Je classe les trucs que je trouve sur internet dans plusieurs dossiers dans mon ordinateur. Un de ces dossier s'appelle ''Cossins Barons'' et je le garde depuis plusieurs mois même plusieurs années en pensant un jour les utiliser ici sur ce blog. C'est aujourd'hui que ça se passe alors que je vous dumpe tout ça d'un seul coup.
Certificat d'assistance du premier match à domicile de l'histoire des Barons.
Dans la même veine, je crois qu'il s'agit d'un autocollant
Un macaron de détenteur de billet de saison des Barons P.S. ils étaient 16...
Un poster remis lors d'un match contre les Bruins
Un aiguisoir à crayon en forme de puck
Une poubelle...
Une bavette
Une annonce pour les matchs à la radio
Une bague remise aux joueurs
Des ''sweat bands''
Un autocollant de pare-choc
Une casquette
Une tirelire
Billet de la deuxième et dernière saison des Barons
Finalement, un rabais pour une bière à l'aréna des Barons - un must pour tout spectateur des Barons qui se respectait
Vous m'excuserez mais ces temps-ci on dirait que mes sujets sont pas mal dans la même veine soit des joueurs des années 70 et 80 des Seals, Barons ou North Stars (un sujet assez récurrent sur ce blog en général de toute manière). C'est aussi souvent parfumé de Capitals et de Canucks. Souvent lorsque je fais des recherches sur un joueur, je tombe sur un coéquipier ou un adversaire qui m'inspire un autre article, un peu à la manière du jeu ''seven degrees on Kevin Bacon''.
Donc, mon article sur Gary Smith m'a inspiré à (re)parler des Seals et d'Al MacAdam qui m'a inspiré aujourd'hui à parler de son ancien coéquipier au Minnesota, Steve Payne. Et ensuite on verra bien comment la chaîne continuera.
Né le 16 août 1958 à Toronto, Steven John Payne joua l'entièreté de sa carrière avec les North Stars mais cette carrière fut brutalement écourtée par plusieurs blessures. Un habile marqueur, il semblait toutefois en laisser plusieurs sur leur appétit quant à son potentiel offensif. Il se rattrapait toutefois au printemps lorsque les séries arrivèrent et il devint un des meilleurs ''clutch players'' de son époque.
Payne joua son hockey junior au sein des puissants 67's d'Ottawa menés par Bobby Smith et Jim Fox. Il récolta 47 points en 61 matchs durant sa saison recrue en 1976-77 mais se démarqua davantage durant les séries où il récolta 18 points en 19 matchs et où il aida les 67's à remporter le championnat de la OHL de 1977. Ils s'inclinèrent ensuite en finale de la Coupe Memorial.
Jumelé la saison suivante avec Smith et Tim Higgins, Payne explosa et obtint 57 buts et 94 points. Les trois joueurs furent ensuite sélectionnés au repêchage de 1978. Smith fut le premier choix au total par les North Stars tandis qu'Higgins fut choisi 10e par les grands rivaux des North Stars, les Blackhawks. Espérant recréer la même chimie qui existait à Ottawa, les North Stars sélectionnèrent Payne en 2e ronde avec le 19e choix de l'encan de 1978.
Tandis que Smith fit immédiatement l'équipe et remporta le trophée Calder en 1978-79, Payne débuta son parcours professionnel avec le club-école de l'équipe à Oklahoma City dans la CHL. Il fut toutefois rappelé assez rapidement alors qu'il récolta 7 points en 5 matchs à Oklahoma City. Il gradua donc avec les North Stars et rejoignit Smith pour jouer ensemble cette première saison recrue où il récolta 23 buts et 40 points. Lui et Smith étaient en quelque sorte le symbole de cette renaissance des North Stars après la fusion de l'équipe avec les Barons de Cleveland l'été précédent.
Payne et son équipe progressèrent rapidement lors des saisons suivantes. Il connut sa meilleure saison en carrière en 1979-80, obtenant 42 buts et 85 points, bon pour le premier rang des buteurs des North Stars (ex-æquo avec MacAdam) et deuxième pour les points. Il participa également au match des étoiles pour la première fois de sa carrière (il y retournera en 1985). L'équipe se rendit en finale de conférence et élimina au passage les Canadiens, mettant fin à la dernière dynastie des glorieux.
Payne sembla régresser en 1980-81 alors que ses statistiques diminuèrent à 30 buts et 58 points. Il se rattrapa toutefois en séries alors qu'il mena les North Stars avec un total de 17 buts et 29 points en 19 matchs lors du parcours cendrillon de l'équipe en finale de la coupe Stanley qu'ils perdirent aux mains des puissants Islanders. Ces 17 buts sont une des meilleurs récoltes offensives de l'histoire du circuit en séries alors que seulement 8 joueurs (incluant Payne) en ont récolté autant.
Seulement 3 joueurs ont récolté plus de 17 buts en une année éliminatoire soit Joe Sakic (18 buts en 1995-96) et les co-détenteurs du record de 19 buts, Reggie Leach des Flyers (1975-76) et Jari Kurri (1984-85). Payne est donc le joueur le plus obscur de ce groupe sélect.
Les meilleurs buteurs en une année éliminatoire
Payne connut des saisons similaires lors des années suivantes où sa production oscilla aux alentours des 30 buts par année. Les North Stars ne se rendirent plus jamais aussi loin avec Payne dans leur alignement mais il continua d'exceller davantage en série malgré tout. En 71 matchs éliminatoires avec les North Stars, il récolta 35 buts et 70 points.
C'est en 1985-86 que Payne commença à connaître des ennuis de santé. Des douleurs abdominales le harcelaient depuis un moment donc il se fit opérer pour réparer un disque cervical en septembre et il ne revint au jeu qu'en décembre. Il se blessa ensuite au genou en février 1986 et rata le reste de la saison. Tous ces ennuis de santé firent de Payne un joueur moins aventureux qu'à ses débuts. Il devint plus frileux et ses statistiques en souffrirent. Il ne joua ensuite que 48 matchs en 1986-87 et ne récolta que 10 points.
En septembre 1987, il se fit plaquer par derrière contre un match à Washington et subit une blessure au cou qui n'aura éventuellement pas guéri adéquatement ce qui lui causa des problèmes au niveau de sa colonne vertébrale. Il tenta tout de même de retourner au jeu, jouant même quelques matchs dans les mineures mais au final il aura joué son dernier match en carrière en décembre 1987 suite à quoi les docteurs de l'équipe lui ordonnèrent de se retirer avant d'empirer sa condition.
En 613 matchs en carrière, sa fiche fut de 228 buts, 238 passes pour 466 points.
Estimant avoir subi (entre autres) plusieurs commotions cérébrales durant sa carrière, il fit partie de la poursuite envers la LNH intentée par plus d'une centaine d'anciens joueurs en 2013.
Dans ma bucketlist de bios de joueurs, le joueur d'aujourd'hui est un de mes joueurs cultes, ayant apparu dans plusieurs billets de ce blog dans le passé. Il faut dire qu'il a joué pour plusieurs équipes défuntes qui me sont chères alors pas le choix de lui consacrer sa propre bio.
Né le 16 mars 1952 à Charlottetown, Reginald Alan MacAdam est un des rares joueurs de la LNH provenant de cette petite province qu'est l'Île-du-Prince-Édouard et un des rares joueurs repêchés provenant des rangs universitaires canadiens. Il débuta son stage junior dans sa ville natale avec les Islanders de Charlottetown de la ''Maritime Junior A Hockey League'' où il fut entre autres coéquipier avec un autre futur joueur de la LNH, Bob MacMillan (voir texte du 26 janvier 2015). MacAdam joua deux saisons avec les Islanders, suite à quoi la ligue cessa ses activités. Plutôt que d'aller rejoindre une autre ligue junior dans une autre province, MacAdam joignit les rangs des Panthers de L'Université de l'Île-du-Prince-Édouard. Il y récolta 53 points en seulement 26 matchs suite à quoi il fut sélectionné en 4e ronde (55e au total) par les Flyers de Philadelphie au repêchage de 1972. Les Flyers l'avaient apparemment à l’œil depuis qu'il était au secondaire.
À 6'-0'' et 175 livres, MacAdam était un fier compétiteur et un patineur très habile en plus d'être très versatile dans les deux sens de la patinoire. Glen Somnor, son entraîneur au Minnesota déclara ''Donnez-moi une équipe entière de Al MacAdam's et je vous donnerai un championnat'', chose qu'il passèrent bien près d'accomplir au début des années 80...
MacAdam gradua donc ensuite avec les Robins de Richmond, le club-école des Flyers dans la ligue américaine avec qui il récolta 51 points en 68 matchs en 1972-73. La saison suivante, il récolta 23 buts et 45 points avec les Robins en plus de jouer ses cinq premiers matchs dans la LNH sans toutefois récolter de points. Il joua également un match en séries avec les Flyers lors de la finale de conférence contre les Rangers. Il ne joua pas durant la finale remportée mais il reçut tout de même une bague de la part de l'organisation. Il ne portera toutefois jamais cette bague, déclarant qu'elle n'a pas vraiment de signification pour lui puisqu'il ne l'avait pas vraiment mérité.
Suite à cette conquête, les Flyers voulaient renforcer leur équipe pour la défense de leur titre et ils échangèrent donc MacAdam, le centre Larry Wright en plus d'un choix de 1re ronde en 1974 aux Golden Seals de Californie. En retour, les Flyers mirent la main sur la talentueux marqueur Reggie Leach (voir texte du 29 mai 2019). Le pari porta fruit pour les Flyers car malgré la perte du prometteur MacAdam, Leach explosa à Philadelphie et marqua 45 buts en 1974-75 et ensuite 61 buts la saison suivante. Il établit également un record toujours valide de 19 buts marqués durant les séries de 1976, où il gagna le trophée Conn Smythe dans une cause perdante. Le 1er choix obtenu par les Seals devint Ron Chipperfield, un joueur qui ne jouera jamais avec eux et qui joua davantage dans l'AMH que la LNH.
MacAdam poursuivit donc sa carrière en Californie où il put obtenir beaucoup de temps de glace et devenir un des meilleurs joueurs de la courte histoire de la franchise. Il obtint 18 buts et 43 points en 1974-75, sa première saison complète. MacAdam, en compagnie de deux autres jeunes joueurs, Dennis Maruk et Bob Murdoch, formèrent la ligne ''3M'' en 1975-76 et MacAdam termina premier pointeur des Seals avec 32 buts et 63 points. Il fut également le seul de l'histoire de la franchise en Californie à avoir marqué au match des étoiles alors qu'il fut le représentant de l'équipe en 1976.
La ligne ''3M'' resta intacte lors du déménagement de l'équipe à Cleveland et MacAdam connut une saison identique de 63 points lors de la première saison des Barons qu'il représenta au match des étoiles pour une deuxième année consécutive en 1977. Cependant, la franchise était des plus instables et passa même très près de fermer boutique en plein milieu de sa première saison à Cleveland avant d'être sauvée in extremis par l'association des joueurs (voir texte du 20 février 2016).
L'équipe fut vendue à deux autres actionnaires des Barons et joua une dernière saison à Cleveland en 1977-78 avant d'être fusionnée avec les North Stars du Minnesota. MacAdam joua cette dernière saison de misère à Cleveland où ses statistiques régressèrent à 16 buts et 48 points. Il fut toutefois nommé capitaine pour cette dernière saison des Barons mais il fut également un des pires critiques de l'équipe lors de ses déclarations dans les médias, blâmant la franchise pour ses ratés et aussi les fans pour leur manque de support.
Il fut un des joueurs protégés par les North Stars lors du repêchage de dispersion de la nouvelle équipe fusionnée et alla connaître ses meilleures années au Minnesota (voir texte du 28 février 2016). Jumelé au nouveau venu Bobby Smith (1er choix de 1978), ses statistiques s'améliorèrent en 1978-79 alors qu'il récolta 24 buts et 58 points. Il rata cependant 11 matchs cette saison et il s'agissait de la première fois où il ne joua pas tous les matchs de son équipe. Il ne manqua ensuite qu'une douzaine de matchs au total durant le reste de sa carrière.
Il connut ensuite sa meilleure saison en 1979-80, récoltant des sommets personnels de 42 buts, 51 passes et 93 points, bon pour le premier rang dans chaque catégorie chez les North Stars. Il se démarqua également en séries où les North Stars dépassèrent la première ronde pour la première fois depuis 1971. MacAdam se démarqua d'abord en première ronde alors qu'il marqua le but en prolongation qui élimina les Maple Leafs. Il fit de même en deuxième ronde alors qu'il marqua de nouveau le but éliminateur, cette fois lors du fameux 7e match contre les Canadiens. Ce but élimina les Canadiens et mit officiellement fin à la dynastie des Canadiens de la fin des années 70.
Les North Stars furent ensuite éliminés en 3e ronde par les Flyers. Il s'agissait des premières séries éliminatoires pour MacAdam depuis ce seul match joué pour les Flyers en 1974. Il récolta 16 points en 15 matchs. En plus d'être nommé comme MVP des North Stars, cette belle saison de MacAdam lui permit également de remporter le trophée Masterton, récompensant persévérance et dévouement pour le sport. Je crois que la ''renaissance'' de MacAdam après la fusion, ses dures années où il endura l'instabilité de la franchise en Californie et à Cleveland, en plus de sa réputation de joueur durable rarement blessé furent les facteurs de cette nomination. MacAdam fut le premier North Star à remporter le trophée nommé en honneur de Masterton, lui-même un North Star lors de ce tragique accident de 1968 où il perdit la vie suite à une collision avec un joueur des Seals d'Oakland.
La production de MacAdam retourna à sa moyenne habituelle en 1980-81 (21 buts, 60 points) mais les North Stars continuèrent de progresser alors qu'ils reprirent de plus belle et se rendirent jusqu'en finale de la Coupe Stanley. Les puissants Islanders l'emportèrent toutefois en 5 matchs mais MacAdam fut un des piliers de l'équipe durant ce parcours, récoltant 19 points en 19 matchs.
Après une autre bonne saison en 1981-82 (18 buts, 61 points), MacAdam vit son rôle changer suite à l'émergence de plusieurs jeunes chez les North Stars comme Dino Ciccarelli (106 points en 81-82), Brian Bellows, Neal Broten et Tom McCarthy. Il fut donc confiné à un rôle plus défensif et connut donc une baisse de régime côté statistiques. Il régressa à 33 points en 1982-83 et 35 points l'année suivante. S'estimant toujours capable de contribuer davantage à 32 ans, il demanda à la direction de lui donner plus de temps de glace ou bien de l'échanger.
Sa demande fut accordée lorsqu'il prit le chemin de Vancouver en juin 1984. Il joua une autre saison complète de 80 matchs avec les Canucks en 1984-85 mais il ne récolta que 14 buts et 34 points, ce qui était décevant pour lui mais aussi pour les fans des Canucks qui n'avaient pas digéré le départ du joueur obtenu par les North Stars en retour de MacAdam, le populaire Harold Snepsts.
La saison suivante, les Canucks envoyèrent MacAdam dans les mineures avec l'Express de Fredericton où il fut nommé joueur et assistant-entraîneur (player-coach). Il ne joua cependant que 11 matchs avec l'Express avant de prendre sa retraite comme joueur.
Après sa retraite, il resta toutefois au Nouveau-Brunswick alors qu'il débuta un long parcours comme entraîneur à l'Université St-Thomas de Fredericton qu'il entraîna de 1986 à 1997. Il joua également une dernière saison comme joueur au niveau senior avec les Islanders de Charlottetown (même nom que l'équipe où il commença au niveau junior).
Il fut nommé entraineur de l'année dans la division universitaire de l'Atlantique en 1995-96 et après une dernière année à St-Thomas, MacAdam fit le saut dans la ligue américaine comme entraîneur-chef des Maple Leafs de St.John's (Terre-Neuve) où il fut en poste pendant trois saisons. Il gradua ensuite dans la LNH comme assistant à Alpo Suhonen avec les Blackhawks pour la saison 2000-01. Suhonen était le premier entraîneur de l'histoire de la LNH né en Europe. Il démissionna toutefois de son poste au printemps 2001 suite à des problèmes cardiaques et c'est MacAdam ainsi que Denis Savard qui furent nommés co-entraîneurs pour le reste de la saison. Brian Sutter fut ensuite engagé par les Blackhawks et Savard et MacAdam redevinrent assistants.
Il resta avec les Blackhawks jusqu'en 2004, période où l'équipe était très médiocre. Au retour du lock-out, les Blackhawks avaient effectué un ménage au niveau du personnel et seul Denis Savard resta en poste. MacAdam avait déjà tourné la page et était retourné dans les provinces atlantiques. Il retourna d'abord là où il avait prit son envol soit avec l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard où il fut assistant-entraîneur. Il devint ensuite entraîneur-chef des Mooseheads d'Halifax en janvier 2005. Les Mooseheads appartenaient depuis 2003 (et jusqu'à ce jour) à son ancien coéquipier au Minnesota, Bobby Smith. Il ne fut cependant en poste que durant une seule saison complète à Halifax, soit en 2005-06. Il a donc la distinction d'avoir été entraîneur ou assistant pour une équipe dans chacune des provinces atlantiques.
Il décida ensuite de prendre une pause, désirant retourner auprès de sa famille près de Charlottetown. Après quelques années sabbatiques, MacAdam devint dépisteur pour les Sabres, poste qu'il occupa jusqu'en 2014.
En carrière dans la LNH, MacAdam eut une fiche de 240 buts, 351 passes et 591 points en 864 matchs. Il ne rata au passage que 21 matchs durant 11 saisons. Il fut ensuite élu au temple de la renommée du sport de l'Île-du-Prince-Édouard en 1990. Il était le meilleur pointeur de l'histoire de la province dans la LNH jusqu'à ce qu'il soit dépassé par Brad Richards en 2010.
Je suis tombé sur cette photo récemment lors de mes recherches et je suis resté perplexe et sans réponses depuis...
Je ne comprends pas la physique de ce que je vois en ce moment. Comment donc est conçu ce chandail? Le logo n'est pas seulement disproportionné, il est également d'un angle bizarre qui ne fait pas de sens. Je vois bien que le bras et le gant de Tony Demers (voir texte du 27 janvier 2009) sont appuyés sa culotte, ce qui donne un angle et un pli étrange au chandail mais il me semble que la physique ne fonctionne pas ici.
D'ailleurs les shorts sont également remontés, ce qui nous laisse également voir ces étranges bas portés par Demers... Vraiment une des photos de joueur les plus étranges que j'ai vu dans ma vie.
Si vous êtes lecteur de longue date de notre blog, vous êtes sûrement familiers avec le joueur d'aujourd'hui, Gary Smith, surnommé ''Suitcase'' en honneur des nombreux déménagements qu'il effectua durant une carrière professionnelle qui dura plus de 15 ans. Il a d'ailleurs un trophée de LVEUP en son honneur, qu'on distribue annuellement au gardien qui récolte le plus de défaites durant la saison régulière. On a donc fait mention à lui à quelques fois au cours des années mais il n'avait encore jamais reçu son propre billet. Et il y a tellement de choses à raconter sur ce coloré gardien que je me devais d'y remédier. Voici donc son histoire...
Né le 4 février 1944 à Ottawa, Gary Edward Smith est le fils de Des Smith, un ancien défenseur qui joua notamment pour les Maroons et les Canadiens dans les années 30. Il joua également plus tard pour les Bruins avec qui il gagnera la coupe Stanley de 1941. Son oncle, Rodger Smith, joua également dans la LNH comme défenseur avec la défunte franchise des Pirates de Pittsburgh/Quakers de Philadelphie.
Gary avait également un frère, Brian Smith, qui joua pour les Kings et les North Stars et qui deviendra plus tard journaliste sportif dans la région d'Ottawa. Brian fut tragiquement assassiné par un homme schizophrénique en 1995 (voir texte du 4 août 2014). Les Sénateurs honoreront Smith avec un écusson sur leur uniforme en 1995-96 et Gary nommera ensuite un de ses chevaux de course ''Broadcaster'' en honneur de son défunt frère.
Smith avec le club St.Michael's de Toronto
Gary joua son hockey junior dans la région de Toronto où il joua pour trois clubs différents de 1961 à 1964. Lors de sa première saison en 1961-62, il aurait apparemment la distinction d'avoir marqué un but contre les Mohawks de Whitby. Je ne sais pas s'il s'agit du premier but marqué par un gardien mais il s'agirait probablement d'un des premiers car au niveau professionnel le premier gardien à marquer un but fut Michel Plasse en 1971 alors qu'il jouait avec les Blues de Kansas City dans la CHL (voir texte du 14 novembre 2010).
Ce but marqué par Smith au niveau junior l'incita à développer un penchant pour s'aventurer hors de son demi-cercle pour retenter le coup plus tard au niveau professionnel. Comme vous le verrez plus loin, ça ne fonctionnera pas mais ça lui permettra de faire sa marque dans l'histoire du hockey d'une autre manière...
Lors de sa dernière saison junior en 1963-64, Smith mènera les Marlboros de Toronto à la conquête de la Coupe Memorial. Il débuta ensuite son parcours professionnel et c'est assez tôt qu'il se fit attribuer le surnom ''Suitcase'', étant envoyé de gauche à droite à travers les filières des Maple Leafs de Toronto, le club qui détenait ses droits. Durant la seule saison 1964-65, après avoir participé au camp d’entraînement des Leafs, il joua pour les Americans de Rochester (AHL), les Oilers de Tulsa (CPHL) et les Maple Leafs de Victoria (WHL). Il fut également prêté aux Bruins de Boston comme gardien d'urgence pendant un mois mais ne jouera aucun match avec eux.
C'est donc très tôt, contrairement à ce que je croyais au départ, qu'il se fit attribuer ce surnom ''Suitcase'', dû à tout ce temps passé sur la route, en avion et en train, à faire et défaire ses valises. Les nombreuses équipes pour qui il jouera plus tard ne viendront qu'accentuer la justesse de ce surnom.
Une drôle d'anecdote au sujet des débuts de Smith dans l'organisation des Leafs eut lieu durant la saison 1965-66, sa deuxième au niveau professionnel. Refusant de se rapporter avec les Indians de Springfield, le gardien Bruce Gamble est échangé des Bruins aux Maple Leafs à l'automne 1965. En retour, le gérant des Indians, le légendaire Eddie Shore (que Gamble détestait au plus haut point), devait recevoir le défenseur Larry Johnstown en plus de Gary Smith.
Cependant Shore fut surpris de voir que ce fut plutôt l'ailier Bill Smith qui se rapporta à Springfield. Shore se plaignit au DG des Leafs, Punch Imlach de cette erreur mais comme il avait déjà signé les papiers de transaction, il décida de faire avec et Gary resta dans l'organisation des Maple Leafs et y joua en 1965-66 ses 3 premiers matchs dans la LNH. Il passa cependant la majorité de la saison dans la ligue américaine avec les Americans de Rochester.
Durant ses premiers matchs dans la LNH, Smith avait l'ambition de devenir le premier gardien du circuit à marquer un but et il tenta le coup dans un match contre les Canadiens. Il s'aventura hors de son filet et réussit à avancer jusqu'à la ligne rouge sans perdre la rondelle. Le défenseur des Canadiens, le grand Jean-Claude Tremblay, pas nécessairement un joueur physique, corrigea le jeune gardien en le plaquant de la hanche et l'envoyant tourbillonner sur la glace. Les Canadiens reprirent la rondelle et c'est le défenseur Marcel Pronovost qui se replia et réussit à empêcher Ralph Backstrom de marquer. Suite à cette mésaventure de Smith, la ligue instaura le règlement empêchant les gardiens de dépasser la ligne rouge. Cette règle est communément appelé la ''Gary Smith rule'' et plus tard, Patrick Roy fut un des rares de l'histoire à se l'être faite décerner.
Petite pause pour ce succès souvenir ici.
Smith passa donc (sans surprise après cette histoire) la majorité de son parcours avec les Leafs dans les mineures et ne joua que 5 matchs en deux saisons avec eux, sans remporter un seul match. En tant que gardien substitut à Rochester, il joua 4 matchs en séries durant le parcours victorieux de l'équipe qui remporta la coupe Calder de 1966.
En 1967, la grande expansion arriva et il fut repêché par les Seals d'Oakland où il devint un gardien régulier dans la LNH. Il joua 21 matchs lors de la saison inaugurale des Seals où sa fiche fut de 2-13-4. Il obtint le poste de gardien #1 la saison suivante et connut somme toute une bonne saison (pour un gardien des Seals) avec une fiche de 21-24-7 et jouant tous les matchs de l'équipe en séries (la 1re de seulement deux participations aux séries de l'histoire de la franchise).
Comme beaucoup de gardiens colorés en son genre (et surtout durant les années 70), Smith avait son côté excentrique et superstitieux et c'est à Oakland qu'on commença à découvrir davantage ce côté de sa personnalité. Il avait l'habitude de porter un nombre ahurissant de bas dans ses patins. Il déclara que ses patins avaient tendance à prendre de l'expansion durant les matchs et donc ces nombreux bas l'aidaient à compenser. Son record de son propre aveu serait de 16 paires de bas!
En plus d'être aventurier hors de son filet, il avait tendance à la fête et à d'autres excentricités. Il avait aussi l'habitude d'enlever son équipement entre les périodes et même parfois d'aller prendre une douche pour ensuite courir rapidement se rhabiller et continuer le match.
En 1970-71, il établit un record de la LNH de 71 matchs comme gardien partant avec les Seals (record battu en 1974 par Bernard Parent) et c'est aussi durant cette saison qu'il obtint le record toujours valide de 48 défaites en une saison (fiche globale de 19-48-4) qui lui vaut aujourd'hui notre trophée en son honneur. On pourrait croire qu'une telle saison aurait eu un impact néfaste sur la carrière d'un gardien mais Smith était reconnu malgré tout comme un solide gardien, toujours positif malgré les mauvais moments et il fut surtout victime des nombreux problèmes des Seals en défense (entre autres). Il déclara plus tard que tout le monde était misérable dans l'organisation des Seals et que la seule chose attrayante de jouer à Oakland était la température et de pouvoir jouer au golf.
En 1971-72, les Seals l'échangèrent aux Blackhawks de Chicago et réussirent à obtenir trois joueurs en retour (Kerry Bond, Gerry Pinder et le gardien Gerry Desjardins). Un mois plus tard, les deux équipes transigèrent de nouveau alors que Desjardins retourna à Chicago et les Seals reçurent en retour leur gardien d'avenir, Gilles Meloche. Cette deuxième transaction était en fait une manière de compléter la précédente, alors que Desjardins traînait toujours une blessure au bras et fut donc retourné aux Blackhawks. Les Seals reçurent également le défenseur Paul Schmyr dans la transaction, de loin la meilleure de l'histoire de la piteuse équipe.
À Chicago, Smith put repartir sur de nouvelles bases et rebondit de superbe façon après sa désastreuse saison 1970-71. Comme adjoint de Tony Esposito, il obtint une fiche de 14-5-6 et les deux gardiens se partagèrent le trophée Vézina à la fin de la saison alors que le trophée était à l'époque attribué aux gardiens de l'équipe qui avait alloué le moins de but durant la saison. Smith avait terminé la saison avec une moyenne de buts alloués de 2.42, tandis qu'Esposito eut une incroyable moyenne de 1.77. La saison suivante, le duo mena les Blackhawks jusqu'à la finale de la coupe Stanley de 1973, qu'ils perdirent contre les Canadiens et Ken Dryden, le nouveau récipiendaire du trophée Vézina. Il joua deux matchs durant ce parcours en séries, dont un en finale en relève à Esposito.
Suite à ces deux saisons, les Canucks firent l'acquisition de Smith et du défenseur Jerry Korab. En retour, les Blackhawks mirent la main sur le premier choix de l'histoire des Canucks (2e au total en 1970 derrière Gilbert Perreault), le défenseur Dale Tallon. Tallon n'était jamais vraiment devenu un joueur d'impact au sein des pauvres Canucks, dont les débuts dans la LNH furent difficiles en cette période instable dans la LNH. Ils désiraient tout d'abord obtenir un véritable gardien numéro un, eux qui n'avaient pas vraiment eu de gardien de ce calibre depuis leurs débuts.
Smith, un habitué des franchises instables après son temps passé à Oakland, eut l'occasion de redevenir gardien #1 à Vancouver, mais sa première saison là-bas fut chaotique. La franchise était en tourmente au niveau de la direction et cela affecta le produit sur la glace. Le propriétaire de l'époque, Tom Scallen, était accusé de fraude et d'avoir utilisé les fonds de l'équipe pour renflouer ses dettes et il y avait incompétence et ingérence au niveau des opérations hockey, alors que de nombreux clans et bisbilles firent des Canucks une entreprise en déroute. L'équipe congédia l'entraîneur Bill McCreary en janvier et Smith était malheureux et déprimé malgré son jeu adéquat. Il se sentait coupable des résultats médiocres de l'équipe et il décida de ne pas accompagner l'équipe lors d'un match à Chicago. Il déclara que ''comme personne ne fait rien pour améliorer l'équipe, ça m'affecte''. Les dirigeants des Canucks étaient incapables d'assurer des contrats pour la saison suivante et la présence de l'AMH dans le décor ne vint qu'empirer les choses sur les perspectives des Canucks et de leurs joueurs.
Malgré cette saison difficile, Smith joua en tout 66 matchs en 1973-74, récoltant une fiche de 20-33-8 et étant nommé joueur le plus utile des Canucks.
Les Canucks prirent toutefois un tournant dans l'entre-saisons, étant vendus à de nouveaux propriétaires et ayant fait le ménage dans la direction. Smith retrouva sa confiance et connut sa meilleure saison en carrière. Il joua un total de 72 matchs (un record d'équipe battu en 2007 par Roberto Luongo) et il termina troisième dans la ligue avec 32 victoires (fiche complète de 32-24-9). Il ne fut devancé que par son ancien coéquipier Esposito (34 victoires) et par Bernard Parent (44 victoires). Il récolta également 6 blanchissages durant la saison, un autre record d'équipe qui ne fut battu qu'en 2001-02 par Dan Cloutier et ensuite par Luongo avec 9 blanchissages en 2009.
Il fut le représentant de l'équipe au match des étoiles de 1975 et fut nommé une deuxième année consécutive comme joueur le plus utile des Canucks. Il termina même au 5e rang pour l'obtention du trophée Hart. Le gagnant du trophée, Bobby Clarke, déclara durant son discours de remise que Smith aurait dû l'emporter à sa place.
Son excellent rendement, en plus de son côté casse-cou et de ses aventures en dehors de son demi-cercle firent de Smith un des favoris des fans des Canucks, alors en quête d'identité durant ces difficiles premières années d'existence. Il avait également tendance occasionnellement à botter la rondelle hors de son territoire. Lors d'un match à Toronto, il aurait même presque atteint le tableau indicateur. Lors de son passage à Vancouver, il continua de cimenter sa légende comme gardien excentrique. Il aurait entre autres été vu en train de quitter en vitesse l'aréna des Canucks et de prendre sa voiture, toujours en uniforme et en patins. Il aurait également été vu en train de manger un hot-dog au banc des Canucks, lors d'un match où il ne jouait pas.
Grandement menés par le brio de Smith, les Canucks terminèrent en première place de leur division en 1974-75 et participèrent aux séries pour la première fois de leur histoire. À l'époque, les champions de division recevaient automatiquement un laisser-passer en 2e ronde. C'est là que les Canucks jouèrent leur première série éliminatoire contre un autre champion de section, les puissants Canadiens de Montréal. Tout le monde s'attendait à un balayage facile des Canadiens mais le jeu de Smith permit aux Canucks de gagner le deuxième match au Forum de Montréal par la marque de 2-1. Les Canadiens remportèrent quand même facilement la série 4-1, après avoir remporté le dernier match 5-4 en prolongation. Mais Smith arrêta 42 tirs durant cette défaite et devint un héros culte à Vancouver.
Voici un très bon vidéo de cette série:
Suite à cette première saison gagnante pour les Canucks, les choses ne se déroulèrent pas comme prévu la saison suivante, alors que Smith regressa. Il ne joua que 51 matchs et termina avec une fiche de 20-24-6. Les Canucks retournèrent tout de même en séries mais se firent balayer par les Islanders et c'est le nouveau venu, Curt Ridley, qui délogea Smith comme gardien partant.
Smith aurait apparemment perdu la faveur de ses patrons suite au party de Noël des Canucks de 1975. Il aurait, dans un élan de boisson, émit des commentaires disgracieux envers la femme du nouveau propriétaire des Canucks, Frank Griffith Sr.
La femme de Griffith était Emily Ballard, fille du fameux Dr. Ballard de la célèbre compagnie de nourriture pour chiens. Il aurait apparemment dit à Mme Griffith qu'il remarquait la ressemblance familiale avec l'illustration sur la conserve de nourriture...
Smith nie toutefois jusqu'à ce jour ces commentaires (voir les commentaires personnels de Smith dans ce billet de Joe Pelletier ici). Il déclare qu'il s'agissait d'une blague orchestrée par les journalistes et qu'il s'en excusa personnellement auprès de Mme. Ballard et son mari, avec qui il serait resté en bons termes.
Cependant, avec l'émergence de Ridley, les Canucks décidèrent d'échanger
Smith durant l'été 1976 en l'envoyant aux North Stars, en retour du
gardien Cesare Maniago. Smith ne joua qu'une saison au Minnesota, jouant
36 matchs (fiche de 10-17-8) au sein de cette autre équipe médiocre de
l'époque. Il fut ensuite vendu à une autre équipe de fond de classement, les Capitals de Washington, durant la
saison 1977-78, saison pénible où il cimenta davantage son surnom ''Suitcase'' en jouant en tout pour 4 équipes.
En plus des North Stars (3 matchs)
et des Capitals (17 matchs),
il retourna également dans les mineures pour la première fois en 10 ans,
jouant pour le club-école des deux équipes, les Texans de Forth Worth
(North Stars) et les Bears de Hershey (Capitals).
Suite à cette saison difficile pour le moral, il tenta l'aventure de l'AMH avec les Racers d'Indianapolis pour la saison 1978-79. Il eut la distinction d'être le premier gardien à avoir été coéquipier de Wayne Gretzky au niveau professionnel. Lors de leur première rencontre, Gretzky déclara à Smith qu'il était le gardien partant pour les Golden Seals lorsque Wayne alla assister à son premier match de la LNH à Toronto dans sa jeunesse. Il lui déclara d'ailleurs ''tu n'étais pas vraiment bon'' en riant.
Smith, comme Gretzky, ne fit pas long feu à Indianapolis alors que l'équipe était dans le rouge et dut fermer boutique après seulement 25 matchs. Gretzky fut vendu aux Oilers d'Edmonton après seulement 8 matchs, tandis que Smith alla terminer la saison avec les Jets de Winnipeg. Les Oilers et les Jets s'affrontèrent plus tard en finale de cette dernière coupe AVCO avant la fusion de l'AMH et la LNH et c'est Smith et les Jets qui remportèrent le trophée. Il s'agissait de son premier championnat comme gardien partant et son premier depuis la coupe Calder de 1966 avec Rochester.
Suite à la fusion des deux ligues, Smith revint donc dans la LNH avec les Jets et devint le premier gardien de l'histoire du circuit à avoir joué pour 7 équipes (Toronto, Oakland, Chicago, Vancouver, Minnesota, Washington et Winnipeg). Il ne connut pas une grande année durant cette saison 1979-80 (fiche de 4-11-4 en 20 matchs) et il fut relégué dans les mineures avec les Oilers de Tulsa de la CHL, où il termina sa carrière après les séries de 1980. Ironiquement, c'est aussi à Tulsa qu'il joua plusieurs de ses premiers matchs professionnels lorsqu'il débuta en 1964-65 dans le système des filiales des Maple Leafs.
Donc, en tout durant sa carrière, Smith aura joué pour 7 équipes de la LNH, 2 dans l'AMH et 5 dans les différents circuits mineurs (AHL, WHL et CHL). Seulement 4 autres gardiens ont joué pour plus d'équipe dans la LNH, soient Alex Auld, Chad Johnson, Ron Tugnut avec 8 équipes, et Sean Burke qui mène les gardiens à ce niveau avec 9 équipes. Il faut aussi prendre en compte ici le gardien Mike McKenna qui a au cours de sa carrière appartenu à 15 équipes différentes dans la LNH mais il n'a joué un match qu'avec seulement 7 d’entre elles.
Smith fut échangé à 4 reprises, plus une autre fois qui n'a pas compté en 1965, lors de l'épisode d'Eddie Shore et Punch Imlach.
En carrière dans la LNH, sa fiche globale est de 174 victoires, 256 défaites et 74 matchs nuls en 531 matchs. Il récolta également 26 blanchissages et une moyenne en carrière de 3.26. C'est toutefois à Vancouver qu'il joua le plus de matchs (188) et où il connut ses meilleures saisons. S'il n'a jamais remporté la Coupe Stanley, il a tout de même remporté les grands honneurs à d'autres niveaux avec une Coupe Memorial au niveau junior (1964), une Coupe Calder (1966) et une Coupe Avco (1979). Il ne faut pas non plus oublier son trophée Vézina de 1973.
Après sa carrière, il s'établit dans la région de Vancouver et continua de développer sa passion pour les courses de chevaux qu'il avait développée durant ses dernières années comme joueur. Il devint un éleveur réputé dans ce milieu et continue à ce jour d'élever des chevaux dans la région de Del Mar en Californie.
Gary, son frère Brian et leur père Des font également partie du temple de la renommée du sport d'Ottawa.
L'an passé je visitais un de mes amis à Québec et il m'a gracieusement donné sa copie du livre ''Confessions sportives'' de Martin Leclerc. Paru en 2014, ce livre regorge de plusieurs histoires inédites et anecdotes savoureuses provenant de plusieurs personnalités sportives québécoises. Je vous le conseille fortement et un des chapitres m'a inspiré de faire un profil ici sur une légende du hockey allemand, le fameux Dieter Hegen. Si vous avez lu le livre, vous avez sûrement adoré comme moi le chapitre de l'ancien joueur du Canadien Mathieu Darche. Si ce n'est pas le cas, je vous en offre un extrait ici:
En 2005, à l'âge de 28 ans et après avoir disputé 5 saisons dans les rangs professionnels, Darche n'était parvenu à participer qu'à 26 matchs dans la LNH. Ressentant le besoin d'offrir plus de stabilité à sa famille, il a alors décidé de faire le saut en Europe en paraphant un contrat avec l'équipe de Duisburg, en première division allemande...
...
Le plan ne s'est cependant pas déroulé comme prévu. Son séjour à Duisburg s'est avéré plus court qu'il l'avait cru, et extrêmement pénible.
L'entraîneur des Foxes de Duisburg était Dieter Hegen, que les Allemands considéraient comme le plus grand hockeyeur de l'histoire de ce pays. En 1981, Hegen avait d'ailleurs été repêché en 3e ronde (46e au total) par le Canadien de Montréal. Toutefois il n'a jamais daigné traverser l'Atlantique pour tenter sa chance dans la LNH. Hegen était peut-être un bon joueur de son époque, mais Darche a rapidement constaté qu'il n'était pas suffisamment outillé pour diriger une équipe professionnelle.
Dieter Hegen
‹‹L'entraîneur fumait sans arrêt dans son bureau alors que la salle de lavage était située dans la même pièce. Nos chandails sentaient donc constamment la cigarette. Aussi les séances d'entraînements étaient répétitives et totalement dépassées... En fait, Hegen ne connaissait strictement rien au métier d'entraîneur. Il m'engueulait parce qu'il trouvait que je ne plongeais pas suffisamment sur la patinoire pour inciter l'arbitre à décerner des punitions. Quelle mentalité! Je me suis bien entendu avec tous mes entraîneurs durant ma carrière de hockey. Je n'ai jamais eu de conflits avec ceux qui m'ont dirigé et j'ai toujours été considéré comme l'un des joueurs les plus travaillants au sein de mes différentes équipes.››
‹‹Hegen est le seul entraîneur que j'aie insulté. À un certain moment, alors que tout allait mal durant un match, je me suis retourné au banc et je lui ai lancé: ''No wonder you never had the balls to come to America, you piece of shit!'' (Pas étonnant que tu n'aies jamais eu suffisamment de couilles pour tenter ta chance en Amérique, espèce de merde!), se souvient-il.
Il fallait vraiment que Darche soit à bout pour tenir pareil langage, lui qui jouit d'une réputation de parfait gentleman. D'ailleurs, Hegen avait maille à partir avec plusieurs autres joueurs au sein de l'équipe. Steve Brûlé, un autre Québécois qui portait les couleurs des Foxes, a préféré plier bagage et rentrer au pays avant la fin du calendrier régulier tellement il n'était plus capable de blairer son entraîneur.
...
Darche se souvient d'une défaite de 7 à 1 que son équipe avait encaissée aux mains les Lions de Francfort, dont l'attaquant vedette était le Québécois Patrick Lebeau.
‹‹Nous affrontions les Lions sur notre patinoire et Lebeau nous avait taillés en pièce en récoltant 5 points.›› se souvient Darche. Après la rencontre, Hegen avait demandé à quelques-uns de ses joueurs de l'aider à analyser cette cuisante défaite. Darche avait alors senti le besoin d'intervenir.
- Je ne veux pas remettre ta stratégie en question, mais pourquoi le trio de Lebeau est toujours confronté à notre quatrième trio?
- Parce que l'autre entraîneur dépêchait toujours ses joueurs sur la patinoire après moi, avait déploré Hegen.
‹‹Je lui ai alors expliqué que c'est toujours l'entraîneur de l'équipe à domicile qui a le privilège d'envoyer ses joueurs en dernier sur la patinoire. Mais Hegen l'ignorait! Il ne connaissait pas cette règle élémentaire!›› s'étonne encore Darche.
...
Les Foxes ont bouclé cette saison misérable au dernier rang de la DEL et Darche n'a pas mis de temps à rentrer au Québec...
Wow. Inutile de vous dire que j'ai adoré ce passage et que je me devais d'en savoir plus sur ce fameux Dieter Hegen. Alors voici ma bio de ce grand joueur et horrible entraîneur allemand.
Né le 29 avril 1962 dans la ville de Kaufbeuren alors en Allemagne de l'Ouest, Dieter Hegen commença à jouer au hockey à l'âge de 7 ans lorsqu'il suivit les traces de son frère Gerhard, un gardien de but qui jouera également avec Dieter plus tard au niveau professionnel. Un buteur extrêmement dominant au niveau junior, ''Didi'' Hegen débutera avec le club de sa ville natale, le ESV Kaufbeuren, à l'âge de 17 ans lors de la saison 1979-80.
Alors en deuxième division, le club est porté par sa nouvelle vedette qui récolta 60 buts et 124 points et aida l'équipe à passer en première division.
Il marqua ensuite 54 buts en 1980-81 lors de son entrée dans le meilleur niveau allemand, menant la ligue pour les buts marqués et récoltant le titre de recrue de l'année. Toujours d'âge junior, il participa la même année au championnat du monde junior, récoltant 8 buts et 9 points, bon pour le premier rang des marqueurs du tournoi devant Dale Hawerchuk du Canada.
Suite à cette saison et ce tournoi, les Canadiens prirent le risque de le sélectionner en 3e ronde (46e au total) au repêchage de 1981. Quelques rangs auparavant, Montréal avait également sélectionné Chris Chelios (40e au total).
Cependant, comme mentionné plus haut, Hegen ne traversa jamais l'Atlantique et ne jouera nulle part ailleurs qu'en Allemagne. Il déclara plus tard qu'il n'a jamais regretté cette décision, jugeant que le hockey de la LNH était trop basique (!), peu ouvert aux étrangers et que son style technique tout en finesse ne se portait pas au style nord-américain.
Il jouera plutôt les deux décennies suivantes au sein de divers clubs de la Bundesliga et ensuite de la ligue qui prendra sa place, la Deutsche Eishockey Liga (DEL). Il fut souvent marchandé aux clubs les plus offrants et il partait ensuite ailleurs lorsque ces clubs n'avaient plus d'argent. Il joua d'abord pour son club d'origine, le ESV Kaufbeuren de 1979 à 1986. Il passa ensuite avec le Kölner EC (Cologne) où il fut jumelé à un joueur du nom de Gerg Truntschka, un ancien choix de 12e ronde des Blues de St.Louis en 1978.
Le duo Hegen-Truntschka deviendra une des meilleures combinaisons de l'histoire du hockey allemand, et les deux joueurs furent pratiquement inséparables, traversant ensemble en territoire ennemi avec le club de Düsseldorf de 1989 à 1992 et ensuite à Munich de 1992 jusqu'à la retraite de Truntschka en 1994. Leur défection de Cologne à Düsseldorf créa d'ailleurs tout un scandale alors que les deux villes sont situées à moins de 40 kilomètres et sont donc de grands rivaux. Lorsque l'annonce du transfert fut annoncée, Hegen et Truntschka jouaient toujours pour Cologne et n'allaient rejoindre Düsseldorf que la saison suivante. Quelle excellente idée de signer avec une autre équipe avant que la saison ne soit finie... Ils furent copieusement hués par leurs partisans lors des séries... qu'ils perdirent contre Düsseldorf.
Quoiqu'il en soit le duo mènera leur équipe à 6 championnats d’Allemagne soit en 1987 avec Cologne, 4 championnats d'affilée avec Düsseldorf (1989-90-91-92) et ensuite un autre championnat avec Munich (1994). Hegen mènera également la ligue pour les buts marqués en 1989 et 1992 tandis que Truntschka mènera la ligue pour les points en 1988 et 1989 en plus de remporter le titre du joueur de l'année en 1987, 88, 90 et 91.
Hegen et Truntschka
Hegen continuera ensuite avec le club de Munich sans son comparse alors que fut créée la DEL pour la saison 1994-95. Toutefois Munich dut déclarer faillite en plein milieu de la saison et il retourna ainsi à Düsseldorf avec qui il remportera un autre championnat en 1996 et où il jouera jusqu'en 1998. Durant cette même année 1998, il participera à ses cinquièmes jeux olympiques avec la sélection nationale allemande, un record qu'il partageait alors avec 4 autres joueurs. Ce record fut battu en 2002 lorsque le finlandais Raimo Helminen participa à ses 6e jeux olympiques.
Hegen jouera ensuite deux saisons en dents de scie avec un nouveau club, les Star Bulls de Rosenheim mais il sera ensuite renvoyé de l'équipe avant la saison 2000-01 après avoir échoué un test de condition physique. Il décidera alors de retourner à ses premières amours, le ESV Kaufbeuren, désormais relégué en 3e division. Il prit sa retraite après la saison 2001-02 après une fracture à la main.
Si on additionne ses statistiques en 1re division allemande, Hegen récolta en tout 565 buts et 499 passes pour un total de 1064 points. Rajoutez 124 points en 2e division et finalement 77 points en 3e. Son total de buts le situe au deuxième rang de l'histoire du hockey allemand derrière le légendaire Erich Kuhnhackl (voir texte du 9 décembre 2016).
Ses 16 buts aux olympiques font également de lui le meilleur marqueur de l'histoire de l'Allemagne. Son numéro 23 fut d'ailleurs retiré de l'équipe nationale. Il fut élu en 2010 au temple de la renommée de l'IIHF.
Donc suite à cette glorieuse carrière de joueur, Hegen devint entraîneur. Voulant accéder au titre d'entraîneur de l'équipe nationale, il accepte d'abord de faire ses dents en deuxième division avec les Foxes de Duisburg. Il rata les séries la première année mais amena graduellement l'équipe à graduer en 1re division pour cette fameuse saison 2005-06 qui verra l'arrivée temporaire de Mathieu Darche avec l'équipe. En plus de Darche et Brûlé mentionnés plus haut, on retrouvait également les défenseurs Jean-Luc Grand-Pierre (anciennement des Sabres et Blue Jackets) et François Groleau (anciennement du Canadien).
S'il obtint une fiche correcte en 2e division, le parcours de Hegen comme entraîneur n'a jamais débloqué depuis. Voici ses statistiques et développements comme entraîneur depuis 2005-06:
2005-06 - Foxes de Duisburg: Fiche de 12-30-5-5 - dernière place
2006-07 - Foxes de Duisburg: Fiche de 8-36-3-5 - dernière place
2007-08 - Foxes de Duisburg: Congédié en octobre, le club terminera de nouveau en dernière place avec une fiche de 10-36-5-5 * Fun fact - il sera remplacé par Peter Draisaitl (père de Leon)
2008-09 - Foxes de Duisberg: revient avec le club en septembre mais démissionne en janvier. Le club termine en dernière place pour la 4e année consécutive (fiche de 9-36-6-1) et est délégué en 4e division. N'est jamais retourné plus haut que la 3e depuis ce temps.
Hegen prend ensuite une pause de quelques saisons et se fait engager à la mi-saison 2011-12 comme entraîneur-chef du club des moins de 18 ans du ESV Kaufbeuren. Le club s'inclinera en première ronde des séries. Il gradue ensuite comme directeur général et entraîneur avec le ESV Kaufbeuren Senior, désormais en 2e division.
2012-13 - ESV Kaufbeuren: Fiche de 11-29-1-7 - avant-dernière place
2013-14 - ESV Kaufbeuren: Fiche de 20-32-0-2 - remplacé comme coach en janvier, demeure en poste comme GM
2014-15 - ESV Kaufbeuren: Renvoyé en novembre 2014. Le club termine en dernière place avec une fiche de 9-39-4-0
Après une autre pause de quelques saisons, Hegen était de retour comme entraîneur cette saison avec les Foxes de Duisburg. Le club avait une fiche de 20-24-3-3 et rataient les séries avant que la saison ne soit annulée à cause du COVID-19.
C'est ce qui complète la carrière (à ce jour) de Dieter ''Didi'' Hegen, légendaire joueur et entraineur plus que médiocre du hockey allemand.
J'ignore toujours à ce jour s'il sait comment effectuer ses changements...
Pour sa part, Darche connut une saison de 12 buts, 13 passes et 25 points en 52 matchs sous les ordres de Hegen en 2005-06. Il termina également avec son pire différentiel à vie avec -29. Il revint en Amérique du nord après cette seule saison et se trouva un poste avec les Sharks de San Jose. Il connut une saison de 35 buts et 80 points avec leur club-école de Worcester. Il joua ensuite pour le Lightning et se mérita ensuite un poste avec les Canadiens, tout d'abord à Hamilton avec le club-école et ensuite avec le grand club où il joua de 2009 à 2012, récoltant 22 buts et 48 points en 149 matchs.
J'ai toujours aimé et respecté cet honnête joueur, qui en plus fait partie de l'Alma Mater de l'Université McGill, un des rares joueurs à avoir atteint la LNH après avoir joué dans le hockey universitaire canadien et sans jamais avoir été repêché. Pour ce fait d'arme et cette croustillante histoire de son périple en Allemagne avec Dieter Hegen, je crois que la conclusion qui suit est appropriée.
''No wonder you never had the balls to come to America, you piece of shit!'' - Mathieu Darche
Voilà. Il mériterait de se faire faire un poster ou une plaque avec cette citation...
Sources: Confessions Sportives - 50 histoires inédites, Martin Leclerc, Éditions Hurtubise Hockey archives
wikipedia
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