoit Brunet, Brian Bellows, Gary Leeman, Ed Ronan, Mario Roberge, Todd Ewen, Gilbert Dionne, Rob Ramage, Kevin Haller, Lyle Odelein, Mathieu Schneider, Éric Desjardins, Donald Dufresne, Sean Hill, Patrice Brisebois, J. J. Daigneault, Patrick Roy, André Racicot
Staff: Ronald Corey (Chairman/President), Serge Savard (Vice President/General Manager), Jacques Demers (Head Coach), Jacques Laperrière (Asst. Coach), Charles Thiffault, (Asst Coach), Francois Allaire (Goaltending Coach), Jean Béliveau (Sr. Vice President-Director of Cooperate Affairs), Jacques Lemaire (Asst. General Manager/Director of Player Personnel), André Boudrias (Asst. General Manager), Gaétan Lefebvre (Athletic Trainer), John Shipman (Asst. Athletic Trainer), Eddy Palchak (Equipment Manager), Pierre Gervais (Asst. Equipment Manager), Robert Boulanger (Asst. Equipment Manager)
Difficile ici d'élire mon choix sur un joueur no-name ou que j'ignorais qu'il avait gagné la coupe etc. Cette édition est tellement gravée dans ma mémoire.
Cependant, une chose qui m'a toujours fasciné avec l'édition de 1993 était la composition des attaquants. Les quatre principaux canons à l'attaque provenaient tous d'ailleurs et n'étaient pas avec l'équipe depuis très longtemps. Kirk Muller s'était amené en 1991 (en retour de Stéphane Richer), tandis que Brian Bellows et Vincent Damphousse étaient tous frais arrivés du Minnesota (contre Russ Courtnall) et d'Edmonton (contre Shayne Corson et autres). Et ce que je considère être le quatrième canon (sur papier) Denis Savard était lui aussi relativement nouveau, étant arrivé en provenance de Chicago (contre Chris Chelios) en 1990-91. Cependant en 1992-93 il avait définitivement ralenti et ne sera pas un gros impact en séries.
Ces gros canons avaient jusque-là passé pas mal toute leur carrière dans l'ombre des autres vedettes offensives des 10-15 années précédentes. Savard était un des meilleurs joueurs des années 80 mais était inévitablement éclipsé par les Gretzky, Lemieux, Stastny, Bossy, Kurri etc. malgré qu'il demeure au 4e rang des meilleurs pointeurs de la décennie.
Bellows, Damphousse et Muller contre les Nordiques |
Muller était un très bon joueur mais qui devait vivre avec le fait d'avoir été repêché deuxième derrière Mario Lemieux. Bellows était lui aussi un 2e choix au total (en 1982) et avait connu d'excellentes saisons au Minnesota. Mais on dirait qu'il n'avait jamais été considéré comme une star, probablement parce qu'il n'a jamais eu une saison de 100 points. Il en avait toutefois eu une de 99 en 1989-90.
Pour sa part, Damphousse (6e choix au total en 1986) était lui aussi un excellent joueur à Toronto, pour ensuite servir de monnaie d'échange dans la méga transaction entre Toronto et Edmonton envoyant Grant Fuhr et Glenn Anderson aux Maple Leafs. Lui aussi n'aura jamais connu de saisons de 100 points (max. 97) et aura été sans le vouloir dans l'ombre de Lemieux, étant considéré par plusieurs comme le deuxième meilleur attaquant québécois de la ligue à un moment, quoique c'est très subjectif et débattable.
En fait, aucun de Bellows, Damphousse ou Muller n'ont eu de saisons de 100 points, les trois s'en étant souvent approché avec des 94, 97 ou 99 points. Mais ce n'était pas non plus des piochons et en 92-93 tout a semblé cliquer à moment donné. On parle beaucoup de Patrick Roy comme étant le principal élément qui a fait des Canadiens les champions en 1993, mais il fallait également quelqu'un capable de marquer le gros but quand il fallait. Cette très bonne combinaison d'échanges et de talent local ont fait de l'édition 1993 quelque chose qui a marché. Damphousse a marqué 11 buts, Muller 10 et Bellows a eu 15 points en 18 matchs. Pour Denis Savard ça a pas trop marché comme on le sait tous, pouvant seulement jouer durant 14 matchs et ratant l'entièreté de la finale étant blessé.
Bref je voulais pas trop m'éterniser sur ce groupe mais je l'ai toujours trouvé spécial. Cependant comme choix «LVEUP» je ne sais pas trop encore qui choisir. Il y a bien sûr un Paul DiPietro un peu sorti de nulle part avec ses 8 buts. Ou bien Ed Ronan. Ou bien Donald Dufresne. Ou bien Gary Leeman... mais j'ai déjà fait un texte sur lui.
Ou bien Jesse Bélanger. Ce dernier a eu son nom gravé sur la coupe malgré qu'il ne se qualifiait pas officiellement. Il avait seulement joué 19 matchs en saison régulière et 9 autres en séries, mais aucun en finale.
Je vais finalement élire mon choix sur nul autre que Rob Ramage. Avec du recul c'est vraiment lui qui détonne le plus par sa présence.
Également à noter qu'à ce moment, Ramage était le seul membre du club, à l'exception de Guy Carbonneau et Patrick Roy, à avoir remporté la Coupe Stanley (1989 contre le Canadien et ces mêmes Carbonneau et Roy). Le club voulait de la profondeur et de la robustesse et c'est ici que Ramage semblait être un bon fit. Le club était quand même assez soft et Serge Savard voulait un gars aguerri si jamais le CH se reprenait de nouveau contre les Bruins en séries, ce qui n'arriva pas au final.
Ramage était également assez connu de l'organisation, ayant joué plusieurs saisons sous les ordres de Jacques Demers à St-Louis, et ayant aussi joué avec plusieurs joueurs comme Damphousse et Bellows au cours des années.
Quoique Ramage et Demers avaient aussi eu à en découdre en tant qu'adversaires... mais j'imagine qu'ils avaient enterré la hache de guerre depuis.
«You're dead fucking meat Jacques!»
Classique division Norris...
Ramage ne fut pas un très grand facteur cependant à Montréal, étant définitivement en fin de carrière. Il joua seulement 8 matchs pour terminer la saison, en ratant quelques-uns blessés ou laissé de côté. En séries, il ne joua que 7 matchs (5 contre Québec, et 2 contre Buffalo).
Son seul véritable fait notable sera d'avoir servi d'inspiration à ses coéquipiers après être revenu au jeu après avoir mangé une rondelle au visage contre les Nordiques.
C'est d'ailleurs la seule archive vidéo que j'ai pu trouver de Ramage avec le Canadien... Mais vous regarderez le documentaire au complet si vous avez le temps. Frissons garantis.
Bref, après cette deuxième bague de la Coupe Stanley pour Ramage, le club décida de le garder un an de plus. Il débuta la saison 93-94 à Montréal mais il était alors totalement déphasé et le club l'envoya aux Flyers en retour d'une somme d'argent en novembre 1993. Ramage ne joua ensuite que 15 matchs avec les Flyers avant de prendre sa retraite.
En 2003, Ramage se rendait en voiture à un meeting de l'association des joueurs à Toronto avec l'ancien des Blackhawks Keith Magnuson. Il dérapa dans l'autre voie et entra en collision avec un véhicule, tuant Magnuson sur le coup. Ramage fut accusé de conduite dangereuse en état d'ébriété. Les procédures légales perdurèrent pendant de nombreuses années mais finalement, il eut à purger 4 ans en prison, ce qui fut éventuellement réduit à moins d'un an. Il est revenu avec l'organisation montréalaise en 2014, d'abord comme entraîneur du développement et depuis 2017 comme directeur du développement.
Il est à noter également que le CH dut se départir des services de Donald Dufresne après la conquête. Dufresne fut alors envoyé au Lightning, étant désigné comme la considération future, désormais au présent, que le CH dut envoyer pour compléter l'échange de Ramage. Tout compte fait, Eric Charron, Alain Côté et Donald Dufresne contre 15 matchs de Rob Ramage c'était assez cher payé...
Également à noter au sujet de Dufresne, ce dernier a aussi eu son nom gravé sur la coupe, étant habillé lors du dernier match contre les Kings, ce qui le qualifiait pour avoir son nom. Il n'avait auparavant joué que 32 matchs en saison, ce qui l'aurait autrement disqualifié. Demers aimait bien Dufresne et raya Kevin Haller de l'alignement lors de ce match #5 afin de faire vivre ça à Dufresne. Un bon jack, ce Jacques.
Ensuite, terminons avec une histoire ou deux chez le staff. Il y a les noms habituels de l'époque comme Eddy Palchak et Gaétan Lefebvre ainsi que Jean Béliveau et compagnie. Mais il y en a un qui mérite un peu plus d'attention.
Charles Thiffault (avec un rare caméo de Patric Kjellberg en arrière-plan) |
L'assistant-coach Charles Thiffault avait d'abord obtenu un doctorat en éducation physique en Californie. Il fonda en 1974 un groupe de recherche pour le perfectionnement des méthodes d'enseignement du hockey et dirigea plusieurs équipes universitaires avant de joindre les rangs des Nordiques en 1980. Il suivit ensuite Michel Bergeron lorsque ce dernier prit le chemin de New York mais revint au Québec en 1990 comme adjoint de Pat Burns avec le CH.
Il quitta la LNH en 1995 et à l'exception d'un an comme entraîneur des Huskies de Rouyn-Noranda en 1998-99, il n'a jamais retravaillé dans le hockey.
Également dans le staff, mention spéciale à André Boudrias dont j'avais oublié la présence en 1993. L'ancien des Canadiens, North Stars, Canucks et Nordiques durant les années 70, fut nommé assistant directeur-général en 1983-84 et restera en poste jusqu'en 1996 lorsqu'il devint dépisteur au New Jersey. Il a ainsi pu voir son nom gravé à 4 reprises sur le trophée (1986, 1993, 2000, 2003).
On se revoit en 1994.