Membre de la nation ojibwe, Reggie Leach a grandi à Riverton, Manitoba. Élevé par ses grands-parents, ce n’est qu’à l’âge de 10 ans qu’il a commencé à jouer au hockey. Il n’a toutefois pas tardé à démontrer son talent.
À 16 ans, il se joignit à l’équipe de Flin Flon, une ville encore plus au nord du Manitoba. Pour subvenir à ses besoins, Leach travaillait pour la compagnie minière qui commanditait son équipe. C’est aussi au sein de cette même équipe qu’il fit la rencontre d’un coéquipier qui deviendra un ami, Bobby Clarke.
Si Clarke a été choisi en 2e ronde (17e au total) en 1969 par les Flyers, Leach a été choisi au 3e rang en 1970. Et si les Canadiens avaient habitude de collectionner les choix au repêchage des équipes d’expansion, ils n’étaient pas seuls. Les champions de la Coupe Stanley, les Bruins, faisaient de même. C’est donc un choix obtenu des Kings contre Skip Krake qui a permis à Boston de s’approprier les droits du champion marqueur de la Ligue de l’ouest.
Toutefois, les Bruins avaient beaucoup de talent, ce qui laissait peu de place pour Leach. Au cours de sa deuxième saison dans leur organisation, il fut échangé avec Bob Stewart et Rick Smith aux faibles Golden Seals de la Californie, en retour de Carol Vadnais et Don O’Donoghue.
Leach connut deux saisons de 20 buts avec les Seals, mais ceux-ci étaient égaux à eux-mêmes, c’est-à-dire mauvais. En 1972-73, ils terminèrent avant-derniers de la ligue. Même les Flames d’Atlanta, une équipe d’expansion, ont fait mieux qu’eux. L’année suivante, les Seals terminent derniers, 20 points derrière les Islanders, la deuxième pire formation.
Le supplice de Leach tirait toutefois à sa fin, puisqu’il fut échangé à nouveau. Il alla rejoindre son vieil ami Bobby Clarke chez les champions en titre de la Coupe Stanley, les Flyers. Au sein du trio LCB (Leach, Clarke, Barber), Leach fit sensation, marquant 45 buts, un sommet chez les Broad Street Bullies. Les Flyers continuèrent sur leur lancée en séries, bousculant tout sur leur passage et en route vers une deuxième Coupe, une première pour Leach.
La saison suivante, 1975-76, fut tout simplement phénoménale pour Leach. Il ne marqua pas moins de 61 buts, un sommet dans la ligue qui lui aurait valu le Trophée Maurice-Richard s’il avait existé à ce moment.
Sa saison de rêve s’est ensuite poursuivie en séries. En 16 matchs, il marqua 19 fois. Leach détient ainsi encore aujourd’hui les records d’équipe chez les Flyers, autant en saison régulière qu’en séries. Sa marque en séries est également un record de la ligue (égalisé par Jari Kurri en 1985). Et parmi ceux-ci, cinq furent marqués le 6 mai 1976, en demi-finale, contre les Bruins. Cet exploit ne fut réalisé que cinq fois en séries dans l’histoire. C’est suite à cette performance que son coéquipier "Moose" Dupont y alla en pleine télé d’une de ces citations célèbres : "Cinq buts, c’est des buts en tab…"
Malheureusement pour Leach, sa saison de rêve se termina en cauchemar. Les Flyers furent alors balayés en finale par les Canadiens, dans ce que certains décrivirent le sauvetage du hockey, parce que la finesse de Montréal eut finalement le dessus sur l’intimidation de Philadelphie. La performance de Leach ne laissa toutefois pas le choix à la ligue, qui lui décerna le Trophée Conn Smythe. Il est d’ailleurs le seul non-gardien à l’avoir remporté au sein d’une équipe perdante. Néanmoins, il put tout de même savourer un titre, puisqu’il fit ensuite partie de l’équipe canadienne qui remporta la première Coupe Canada.
Leach a ensuite connu une certaine baisse de régime, avant de revenir avec une saison de 50 buts en 1979-80. À ce moment, les Flyers ont terminé en tête de la ligue, mais ils durent à nouveau s’incliner en finale contre une dynastie naissante, les Islanders cette fois.
Leach joua ensuite deux autres années à Philadelphie, puis une autre à Détroit, avant de terminer sa carrière dans la Ligue centrale, avec le Magic du Montana. Ces années furent toutefois assombries par ses problèmes d’alcool, qui l’amena à faire faillite et qui lui coûtèrent son mariage.
Sobre depuis 1985 suite à une cure, il refit sa vie loin de la patinoire en travaillant en vente dans le monde de l’automobile et de l’assurance, avant de démarrer son entreprise de paysagement.
À sa retraite, celui qu’on surnomme le "Riverton Rifle" s’est consacré à l’entraînement d’équipes de hockey mineur, en plus de prononcer des conférences destinées aux jeunes autochtones et pour mettre les jeunes en garde contre les dangers de l’alcool et de la drogue.
Son fils Jamie a joué avec les Penguins, les Whalers et les Panthers au début des années 1990.
Marqueur de 381 buts, il est le seul membre du trio LCB à ne pas faire partie du Temple de la renommée et à ne pas avoir son numéro retiré par les Flyers.
Sources : "Indigenous NHL alumni hit the ice in Yukon to inspire youth" de Mike Rudyk, 8 mars 2018 (cbc.ca), hhof.com, hockeydraftcentral.com, thecanadianencyclopedia.ca, wikipedia.org.